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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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refuse la porte de Sir William, je m’adresserai à Sa Majesté. Toutefois, il conviendrait que je parle au secrétaire d’État, et quand il apprendra, par Sa Majesté, que vous n’avez même pas daigné l’aviser de ma présence, il risque de vous en faire reproche. Aussi, voulez-vous au moins l’informer que dame Ursula Blanchard désire le voir ? Rappelez-lui que, ce faisant, je tiens la promesse que je lui ai faite ainsi qu’à Lady Mildred, quand ils ont eu la bonté de me convier chez eux.
    Je constatai non sans satisfaction que ce discours hautain l’avait décontenancé. On nous pria d’attendre dans une autre antichambre, où plusieurs clercs, à des bureaux placés sous les fenêtres, nous considérèrent avec intérêt. Un jeune page dégingandé vint me chercher. Dale et Brockley devaient rester dans l’antichambre, mais si je voulais bien le suivre, Sir William allait me recevoir. Un moment plus tard, je me retrouvai dans le bureau privé du secrétaire d’État.
     
    La pièce était spacieuse et lambrissée de bois clair. À cette heure du jour, les fenêtres à vitraux, orientées vers le sud-est, laissaient entrer à flots le soleil d’octobre qui projetait l’ombre de leurs croisillons sur le sol. L’endroit était agréable, néanmoins je me sentais mal à l’aise. Je me tenais près d’une des fenêtres, jetant de temps à autre un coup d’œil au-dehors. Par ce temps splendide, la cour en contrebas était remplie de monde. Des dames et des gentilshommes passaient sans se presser. Un messager était bien vite conduit à une entrée. William Paulet, le chancelier de l’Échiquier, se promenait avec Sir Richard Sackville, le sous-chancelier, et Sir Thomas Smith, au pas plus lourd que nonchalant.
    Sur la pelouse au milieu, Lady Catherine Grey, Lady Jane Seymour et Lord Hertford s’efforçaient d’apprendre à un jeune chien encore pataud à faire le beau pour obtenir des friandises.
    À mes débuts à la cour, les Cecil m’avaient recommandé de venir les trouver si j’avais besoin d’aide, promesse dont je m’étais prévalue afin d’être reçue par Sir William. Cependant, dans ce bureau, écoutant une sombre histoire de trahison, il n’était pas tout à fait le même. Assis à sa table de travail, avec derrière lui des étagères surchargées de livres et de documents, vêtu d’un simple pourpoint fauve mais la poitrine ornée d’une chaîne en or massif pour proclamer son autorité, il était avant tout le secrétaire d’État : impartial et froid. Les rides de son visage ne semblaient plus tant refléter le souci que la sévérité.
    — Permettez-moi de récapituler ce que vous venez de dire, dame… Blanchard ou de la Roche ?
    — Mon nom légal est de la Roche, cependant je préférerais que l’on continue à m’appeler dame Blanchard.
    — Fort bien. Donc, dame Blanchard, votre serviteur John Wilton a été agressé non loin d’une auberge nommée…
    Il consulta les notes qu’il avait prises et trempa sa plume dans l’encrier, prêt à rectifier.
    — …  Le Coq en pâte, tout près de Maidenhead. Il a été transporté à cette auberge, où il a rendu l’âme. On vous avait fait prévenir et vous êtes arrivée à temps pour recueillir ses dernières paroles, donnant à penser que ses assaillants n’étaient pas des brigands, mais des gentilshommes rencontrés en chemin. Vous avez alors résolu de les retrouver et avez suivi leurs traces jusqu’à un certain nombre de manoirs où, toutefois, nul ne souhaitait parler d’eux. Vous avez la conviction que certaines de ces familles avaient des sympathies catholiques. Vous répugnez à préciser leur nom. Seriez-vous prête à changer d’avis sur ce point ?
    — Si vous trouvez les meurtriers de John, c’est-à-dire William Johnson, Mr. Brett et Mr. Fletcher, je gage qu’ils vous fourniront cette information.
    — Sans l’ombre d’un doute.
    Cecil ne prononça pas ces mots avec cruauté ou insistance, mais d’un ton presque négligent qui semblait d’autant plus effrayant. S’ils étaient arrêtés, les trois hommes parleraient. Ils n’auraient pas le choix, voilà tout.
    — J’aimerais mieux ne pas dénoncer ces familles, expliquai-je. J’ai de l’affection pour certains de leurs membres. À mon avis, ils pensaient simplement soutenir les prêtres et l’instruction religieuse. Je ne peux croire qu’ils aient voulu nuire à la reine.
    — Vous devriez nous en laisser juges.

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