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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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à Lady Katherine Knollys, puis m’annonça que la reine requérait ma présence dans ses appartements privés, je me réjouis de cette excuse pour m’en aller. Je confiai mon ouvrage à l’une de mes compagnes et suivis le page. J’étais surprise et craignais d’avoir par mégarde commis quelque bévue, ou de devoir répondre à de nouvelles questions sur mes relations avec Matthew de la Roche. Il était parti avec Arundel, ce jour-là, et j’étais soulagée car ses assiduités constantes me troublaient. Je n’en avais pas encore fini avec Gerald. J’avais besoin de me souvenir et de pleurer, et je ne voulais pas être distraite de mon deuil.
    Élisabeth m’attendait dans une longue salle étroite, dont une fenêtre, à l’extrémité, dominait le fleuve. L’eau projetait des reflets miroitants sur le plafond blanc. Assise près de la fenêtre, la reine tournait le dos à la lumière. Elle n’était pas seule. Dudley se tenait là, debout à côté d’elle, et Kat Ashley, installée sur un tabouret à proximité de la porte, s’appliquait à sa couture.
    Le page se retira. Je plongeai en une profonde révérence, et Élisabeth me fit signe d’avancer. Elle portait une robe couleur pêche à motifs argent, ouverte devant sur un jupon blanc, sans cerceaux ni baleines. Dudley était en manches de chemise sur ses culottes bouffantes. Élisabeth tourna à demi la tête et lui adressa un signe du menton ; ce fut lui qui prit la parole, et il ne s’agissait pas de Matthew.
    Il ne s’embarrassa pas de préambule.
    — Dame Blanchard, vous avez entendu dire, j’imagine, que j’ai une épouse et qu’elle est souffrante.
    Je convins que j’en avais ouï dire. Les regardant tour à tour, je trouvai à Dudley une gravité inhabituelle, et à Élisabeth une lassitude mêlée de désarroi. Elle était trop fine pour ignorer qu’elle prêtait le flanc à la calomnie. Si fort qu’elle désirât Dudley, une reine ne badinait pas avec un homme marié et devait, coûte que coûte, choisir un époux qui plût à son Conseil et à son peuple, autant qu’à elle-même. Or Dudley, marié ou non, ne leur plairait pas du tout. Si elle l’aimait, comme nous le croyions tous, elle devait livrer une véritable guerre contre elle-même.
    Les sentiments de Dudley étaient insondables. Ressentait-il encore de l’affection pour son épouse malade, ou n’aspirait-il qu’à la voir quitter ce monde ? Je ne discernais rien dans ce visage dur et sombre. Il émanait de lui une immense séduction, mais je ne m’imaginais pas tomber amoureuse de lui. Je ne pouvais aimer là où la bonté faisait défaut.
    C’était une qualité à laquelle j’attachais du prix. Gerald s’était montré bon envers moi, sinon pour sa bande infortunée d’espions forcés. Cela m’intriguait, à l’époque ; je lui avais un jour demandé s’il n’éprouvait jamais de pitié pour ceux qu’il obligeait à collaborer. Il me répondit que si, souvent ; nombre d’entre eux étaient pathétiques et non mauvais. Néanmoins, il se sentait un devoir envers Gresham, envers la reine, et par-dessus tout envers Meg et moi, car nous étions sa famille bien-aimée et il devait subvenir à nos besoins. Dubitative, je supposais qu’il avait raison. En lui, je sentais de la bonté. En Matthew aussi, mais en Dudley je ne percevais ni gentillesse ni douceur.
    — Le bruit court, reprit-il, que le mal dont souffre mon épouse serait dû au poison. En d’autres termes, que j’essaierais de me débarrasser d’elle pour… en épouser une autre. Cela, l’avez-vous entendu ? m’interrogea-t-il, ses yeux durs rivés sur mon visage.
    Toute la cour l’avait entendu. Il eût été stupide de prétendre d’un ton horrifié que nul n’avait jamais suggéré une telle abomination.
    — Oui, messire.
    — Y ajoutez-vous foi ?
    S’attendait-il, dans l’affirmative, à ce que je le lui dise en face ? Je mesurai mes mots.
    — Ce serait un acte gravissime qui vous placerait dans un danger extrême. J’ai beaucoup de peine à le croire.
    Le sourire chaleureux de Dudley révéla le charme stupéfiant dont il pouvait user.
    — Dame Blanchard démontre une compréhension remarquable de la situation, dit-il à Élisabeth.
    — Continuez, ordonna celle-ci.
    — Je serai franc. Vous êtes à court d’argent, n’est-ce pas ? Je vous l’ai entendu dire à de la Roche, il y a peu, et en termes assez véhéments.
    — Il est vrai, messire.
    Au nom

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