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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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l’époque monastique, une écritoire en argent, des étagères et une banquette récente qui semblait déplacée. La pièce avait été époussetée mais sentait le renfermé, aussi ouvris-je l’une des fenêtres. Puis je m’y adossai, les mains jointes sur ma taille, et déclarai :
    — Quelle gentillesse de votre part de me rendre visite de si loin, messire de la Roche ! J’apprécie votre geste.
    — Mon nom est Matthew, et je ne suis pas ici par gentillesse mais parce que je brûlais de vous revoir. J’ai quitté le Sussex au plus vite afin de vous rejoindre, et j’ai trouvé votre message. Comment avez-vous pu partir ainsi, sans même préciser quand vous reviendriez ?
    — Je n’avais pas le choix, Matthew. On avait besoin de quelqu’un ici pour aider Lady Dudley, et j’ai été choisie par la reine et par Sir Robin. En outre, je suis bien payée. J’ai besoin de cet argent, dis-je avec franchise.
    — De l’argent ! Ursula… Oh, ma chérie ! Je sais que nous nous connaissons depuis peu, mais vous avez sans doute compris qu’il vous suffit d’un geste pour que je dépose à vos pieds tout ce que je possède et tout ce que je suis – mon nom, ma maison et chaque once d’or de mes coffres.
    Il était fort séduisant et ressentait de l’inclination pour moi. Pourtant, face à lui, je me sentais aux abois. Il m’était à peu près inconnu, alors que Gerald avait été un autre moi-même.
    — Matthew, non ! suppliai-je.
    Il resta interloqué, à juste titre.
    — Je suis confuse, dis-je, la mort dans l’âme. Pendant le dîner, je suppose que j’ai paru vous encourager, mais je me sentais seulement joyeuse. Le vin me tournait la tête. Ici, l’existence est toujours triste…
    Je me retins d’ajouter « et effrayante ». J’ignorais encore si les craintes d’Amy étaient fondées, mais Matthew sut lire dans mon silence.
    — Je veux bien le croire. D’après ce qu’on raconte à la cour, cette demeure est au cœur des ténèbres ; vous n’y avez pas votre place, Ursula. Pour vous, jeune et pleine de vie, elle ressemble à un tombeau. Je voudrais vous emmener très loin. Dès demain, si vous le désirez !
    — Non. Je vous en prie, essayez de comprendre ! C’est trop tôt. Nous ne nous connaissons pas assez. Je ne peux vous épouser à seule fin de… trouver un refuge !
    — Pourquoi pas ? Vous découvririez bientôt que j’ai beaucoup plus à vous offrir, répliqua-t-il avec assurance.
    — Matthew, je me suis engagée à rester tant que ma présence sera nécessaire. Quand on n’aura plus besoin de moi…
    Il s’avança soudain et, me saisissant par les épaules, il me scruta.
    — Dans combien de temps, pensez-vous ?
    — Je ne sais pas. Je ne puis le dire.
    — Vous êtes veuve depuis peu, dit-il lentement, en laissant retomber ses mains. Je vous ai trop brusquée. Je suis parfois impulsif, surtout sous l’effet de sentiments puissants, et dès l’instant où je vous ai vue…
    — Matthew, s’il vous plaît…
    — Écoutez, Ursula, ma très chère Ursula. Je dois quoi qu’il arrive m’en aller tôt demain, car j’ai de nombreux problèmes à régler. Je fais reconstruire une partie de ma maison et Malton, mon intendant, est dans tous ses états parce que les ouvriers lambinent et que les matériaux livrés ne sont pas ceux que j’avais commandés. D’autres affaires encore me préoccupent. Je n’ai regagné Richmond que mû par le désir de vous revoir, car j’ai découvert, à peine avais-je quitté le palais, que j’avais besoin de vous déclarer mon amour. À présent, je retourne dans le Sussex. Je ne m’attendais pas à une réponse immédiate, à vrai dire, mais je tenais à ce que vous sachiez. Mon nom, ma maison, ma fortune vous appartiennent, pour peu que vous le décidiez. D’ici notre prochaine rencontre, vous aurez le temps de réfléchir. Me promettez-vous, au moins, de penser à Matthew de la Roche ?
    Ce n’était pas une terrible exigence, pourtant je conservai le silence. Il attendit, puis, me voyant muette, demanda :
    — Pourquoi est-ce si difficile ? À cause de votre mari ? Ursula, vous êtes jeune. La guérison viendra. Alors, vous aurez envie d’un nouveau départ.
    — Je sais, mais…
    Oh oui, je le savais ! Ce premier frémissement de désir, lors de la partie de chasse, me l’avait appris. Un jour, Gerald m’échapperait et se fondrait dans le passé. Ce n’était pas tant que je lui dirais adieu,

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