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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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avoir bizarrement parlé de l’assassinat du roi. Mais on ne put l’interroger, car on le trouva étranglé dans sa cellule…
    Tous ces faits sont si étranges qu’il est bien difficile de ne pas en conclure que Ravaillac n’a été qu’un instrument entre les mains de la belle Henriette, du duc d’Épernon et peut-être de Marie de Médicis elle-même ; car c’est elle qui fit cesser toutes les poursuites.
    Les deux femmes se seraient-elles donc réconciliées pour frapper l’homme qui les avait trompées ? C’est fort possible. Saint-Simon nous dit : « On a prétendu que Marie de Médicis, furieusement jalouse et poussée par cette lie domestique qui soupirait après la régence, se laissa aller à une union avec cette cruelle maîtresse, l’une et l’autre tout Espagnoles et gouvernées par ce qui était attaché à l’Espagne, et que Henri  IV en fut la victime . [199]  »
    La marquise de Verneuil savait que Charlotte devait la supplanter et peut-être se faire épouser par le roi. N’était-ce pas suffisant pour qu’elle eût des idées de meurtre ? Car elle n’avait oublié aucun de ses espoirs déçus, aucun des mensonges du Béarnais, aucun des mots de la promesse signée à Malesherbes, et haïssait ce roi dont elle partageait encore la couche.
    Quant à Marie de Médicis, elle ne pouvait supporter d’être la risée de l’Europe, et rêvait de prendre sa revanche en devenant régente [200] .
    Les deux femmes ont donc très bien pu associer leur rancune. Un fait, à ce propos, est fort éloquent : après la mort du roi, la marquise fit demander à Marie de Médicis si elle pouvait reparaître au Louvre. La reine, qui pourtant était jalouse, lui fit répondre :
    — J’aurai toujours des égards pour tous ceux qui ont aimé le roi mon mari ; elle peut reparaître à la cour, elle y sera la bienvenue…
    Ce qui causa une vive surprise.
    Mais Henriette ne put vivre longtemps auprès de la reine. Elle disparut un beau jour pour mener une existence obscure dans sa maison de Verneuil, où elle mourut, oubliée de tous, en 1633, à l’âge de cinquante-neuf ans.
    Quant à Charlotte de Condé, elle revint en France, avec son mari, un mois après la mort du roi. Les époux vécurent dès lors heureux et eurent deux enfants : en 1619, une petite fille qui allait devenir la fameuse M me  de Longueville et, en 1621, un fils que l’Histoire devait baptiser « le Grand Condé »…

19
    L’étrange enfance de Louis  XIII
    Il jouait généralement avec ce qu’il avait sous la main.
     
    Claude Rousset
     
    Le 17 octobre 1610 au matin, une foule considérable se pressait devant la cathédrale de Reims.
    Soudain, les grandes portes s’ouvrirent, libérant des flots de musique religieuse, un nuage d’encens et un enfant vêtu de violet. C’était le nouveau roi. Les bonnes gens, attendris à la vue de ce souverain de huit ans qui venait d’être sacré, se mirent à genoux dans la boue et hurlèrent leur joie.
    Louis  XIII , suivi des princes, des pairs et du clergé, descendit les marches et passa rapidement au milieu de la foule sans paraître se soucier des acclamations dont il était l’objet. Il avait l’œil triste, le front baissé, l’air grognon, et remuait sans cesse les lèvres, ce qui parut inconvenant aux Rémois. « Ils s’imaginèrent, nous dit un historien du temps, que le petit roi suçoit une friandise en sortant de la cérémonie du sacre. »
    La vérité était autre. Ce n’était pas un bonbon qui gonflait la bouche de Louis  XIII , c’était sa langue… Le pauvre avait, en effet, une langue si longue qu’il était obligé, nous dit-on, « de la repousser dans sa bouche avec son doigt, lorsqu’il avait fini de parler » [201] .
    Ce qui devait constituer un surprenant spectacle…
    Quelques jours plus tard, il rentra à Paris et, laissant à sa mère – qu’il avait nommée régente – le soin des affaires de l’État, il reprit ses occupations habituelles. Elles étaient simples : quand il ne s’amusait pas avec ses jouets, il se livrait à des plaisanteries d’une étonnante obscénité. Son éducation, il est vrai, avait été assez fâcheuse. On en aura une idée en parcourant le Journal d’Héroard, médecin qui le suivit depuis sa naissance, le 22 septembre 1601, jusqu’en 1627.
    Voici, par exemple, quelques-uns de ses plus jolis mots d’enfant :
     
    23 mai 1604. À huit heures levé. Bon visage, gai, vêtu. Il

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