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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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menace. Chaque muscle de mon corps restait sur le qui-vive, redoutant un obstacle.
    Dale s’exécuta à son tour et s’en tira fort bien. Brockley ne méritait pas mes remarques désobligeantes. C’était un bon professeur et la jument était beaucoup plus docile qu’Escargot. Néanmoins, je secouai la tête et lui dis qu’il n’expliquait pas assez clairement comment, d’une pression des mollets, on indiquait au cheval ce qu’on attendait de lui. Puis j’assurai à Dale que, maintenant que ses bottes la protégeaient du frottement des étrivières, elle était à même de serrer les flancs de sa monture avec plus de fermeté.
    Nous ressemblions à trois personnes pratiquant l’équitation dans un enclos, sans autre idée en tête que les détails techniques dont nous discutions, mais je surveillais le char à bœufs du coin de l’œil. Je le vis enfin s’ébranler, laissant la voie libre. Brockley aussi l’avait remarqué. Il dit : « Assez pour aujourd’hui ! » et nous commençâmes à diriger nos montures vers le portail.
    Un autre char à bœufs, celui-là chargé de bois de charpente, vint bloquer le passage comme un bouchon dans une bouteille.
    — Oh, non ! gémit Dale.
    — Je crois qu’Étoile a des problèmes à son antérieur. Arrêtez, dit Brockley.
    Il descendit de sa selle pour examiner le sabot d’Étoile. Un peu intriguée, elle tira sur le mors afin de tourner la tête vers lui. « Dieu ! pensai-je, si seulement on pouvait en finir ! »
    Le deuxième char à bœufs repartait en grinçant. Brockley se redressa.
    — Voilà. Juste un petit caillou.
    Il jeta le caillou imaginaire et remonta sur son demi-sang. Le chariot brinquebalant passa devant l’enclos et prit la direction des nouvelles remises. Il n’y avait pas d’autre véhicule derrière.
    Le portier était rentré dans son petit bureau. Brockley ouvrit le portail en se penchant sur sa selle et tint la barrière pendant que Dale et moi la franchissions avec dignité, pour nous retrouver sur le chemin. Feignant de l’attendre pendant qu’il refermait, nous nous tournâmes vers lui et, du même coup, vers le corps de garde. Celui-ci ne se trouvait qu’à quelques toises. Brockley saisit fermement ses rênes, fit pivoter son cheval et s’écria : « Maintenant ! »
    Sur ce, nous nous lançâmes tous trois au petit galop, puis au grand galop en six foulées, fonçant vers l’unique issue qu’offrait le mur d’enceinte. À ce bruit, le portier accourut, mais déjà nous traversions le tunnel, l’écho de nos sabots résonnant sous la voûte, et il recula d’un bond pour nous éviter. Nous étions passés ! Étoile trébucha et, l’espace d’une terrifiante seconde, je crus que j’allais basculer par-dessus sa tête, mais elle se rétablit et je conservai l’équilibre. Dans un fracas de tonnerre, nous fonçâmes à toute bride le long de la piste, pour bifurquer à l’ouest sur le chemin menant vers Faldene et Westwater, puis, plus loin, vers la route de Londres.
     
    Nous étions à deux lieues de Faldene, après quoi il y en aurait encore une autre jusqu’à Westwater, tout au bout du vallon. La route que nous voulions, qui reliait Chichester à Londres en passant par Guildford, se trouvait juste au-delà de Westwater. Ce n’était pas une artère importante ; en bien des endroits, elle se réduisait à un chemin crayeux et très accidenté, mais elle comptait néanmoins quelques hostelleries.
    — Il y a un relais de poste après Westwater, dis-je à mes compagnons tandis que nous chevauchions de front. C’est environ à quatre lieues d’ici.
    — On ne pourra soutenir cette allure aussi longtemps, remarqua Brockley.
    Certains que nous serions poursuivis, nous galopâmes sur une bonne distance afin de prendre le plus d’avance possible avant de ralentir pour permettre aux chevaux de souffler.
    Toutefois, aller lentement nous mettait au supplice et nous ne cessions de lancer des coups d’œil nerveux par-dessus notre épaule, comme si nos poursuivants pouvaient soudain apparaître au détour du chemin. Les chevaux sentaient notre inquiétude et s’agitaient pour qu’on leur lâche la bride. Bien vite, nous galopions à nouveau et traversâmes le village de Faldene ventre à terre. Des femmes sortirent sur le pas de leur porte et des poules se dispersèrent devant nous. Un chat à sa toilette au milieu du chemin fila à toute allure, et plusieurs chiens nous pourchassèrent en

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