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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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intensité.
    — Vous êtes bien sûre de ce que vous faites ? C’est une grave décision, qu’aucune dame ne devrait avoir à prendre.
    — Tout à fait sûre, répondis-je d’une voix dure.
    Nous échangeâmes encore quelques mots, en touche finale à notre plan, le temps de rejoindre Dale qui nous attendait sur la jument alezane que Matthew lui avait procurée à la place d’Escargot. Pendant que Brockley, toujours galant, détournait les yeux, elle me montra les ecchymoses produites par les lanières de cuir sur ses mollets. Dale avait été embarrassée, de prime abord, à l’idée de porter des hauts-de-chausses pour monter à califourchon, mais à présent elle se sentait plus à l’aise ainsi. Brockley avait raison : cette tenue lui seyait. En outre, avec tout l’exercice physique auquel elle avait été contrainte ces derniers temps, elle avait perdu du poids. Son visage affiné était presque beau. Elle échangea un sourire avec Brockley, et je m’aperçus qu’ils étaient du même âge et pouvaient fort bien éprouver de l’attirance l’un pour l’autre. Je leur souhaitais tout le bonheur du monde. J’eusse été heureuse, à cet instant, d’être l’un de mes propres serviteurs.
    — Il vous faut des bottes hautes, décidai-je. Venez, Brockley ! Pourriez-vous prêter à Dale des bottes assez hautes pour la protéger ? Les siennes s’arrêtent au-dessous des bleus.
    Je fis en sorte que ma voix porte jusqu’à Matthew, qui attendait près de la barrière.
    — Ma foi oui, mais elle devra les rembourrer aux pointes, car elles seront beaucoup trop grandes, répondit Brockley d’une voix claire, avant d’ajouter tout bas : Je les lui trouverai pour demain. Tout est donc réglé ?
    — Oui. Vous avez été magnifique ce matin, Brockley. Quel bon comédien vous feriez !
    Il parut tout à fait choqué.
    — Je ne peux dire que la vie d’acteur itinérant me conviendrait. Elle est trop hasardeuse.
    — Tant mieux, car, pour être franche, je suis heureuse de vous avoir à mes côtés ! À demain, donc.
    Je retournai auprès de Matthew.
    — La solution est assez simple. Tout ce dont Dale a besoin, c’est de bottes hautes rembourrées de coton aux extrémités !
    Matthew se laissa glisser de sa selle et nous marchâmes vers la maison, tenant les chevaux par les rênes.
    — Comment allez-vous passer le reste de la journée ? me demanda-t-il.
    — Avec Malton et les livres de comptes. Je m’y retrouve peu à peu. Ensuite, dans l’après-midi, Dale et moi commencerons à me tailler une robe dans l’étoffe que vous m’avez donnée.
    — Ah oui, mon cadeau de mariage !
    Deux jours après les noces, Matthew m’avait apporté un somptueux rouleau de satin rose, qui était resté inutilisé dans un coffre appartenant à sa mère. Il m’offrirait bientôt beaucoup de présents plus précieux, mais d’ici là, si j’aimais cette étoffe…
    Il me contempla avec affection.
    — J’aurai plaisir à vous admirer dans cette robe. Je regrette seulement que ma mère ne soit plus là pour la voir sur vous.
    Matthew non plus ne la verrait pas. Je m’efforçai de ne pas y penser.
    Le temps me rendait soucieuse. S’il faisait humide, persister dans ces leçons d’équitation paraîtrait curieux. Mais le lendemain, les nuages ne voilaient pas les prés comme lorsque la pluie menaçait. Le temps était sec et le ciel, quoique gris, semblait devoir s’éclaircir. Nous prîmes le repas du matin, comme d’habitude, dans un petit salon ; Matthew préférait les pièces plus intimes. Celle-ci ressemblait à maintes d’entre celles que j’avais vues à Cumnor avec ses murs de pierre et ses fenêtres gothiques, et elle exhalait la même odeur d’humidité, néanmoins l’atmosphère y différait du tout au tout. Withysham était bâti selon une orientation telle que presque chaque pièce était baignée par le soleil, soit le matin, soit au couchant.
    Ces lieux avaient aussi abrité des meurtriers – cela, je ne devais pas l’oublier.
    Dale prenait le petit déjeuner avec nous, un peu à l’écart à la même table. Je la taquinai au sujet de ses leçons.
    — Je vous ai observée, hier, dis-je ensuite. Vous devez vous tenir beaucoup plus droite ! J’ai bien envie de me joindre à vous après ma promenade, et de vous apprendre moi-même quelques petites choses. Les principes généraux sont les mêmes, bien que j’utilise une selle de dame. Vous n’y voyez pas

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