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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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et digne, nul ne tient longtemps en place, perché sur un coussin les deux jambes ballant d’un côté, en se cramponnant à la taille du cavalier. Lorsque j’étais montée derrière John en venant du Sussex, afin que notre second cheval pût porter les bagages, le voyage nous avait pris deux jours et demi.
    — Je vais lui poser la question.
    Fran Dale vidait ma modeste garde-robe et s’affairait aux préparatifs du départ. Plutôt que de l’appeler, j’allai la rejoindre. Il s’avéra qu’elle détestait monter à cheval – « Je ne peux souffrir les longs voyages, c’est vrai, madame, c’est pourquoi je n’ai pas voulu aller dans le Nord avec ma précédente maîtresse » –, mais en était capable et s’y résignerait, si son emploi en dépendait.
    J’avisai donc Dudley que ma femme de chambre nous accompagnerait, pourvu qu’il nous fournisse des montures adaptées.
    — Je pense que vous devriez aussi avoir votre valet personnel, remarqua-t-il. Je vous procurerai quelqu’un.
    Je pensai immédiatement à John Wilton. Je pouvais m’offrir ses services, désormais. J’ignorais où il se trouvait, mais sa sœur Alice, chez qui j’avais séjourné durant ma brève visite dans le Sussex, le saurait sans doute. Bridget aussi, puisque John m’avait promis de veiller sur Meg et elle.
    Dudley accepta. Malgré sa hâte, nous devions attendre qu’un courrier nous précède pour annoncer notre arrivée prochaine, ce qui laissait juste le temps d’en envoyer un autre dans le Sussex. Bristow, un jeune homme intelligent qui accomplissait régulièrement de telles missions, emporta de l’argent pour Bridget et des rouleaux de lin, de lainages bleu et gris et de damas rose, dans lesquels elle pourrait tailler de nouvelles robes pour Meg et elle. Il était de retour deux jours plus tard avec John, et avec un précieux message de Bridget.
    Gerald et moi l’avions choisie car elle était gentille, saine et expérimentée. C’était l’aînée d’un métayer des Blanchard, qui veillait sur ses dix jeunes frères et sœurs. Néanmoins, personne n’est parfait et Bridget avait deux défauts : l’un était que, dans sa famille, on ne se lavait pas très souvent. Nous avions surmonté cet inconvénient par notre intransigeance, pour la convaincre que, quand bien même nous avions bon caractère, la nourrissions à sa faim et ne la frappions jamais, nous tenions à ce qu’elle se lave de la tête aux pieds au moins une fois tous les quinze jours, et Meg aussi.
    L’autre défaut était que, quoiqu’elle sût un peu lire et écrire, ses connaissances restaient rudimentaires. Cela importait peu, au début, mais à mon départ pour la cour j’en avais conçu de la contrariété. J’aurais besoin de lui envoyer des instructions, et je souhaitais recevoir de leurs nouvelles.
    Cependant, elle avait su se tirer d’affaire. Je relus la lettre plusieurs fois, bénissant ce lien matériel avec la chaumière du Sussex où vivait mon enfant.
     
    Jè ressu votre lètre, madame, et le prètre m’a aidé a la lire. Je vous écri toute seule. Je plante le jardin comme vous avé di, madame, et nous avon des poules. Elles couves et j’espère des poussins. Meg va bien et demende souvent après vous.
     
    Votre respectueuze
     
    Bridget
     
    Je soupirai, prise d’un désir insupportable d’être avec elles. Je souffrais pour ma fille qui me réclamait, toutefois je devais concentrer mon esprit sur l’Oxfordshire.
    Retrouver John me transporta de joie ; à la vue de son visage ingrat, respirant l’honnêteté, et de ses cheveux hérissés, un peu de mon bonheur passé me semblait resurgir.
    — Vous partez demain, nous annonça Dudley.
     
    Cet après-midi-là, je me promenai dans le parc avec la reine, d’autres dames d’honneur et des courtisans, car mon devoir m’imposait de la servir jusqu’à mon départ. Nous fûmes rejoints par l’évêque de Quadra, l’ambassadeur espagnol, un petit homme au teint olivâtre, tout de noir vêtu. Il s’arrangea pour se retrouver près de moi.
    — Dame Blanchard, pourrais-je vous entretenir un instant ?
    Nous avions déjà causé auparavant, à bâtons rompus, durant les nombreuses heures que la cour passait dans les antichambres et les galeries en présence d’Élisabeth. Son anglais était maladroit, mais lui et moi parlions bien le français. Ce fut cette langue qu’il employa en l’occurrence.
    — J’apprends que vous partez demain pour Cumnor

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