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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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durent se contenter d’écrire un nom : François Ravaillac…
    En apprenant la mort du roi, le menu peuple, qui avait fini par aimer ce vieux coureur de jupons, fut atterré. Les commerçants fermèrent leurs boutiques et l’on vit de bonnes gens pleurer sur les places publiques.
    Le jour des obsèques, tout Paris était dans la rue. « La foule était si grande, nous dit un chroniqueur, que l’on s’entre-tuait pour voir le cortège… »
    Ce qui ajoutait encore au deuil…
     
    Le 26 mai, Ravaillac fut exécuté devant un peuple hurlant. Malgré le supplice de la « question », il n’avait révélé aucun nom et l’on pouvait penser qu’il n’avait pas eu de complices. Mais, quelques jours après sa mort, une femme nommée Jacqueline Le Voyer d’Escoman vint déposer au palais un étrange manifeste. Elle y accusait notamment la marquise de Verneuil d’avoir participé à l’assassinat du roi.
    « Je suis entrée au service de la marquise après sa mise en liberté, écrivait-elle, et là, en dehors des visites fréquentes du roi, je remarquai qu’elle recevait d’autres personnages, français d’apparence, mais non de cœur… À la Noël 1608, la marquise se mit à suivre les sermons du P. Gontier, et un jour, entrant avec sa suivante à l’église Saint-Jean-en-Grève, elle alla droit à un banc où était assis le duc d’Épernon, se mit auprès de lui, et ils s’entretinrent pendant toute la cérémonie à voix basse et à mots couverts. »
    Agenouillée derrière eux, M lle  d’Escoman crut comprendre qu’il s’agissait d’un complot contre la vie du roi.
    « Après quelques jours d’intervalle, continuait la narratrice, la marquise de Verneuil m’envoya Ravaillac, venant de Marcoussis, avec ce billet : Madame d’Escoman, je vous envoie cet homme par Étienne, valet de chambre de mon père ; je vous le recommande : ayez-en soin. Je reçus Ravaillac sans chercher à savoir qui il était, le fis dîner et l’envoyai coucher en ville, chez un nommé Larivière, confident de ma maîtresse. Un jour qu’il déjeunait, je lui demandai la raison de l’intérêt que lui portait la marquise ; il répondit que c’était à cause du soin qu’il prenait des affaires du duc d’Épernon ; sur cette assurance, je lui apportai un procès à élucider ; à mon retour, cependant, il avait disparu. Surprise de toutes ces étrangetés, je tâchai de m’immiscer dans la confiance des complices pour en savoir davantage. »
    À ce moment, M lle  d’Escoman avait voulu dévoiler ce qu’elle savait ; mais les gens à qui elle s’était adressée avaient refusé de la croire.
    Après la mort du roi, elle était allée trouver la reine Margot :
    — Je connais ceux qui ont fait tuer le roi, lui avait-elle dit ; c’est surtout le duc d’Épernon et la marquise de Verneuil. Je puis l’affirmer en justice [197] .
    Elle finit par comparaître devant le Parlement. Le duc et la marquise furent convoqués. L’interrogatoire de celle-ci dura cinq heures. « Le lendemain, rapporte l’Estoile, la reine régente envoya au président un gentilhomme pour le prier de lui dire ce qui lui semblait du procès. “Vous direz à la reine, répondit ce bonhomme, que Dieu m’a réservé à vivre en ce siècle pour y voir et entendre des choses merveilleuses, si grandes et étranges que je n’eusse jamais cru les pouvoir voir ni ouïr de mon vivant”. Et à un de ses amis et des miens, qui lui disait, parlant de cette demoiselle (M lle  d’Escoman), qu’accusant tout le monde comme elle faisait, même les plus grands du royaume, elle en parlait à la volée et sans preuves, levant les yeux au ciel et ses deux bras en haut : “Il n’y en a que trop, des preuves, fit-il, il n’y en a que trop… Plût à Dieu que nous n’en vissions pas tant !” [198]  »
    Le Mercure François mentionne d’ailleurs que les interrogatoires de la d’Escoman, ainsi que ceux du duc d’Épernon et de la marquise de Verneuil, furent secrets…
    Il semble donc qu’on ait voulu étouffer l’affaire. Finalement, le président, accablé, se démit de sa charge et fut remplacé par un ami de la reine. Le Parlement rendit alors son jugement : Épernon et la marquise étaient blanchis de l’accusation portée contre eux et M lle  d’Escoman était condamnée au cachot à perpétuité.
    Dans ces mêmes temps, le prévôt de Pithiviers, bon serviteur de la marquise de Verneuil, fut arrêté pour

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