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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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mais plutôt lui qui s’effacerait. Cependant, il ne s’agissait pas seulement de Gerald.
    — Ursula, qu’y a-t-il ? Est-ce à cause de votre fille ? Je l’élèverai comme ma propre enfant, je le jure. Ou alors la reine a-t-elle marqué sa désapprobation ? Elle vous a envoyée ici, tout en sachant que je vous courtisais.
    — Elle a exprimé des réserves, en effet, mais je puis me passer de son consentement. Seulement, voyez-vous, je…
    — Vous partagez ses inquiétudes ? Est-ce donc cela ?
    — Je n’ai rien à vous apporter. Aucune dot. Et puis aussi… vous êtes catholique.
    — La dot ne m’importe en rien. Quant à la seconde objection… Oui, je me rappelle votre brusque silence, la première fois que j’y ai fait allusion. Là est le réel obstacle, je le sens. Cela compte-t-il tant ? Je respecterai vos désirs en ce qui concerne votre pratique personnelle et celle de votre fille.
    Mieux valait être franche.
    — Vous vous trouviez en France, n’est-ce pas, lorsque la sœur aînée de la reine régnait sur l’Angleterre ?
    — Marie Tudor ? Oui. Pourquoi ?
    — Alors peut-être ignorez-vous ce que la vie était ici. Des crimes ont été commis à cette époque, au nom de la religion, que je ne pardonnerai jamais.
    J’avais commencé avec calme, mais ma colère éclata.
    — Un habitant de Faldene fut condamné au bûcher. La grande campagne contre l’hérésie ne commença que l’année suivante, mais la reine Marie s’apprêtait à épouser Philippe d’Espagne et cet homme avait critiqué leur mariage ainsi que l’Église… Je n’ai pas assisté au supplice, dis-je, la gorge nouée. Cela avait lieu à Chichester et je refusais d’y aller, mais Oncle Herbert et Tante Tabitha ne l’auraient manqué pour rien au monde. Je vivais encore chez eux, alors ; c’était peu avant que je ne m’enfuie avec Gerald. Ils tenaient à ce que je les accompagne, sous prétexte que ma mère avait servi la reine Anne, qui avait détourné le pays de Rome. Donc, ma mère avait été souillée par l’hérésie, et je devais voir ce qu’il en coûtait. Mais je ne voulais pas y aller, non, je ne voulais pas ! Imaginez-vous ce que l’on ressent sur le… ?
    Je m’interrompis un instant, frissonnante.
    — À leur retour, ils m’obligèrent à écouter tandis qu’ils me contaient tous les détails par le menu. Mon oncle restait adossé contre la porte pour m’empêcher de sortir. Je voulus me boucher les oreilles, mais Tante Tabitha me retint les poignets. Quand, enfin, ils me laissèrent partir, je courus jusqu’à ma chambre – un simple grenier, mais au moins j’y étais seule. Mes larmes étaient intarissables… Je ne peux répéter ce qu’ils m’ont raconté. Le souvenir de leur visage m’est insupportable. Ils y prenaient un tel plaisir ! Plus tard, pendant la véritable campagne, la loi interdisait même de montrer de la compassion. Les gens étaient traînés vers… cette horreur, sans même l’ultime réconfort de voir quelqu’un pleurer pour eux !
    — Ursula, nous ne sommes pas tous de cette espèce. Si la vraie foi était un jour restaurée en Angleterre…
    — Ces ignominies recommenceraient.
    — Pas nécessairement. Et les empêcheriez-vous en refusant de m’épouser ? En cas de malheur, vous seriez plus en sécurité avec moi. Ursula, je vous offre mon amour, ma protection et mon foyer. Je pars demain afin de répondre à mes obligations, mais je reviendrai vous demander votre réponse. Me promettez-vous d’y songer ?
    — Je ne sais pas. Je…
    — Au nom du ciel ! Je vous demande seulement d’y songer !
    — Très bien. Je le promets.
    Après tout, il m’avait fait l’honneur de chevaucher jusqu’ici pour me voir.
    Il me donna un long baiser, destiné à éveiller les sens sans les enflammer tout à fait. Lorsqu’il me laissa partir, je ne savais si j’étais triste ou heureuse.
     
    Matthew s’en fut de bonne heure le lendemain. Amy m’envoya lui dire au revoir alors qu’il montait à cheval dans la cour, et il me rappela ma promesse. Il allait se pencher pour m’embrasser, mais le palefrenier qui tenait sa monture s’efforçait par trop de rester impassible, à mon grand embarras, et ce n’était pas le seul témoin.
    — Mieux vaut pas, murmurai-je. Pinto me surveille de la chambre du salon. Elle ne m’aime pas.
    — Elle est jalouse ?
    — Pas à cause de vous ! Elle voit en moi une menace pour Lady Dudley, ou une

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