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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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intelligibles, prononcés avec force comme pour franchir un obstacle :
    — Cheveux roux.
    Mon regard rencontra celui de Brockley, de l’autre côté du lit. Il demanda avec calme :
    — Avez-vous été attaqué par un homme roux ?
    Malgré son accent de la campagne, Brockley s’exprimait clairement et John, le comprenant, répondit « oui ».
    Après un silence, comme s’il rassemblait ses forces, il reprit son chuchotement laborieux.
    — Un coup de gourdin. Du sang… dans mes yeux. Pas vu qui… tenait l’épée…
    Sa voix faiblit et ses paupières se fermèrent.
    — John, je vous en prie ! l’exhortai-je. Ces bandits doivent être traînés en justice. Vous rappelez-vous autre chose ?
    Il tourna la tête d’un côté et de l’autre sur l’oreiller. Il se remit à marmonner des paroles incohérentes. Brockley aussi s’efforçait de les comprendre, mais le souffle de John s’accéléra. Il se mit à frissonner.
    — Serrez-le ! m’intima Brockley d’un ton brusque. Prenez-le dans vos bras, réconfortez-le… madame, ajouta-t-il après coup.
    Je fis ce qu’il disait et tins John Wilton contre moi tandis qu’il expirait.
     
    Avant de retourner à Cumnor, je réclamai les effets de John et examinai sa veste. Mes deux messages s’y trouvaient, intacts. Il n’avait pas été assassiné à cause de ma lettre à Cecil. Néanmoins, son argent avait disparu. Des voleurs, donc. De simples brigands, dont l’un avait les cheveux roux.
    Je rapportai à messire Dexter les paroles de John, mais il haussa les épaules.
    — Les voleurs revêtent des apparences de toutes sortes. Probable que celui-là s’est lavé la tête à la teinture de noyer, à l’heure qu’il est, et qu’il arbore des cheveux noir corbeau. Écoutez, dame Blanchard, il va y avoir une enquête, mais vous étiez à Cumnor Place quand tout est arrivé ; inutile de vous presser de revenir ici pour témoigner. Vous devez déjà assister à celle de la pauvre Lady Dudley. Cela suffit, à mon avis ! Toutefois, pourriez-vous organiser les funérailles ? Par cette chaleur…
    — Elles doivent avoir lieu au plus vite. Je comprends.
    Ainsi, les êtres souffrants auxquels on prodigue des soins aimants deviennent d’embarrassantes carcasses qu’il faut se presser d’enterrer, avant qu’elles n’engendrent la pestilence ! Gerald aussi avait dû être inhumé sans retard.
    L’auberge n’était pas loin de St Anne, l’église paroissiale. Escortée par Brockley, j’allai y donner les instructions nécessaires et payai à l’avance, précisant que je reviendrais quand je le pourrais afin de fleurir la tombe.
    Nous retournâmes informer Dexter de ces dispositions et boire une ale pour nous remettre, avant que Brockley ne s’occupe de seller les chevaux, et moi d’empaqueter les affaires de John. Je demandai à l’aubergiste de quoi écrire, afin que mon témoignage, paraphé de ma signature, pût être lu lors de l’enquête.
    — Néanmoins, dis-je à Dexter, je n’ai pas compris ce qu’il tentait de dire, tout à la fin. Et vous ? demandai-je à Brockley.
    — Ma foi, ça ressemblait à « chauve », mais ça ne semble pas très logique. Son agresseur ne pouvait être roux et chauve en même temps.
    — Mais ils étaient plusieurs, puisqu’il n’a pas vu celui qui tenait l’épée. Ce devait être tout une bande ! Peut-être essayait-il de nous décrire les meneurs.
    J’imaginais deux bandits féroces, l’un doté d’une tignasse flamboyante, l’autre chauve comme Mr. Ellis, le majordome de Cumnor.
    — En tout cas, mieux vaut le signaler. Je devrais peut-être revenir pour l’enquête, après tout, remarquai-je avec hésitation.
    Brockley secoua la tête et son esprit malicieux perça sous sa gravité, le même qui l’avait poussé à dire que Mrs. Owen n’irait à la foire que portée par des esclaves.
    — Non, Mr. Dexter a raison : une seule suffit. Sinon, vous rebondiriez entre les deux comme une balle au jeu de paume.
    Dexter nous resservit de la bière et désigna Brockley d’un signe amical du menton.
    — Dame Blanchard, vous avez là un bon compagnon. Si vous cherchez à remplacer John Wilton, je pense que vous pourriez trouver pire que messire Brockley, pour peu que l’emploi l’intéresse.

CHAPITRE XI

La chasseresse
     
    Dans ma chambre de Cumnor, ou ce qui avait été ma chambre puisque je n’y dormirais plus, Fran Dale pliait avec soin les vêtements dans les malles que

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