Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
Vom Netzwerk:
Place, afin de persuader Lady Dudley que rien ne la menace hormis la maladie.
    — En effet.
    — Dans votre propre intérêt, j’espère que c’est la vérité.
    Mon visage refléta ma stupeur. De Quadra me scrutait, lui-même impénétrable.
    — Je sais, reprit-il, que votre époux n’était pas l’ami de mon maître, le roi Philippe. Il se peut donc que je vous inspire de la méfiance, cependant je ne vous veux aucun mal. Vous êtes une toute jeune femme, et j’ai cru comprendre que vous avez une fillette, qui dépend de vous. Je ne m’adresse pas à vous poussé par de viles motivations, mais par simple humanité. Prenez garde. Vous pourriez courir un danger.
    — Un danger ? répétai-je, interdite.
    — Un art que vous devriez cultiver, me conseilla de Quadra, est celui de tenir une conversation importante comme si vous n’échangiez que des banalités. Ayez l’air de parler du temps, comme vous autres Anglais vous plaisez à le faire. Ou alors des gens qui nous entourent. Je me demande de quoi Edward Stanley de Derby et Sir Thomas Smith débattent la mine si grave. Ces deux-là m’amusent. Tout les sépare, pourtant ils sont souvent ensemble. L’essentiel de leur conversation est un duo haineux envers Dudley. Je ne connais pas le troisième.
    Je jetai un coup d’œil sur le petit groupe, qui flânait à quelques pas de nous. Ces hommes ne m’intéressaient pas, néanmoins je ne voulais pas offenser l’ambassadeur d’Espagne.
    — Un ami, je suppose.
    — Pas du même rang, en tout cas.
    Je le regardai à nouveau et sentis que de Quadra avait raison sans en discerner la cause. Leur compagnon était fort bien vêtu.
    — Qu’est-ce qui le révèle, dans son apparence ?
    — Voyons, dame Blanchard ! Il les regarde dans les yeux lorsqu’ils parlent, puis s’empresse d’acquiescer. Il règle son pas sur le leur, et non l’inverse. Si vous devez vous mêler de politique, il faut développer votre sens de l’observation.
    — Mais je ne m’occuperai pas de politique ! Je vais réconforter une pauvre malade et empêcher du même coup les gens de jaser.
    — À la mort d’Amy, son mari enfin libre cherchera à épouser la reine. C’est, sans conteste, une affaire d’État autant qu’une affaire de cœur. Vous connaissez le dicton : « Il n’y a pas de fumée sans feu. » D’après mon expérience, c’est assez vrai. L’une des rumeurs que vous espérez étouffer est que l’on veut nuire à Lady Dudley. Elle semble étonnamment persistante. Cela sent très fort la fumée et, pour moi, cela signifie qu’il y a une flamme quelque part.
    Mon ventre se noua, sous l’effet non de la surprise, mais comme si une secrète inquiétude se faisait jour.
    — Monseigneur, le pressai-je, si vous disposez d’informations précises, de grâce, dites-le-moi.
    De Quadra secoua sa tête tonsurée.
    — Je ne sais rien de particulier. Cependant, cette rumeur est non seulement persistante, mais répandue. Vous parlez de l’apaiser ? Je vous conseillerais d’en tenir compte. Si vous allez à Cumnor, dame Blanchard, soyez très vigilante et observez tout ce qui se passe dans cette maison. Pour votre propre bien, prenez garde.
     
    Nous partîmes le vendredi, chacun avec quelques effets dans ses sacoches de selle. Le reste de nos bagages suivrait sur des chevaux de bât, afin de ne pas nous ralentir pendant notre voyage. Dudley m’avait choisi une petite jument fine nommée Étoile, et pour Fran Dale, un hongre blanc au dos large et au caractère placide. J’avais demandé une monture facile et confortable à son intention, dans l’espoir de limiter ses plaintes.
    Je la gardais à mon service parce qu’elle était honnête et compétente, mais son expression favorite était : « Je ne peux souffrir. » La liste de ce qu’elle ne pouvait souffrir, outre monter à cheval, incluait les papillons de nuit autour des chandelles, le bruit, les odeurs déplaisantes, les mouches l’été, et tout lieu qui n’était ni Londres ni la cour. Elle avait des yeux bleus tout ronds, une peau qui avait dû être belle autrefois, mais désormais fripée et marquée par la petite vérole, et une expression permanente de mécontentement. John la trouvait assommante. Ce premier jour, il lui dit carrément, par deux fois, d’arrêter ses jérémiades.
    Malgré la hâte de Dudley, nous comprîmes bientôt que le voyage prendrait deux bonnes journées au moins. Dale tenait mal en selle et son hongre

Weitere Kostenlose Bücher