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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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sienne. Prenant la tête, je les fis redescendre vers les bois et la rivière. Celle-ci était encaissée entre des berges abruptes bordées d’aulnes, sauf en un endroit où il était possible pour un cheval de se frayer un chemin à travers les arbres, de passer à gué et de remonter sur la rive opposée.
    — Par ici ! m’écriai-je.
    — Vite ! dit Brockley. Ils seront là dans quelques minutes.
    Nous avancions l’un derrière l’autre pour éviter de casser des branches, l’oreille tendue, guettant le rythme de sabots. La jument de Dale, sentant la peur de sa maîtresse, recula devant le gué, mais entre les encouragements de Dale, les jurons de Brockley et Étoile pour montrer l’exemple, nous parvînmes à la faire traverser.
    Sur la berge, derrière l’écran formé par les troncs noueux, nous étions hors de vue. À courte distance se trouvait un petit vallon entouré d’arbres épais et de sous-bois. Là, je m’arrêtai.
    — Il n’y a plus qu’à attendre. Brockley, gardez Étoile pour moi. Je vais y retourner discrètement et les regarder passer. J’ai mes raisons.
    — Mais madame !
    — Madame, je ne puis permettre…
    — Silence, Dale. Et, si, Brockley vous le pouvez ! Ils ne me verront pas, n’ayez crainte.
    Brockley ne put contenir un geste d’exaspération. Je n’en fis aucun cas et retournai vers la rivière. Je m’arrêtai un moment, sautillant sur un pied puis sur l’autre afin d’enlever mes chaussures et mes bas. Alors, retroussant mes jupes, je franchis bien vite le gué pour m’accroupir derrière les troncs enchevêtrés, du côté le plus proche de la piste.
    Ils approchaient. Aussitôt, je regrettai ma témérité. Sotte que j’étais ! J’avais voulu savoir si Matthew serait avec eux et l’entrevoir une dernière fois. J’étais certaine de m’être bien dissimulée, mais trop près, beaucoup trop près ! Il n’était plus temps de changer d’avis. Lorsque les cavaliers surgirent, je me pressai contre le sol comme pour m’y enfoncer. Alors qu’ils arrivaient au niveau de ma cachette, quelqu’un cria qu’on distinguait le village de Westwater, et tous ralentirent.
    — La petite vit là-bas avec sa nourrice. Je connais leur chaumière, c’est moi qui les y ai accompagnées ! Peut-être cette femme saura-t-elle quelque chose.
    C’était la voix d’un des palefreniers de Withysham, qui était venu les chercher à Faldene afin de les ramener chez elles.
    Eh bien, le nid serait vide et les oiseaux envolés ! Ils ne pourraient intimider Bridget et Meg. Je me figeai à l’instant où les cavaliers entrèrent dans mon champ de vision. Ils étaient six – Withysham comptait de nombreux serviteurs. Le troisième était Matthew, assez proche pour que je le reconnaisse, mais pas pour distinguer clairement son visage. Alors qu’il passait, il leva sa main gauche et essuya un de ses yeux.
    Il aurait pu ôter un petit morceau de terre projeté par les sabots, mais ce n’était pas le cas. Quand on se frotte l’œil pour se débarrasser d’une poussière, on le fait de manière instinctive, parfois assez rudement. Le geste est différent, plus doux, lorsqu’on essuie une larme.
    J’avais voulu le voir, une dernière fois. Grand mal m’en avait pris. Je m’attendais à ce que Matthew me poursuive avec rage et avec inquiétude. Maintenant, je savais qu’il me poursuivait, aussi, le cœur lourd de chagrin. J’enfouis mon visage dans l’herbe pour étouffer mes sanglots et je restai ainsi jusqu’à ce que les cavaliers fussent partis.
     
    Je traversai le gué en sens inverse, me séchai les pieds tant bien que mal dans mes jupons, remis mes bas et mes souliers. Quand je rejoignis les autres, je compris à leur façon de me regarder que mes émotions étaient inscrites sur mon visage, mais ils s’abstinrent de tout commentaire.
    — Ils montent à la chaumière, annonçai-je. Ils la trouveront vide et, ensuite, j’imagine qu’ils poursuivront leur route. Ils nous précéderont donc.
    — Par conséquent, impossible de faire halte au relais, même pour changer de montures, conclut Brockley. Ils risquent d’alerter le tenancier, et Dieu seul sait ce qu’ils prétendront !
    — Que je me suis enfuie avec l’argent de mon époux, je suppose, dis-je d’un ton caustique. Par malheur, il se trouve que je transporte une somme importante, bien qu’elle m’appartienne. Cependant, il existe une autre possibilité.
    Je ne devais pas penser à

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