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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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Matthew, à cette main furtive effleurant son visage.
    — Ces bois, repris-je, s’étendent sur une grande distance. Nous pouvons les traverser vers le sud pour retrouver la route qui mène de Chichester à Londres. Je doute que nos poursuivants tournent de ce côté. Ils prendront par le nord. Quant à nous, une fois sortis des bois, nous passerons par les collines où l’on trouve quelques fermes isolées. Dans l’une d’elles, on nous offrira peut-être un refuge pour la nuit. Nous poursuivrons notre voyage au matin.
    Je remontai en selle, et nous nous mîmes en marche. Brockley, qui observait mon visage malheureux avec sollicitude, remarqua soudain :
    — Nos entreprises ont été couronnées de succès jusqu’à présent, madame. Je trouve que notre évasion ne manquait pas de panache.
    — Du panache ?
    Il arborait son air le plus impassible, et seule la petite lueur au fond de ses yeux me disait qu’il plaisantait.
    — Mais oui. Au début, beaucoup dépendait, n’est-ce pas, de la faculté de chacun d’entre nous de passer de l’arrêt complet au galop. Aujourd’hui, ce n’était pas la première fois que les ouvriers du jardin venaient nous regarder. Dale s’est entraînée trois matinées durant, juste sous leur nez !
    Il s’efforçait de me réconforter et y parvint, dans une certaine mesure. Les leçons d’équitation avaient été, en effet, d’une ingéniosité satisfaisante au plus haut point. Je réussis à esquisser un sourire.
    Nous traversâmes la route sans encombre et trouvâmes un coin abrité, au creux des collines, pour prendre notre repas inaccoutumé pendant que les chevaux broutaient. Ensuite nous continuâmes notre chemin et, à l’approche du soir, nous demandâmes dans une ferme si nous pouvions y dormir, recourant à notre vieille excuse que nous nous étions perdus en tentant de prendre un raccourci.
    Le fermier avait deux fils et une fille adultes, et tous se demandaient manifestement pourquoi nous cherchions des raccourcis alors que la route était directe. Notre absence de bagages éveilla aussi leur méfiance, mais deux anges d’or accomplirent des miracles. Ils nous invitèrent donc à partager leur souper et nous donnèrent des paillasses au grenier. Je ne dormis pas beaucoup. Dans l’obscurité, mon corps réclamait la présence de Matthew, mais Matthew n’était pas là. Et ne le serait jamais plus.
    Au matin, nous repartîmes. Nous préférions éviter Guildford, au cas où nos poursuivants auraient emprunté la route dans cette direction. Cela imposait un détour et nous eûmes du mal à trouver notre chemin. Il nous fallut toute la journée pour atteindre Windsor.
    À notre arrivée, au grand étonnement de Brockley et de Dale, je ne voulus pas que nous nous présentions sur-le-champ au palais. J’insistai au contraire pour prendre des chambres dans une auberge.
    Intrigué, Brockley s’enquit :
    — Vous n’avez donc pas l’intention de tout rapporter à Sa Majesté ?
    — Pas tout de suite. Et, le moment venu, je pense commencer par Sir William Cecil.

CHAPITRE XVII

Le château de cartes
     
    Je me préparai avec soin pour mon retour à la cour. Dale lava et peigna mes cheveux avant de les rassembler souplement dans la résille que j’avais portée sous mon chapeau. Ensuite, elle secoua et brossa tous nos vêtements. Escortée de ma femme de chambre et de mon valet comme il convenait à une dame, j’arrivai au palais en début de matinée, et requis audience auprès du secrétaire d’État.
    À peine avais-je franchi l’enceinte que l’atmosphère de la cour m’enveloppa ; le parfum d’herbes aromatiques, l’odeur des riches étoffes sur les murs et sur les gens, le mouvement et l’animation. Toute cette vie me revigorait et, aussi, elle exerçait sur moi un effet apaisant, parce que je m’y sentais étrangement à ma place.
    Cependant, il me fallut du temps pour parvenir jusqu’à Sir William Cecil. On me renvoya d’un bureau à un autre et je dus courir les antichambres avant de me trouver, enfin, devant un huissier résolu à faire barrage aux importuns. D’un ton protecteur, il m’expliqua comme à une enfant que le secrétaire d’État était un homme très occupé, et que si j’avais quoi que ce fût d’important à dire – son expression révélait qu’il trouvait la chose difficile à croire –, il se chargerait de le lui transmettre.
    — Je suis dame d’honneur de la reine, répliquai-je. Si l’on me

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