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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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a point d’os, papa.
    Puis, comme il fut un peu tendu :
    — Il y en a astheure [203]  ; il y en a quelquefois .
     
    Bientôt ses connaissances s’accrurent, ainsi que cette étonnante conversation en fournit la preuve :
     
    14 août 1605. Éveillé à deux heures et demie après minuit, en sursaut, il se lève hors du lit, debout, disant :
    — Où me faut-il aller ?
    Sa nourrice le prend, le recouche et il se rendort jusqu’à six heures et demie. Il se fait mettre au lit de sa nourrice et se jouant à elle :
    — Bonjour, ma garce, baise-moi, ma garce. Hé ! ma folle, baise-moi.
    — Monsieur, lui demanda sa nourrice, pourquoi m’appelez-vous ainsi ?
    — Parce que vous êtes couchée avec moi !
    Alors M me  Lecœur, sa femme de chambre, lui demanda :
    — Monsieur, savez-vous donc bien ce que c’est que des garces ?
    — Oui.
    — Et qui, Monsieur ?
    — Celles qui couchent avec les hommes !
     
    On voulait d’ailleurs qu’il n’ignorât rien de la vie. À quelque temps de là, on l’emmena à la saillie d’une jument : Héroard nous dit « qu’il en fut fort diverti »…
    Ce souci de le déniaiser rapidement se retrouve dans le choix des berceuses qui lui étaient chantées.
    Le médecin nous en rapporte une :
     
    19 novembre. Il se prend à chanter la chanson dont il se faisait endormir :
    Bourbon l’a tant aimée
    Qu’à la fin l’engrossa.
    Vive la fleur de lys.
     
    La pudeur étant à peu près inconnue à cette époque, les jeunes femmes de sa suite lui donnaient, en outre, et assez souvent, l’occasion de parfaire ses connaissances en anatomie :
     
    7 mai 1606, M lle  Mercier, l’une de ses femmes de chambre, qui l’avait veillé, était encore au lit, contre le sien ; il se joue à elle, lui fait mettre les jambes en haut, en cornemuse, et des pailles entre les orteils des pieds, puis les y fait remuer, comme si elle eût dû jouer de l’épinette. Après, il dit à sa nourrice qu’elle aille quérir des verges pour la fesser, le fait exécuter.
    Puis sa nourrice lui demande :
    — Monsieur, qu’avez-vous vu à Mercier ?
    Il répond :
    — J’ai vu son c…, froidement.
    — Est-il bien maigre ?
    — Oui !
    Puis, soudain, il se reprend :
    — Non, il est bien gras.
    — Qu’avez-vous vu encore ?
    Il répond froidement et sans rire qu’il a vu son conin.
    15 mai. Il se joue en sa chambre. Arrive une femme revendeuse à Paris, nommée, à ce qu’on me dit, Opportune Julienne. Elle se prend à danser devant, à découvrir ses cuisses bien haut, tantôt l’une, tantôt l’autre. Il regardait tout cela avec un extrême plaisir, auquel il se laisse transporter, et court après cette femme pour lui soulever la cotte.
    21 juillet. Il me dit d’écrire que le conin de sa mie Georges est grand comme cette boîte (c’était celle où étaient ses jouets d’argent) et que le conin de Dubois (demoiselle de M me  de Vitry) est grand comme son ventre, que c’est un conin de bois. Je lui demande :
    — Monsieur, n’en avez-vous point ?
    Il répond que non, qu’il a une cheville qui est au milieu de son ventre, mais que c’est Doundoun qui a un gros conin entre les jambes. Enfin il prie Dieu et s’endort à neuf heures trois quarts.
     
    On comprend, en lisant cet étonnant Journal d’Héroard, dont certaines notations trop rabelaisiennes sont impubliables, que la jeune et déjà précieuse marquise de Rambouillet ait conservé un pénible souvenir de son passage à la cour de Henri  IV .
     
    Tandis que le petit roi continuait à se livrer aux joies de l’exhibitionnisme, la régente s’installait. Elle commença par chasser Sully et donna sa confiance – et autre chose aussi – au duc d’Épernon, qui était, murmurait-on, son amant.
    « Le duc, écrit Pierre de l’Estoile, possède la reine, la tourne et manie à son plaisir, et lui fait faire ce qu’il veut. »
    Mais l’ancien complice de la marquise de Verneuil n’allait pas tarder à être supplanté.
    Concino Concini, qui avait épousé Léonora Galigaï, sœur de lait et favorite de Marie de Médicis, était devenu un personnage extrêmement puissant à la cour.
    Ambitieux, hâbleur, sans scrupules, humble avec les grands, cassant avec les petits, il avait réussi à se faire attribuer des charges considérables. Sa fortune, à la mort du roi, était une des plus importantes de Paris. Il possédait, rue de Tournon, un magnifique hôtel dont le mobilier

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