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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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transporterait un cheval de bât, pendant que j’inspectais tiroirs et placards pour m’assurer de ne rien oublier.
    Amy était dans la tombe et l’enquête sur les circonstances de sa mort était terminée. Le jury avait été digne et honnête, composé d’hommes ayant à cœur l’intérêt de la disparue. Deux de ses demi-frères en faisaient partie : l’un était le fils de sa mère, né d’un premier lit, l’autre Arthur Robsart, vêtu de noir et le visage grave. Oubliés, le gentilhomme paré à la dernière mode et l’amant insouciant…
    À mes yeux, l’enquête ne fut qu’une farce. J’étais la seule (avec Mrs. Odingsell) à savoir que des cavaliers étaient venus à Cumnor ce jour-là, la seule à qui Amy eût confié sa volonté de faciliter la tâche d’éventuels meurtriers. Et puisque ma loyauté envers la reine m’empêchait, au même titre que Mrs. Odingsell, de répéter ce que je savais, plus rien ne suggérait qu’Amy eût été victime d’une machination.
    Même dans le cas contraire, je doute que le coroner et le jury eussent voulu poursuivre en ce sens. Selon Thomas Blount, Dudley avait envoyé les instructions les plus strictes pour que la vérité soit établie, et la reine l’avait banni de la cour jusqu’à la conclusion de l’enquête. Toutefois, les membres du jury savaient fort bien que si leur verdict laissait planer le moindre doute, un désastre national risquait d’en résulter.
    Ils examinèrent donc avec grand soin la théorie qu’Amy, souffrant de l’indifférence de son mari et se sachant mourante, nous eût tous renvoyés afin d’abréger ses souffrances en se jetant du haut de deux étages.
    Mr. Hyde, l’assommant beau-frère de Forster, témoigna que Lady Dudley était profondément malheureuse, citant pour preuve les fréquentes visites qu’il lui avait rendues afin de la réconforter, sans succès. Il est rare qu’une enquête divertisse, et je ne m’attendais pas à ce qu’une quelconque partie de la procédure puisse m’amuser. Pourtant, quand j’entendis cela, connaissant les méthodes incongrues de Mr. Hyde pour consoler autrui, j’eus grand-peine à ne pas sourire. Mais je recouvrai mon sérieux en me demandant si Forster n’avait pas encouragé en secret les visites de son cousin, sachant qu’elles bouleversaient Amy, dans l’éventualité d’une enquête. La suspicion d’un suicide lui eût fort bien convenu. Je ressentis un élan de colère, alors, mais je ne pouvais rien faire.
    Cependant, le jury se prononça contre l’hypothèse du suicide. Pinto, terrifiée à l’idée que sa maîtresse se vît refuser un enterrement chrétien, nia qu’Amy, qui était très pieuse et passait des heures en prière, eût jamais nourri une telle pensée. De son côté, le Dr. Bayly, appelé à témoigner concernant l’état de santé de la défunte, déclara que c’eût été une façon stupide de se suicider car on pouvait y survivre.
    Ce fut ma seule occasion de voir Bayly. C’était un gros homme affligé d’un double menton et aux idées très arrêtées. Il ne m’inspira aucune sympathie, toutefois il épargna à Amy l’horreur d’être ensevelie en terre non consacrée. Le jury conclut qu’elle avait glissé, peut-être prise de vertige, et avait ainsi connu une fin malheureuse (ou heureuse, selon certains, puisqu’elle n’avait pas eu à mourir rongée par la maladie).
    Était-ce la vérité ? Je ne le pensais pas. Durant mes longues nuits d’insomnie où je retournais tout dans mon esprit, la silhouette étincelante d’Élisabeth, prudente, puissante et pourtant étrangement vulnérable barrait la voie à toute velléité de franchise. L’Angleterre avait besoin d’elle, et son nom ne devait pas être sali.
    Maintenant que le verdict était rendu, je pouvais laisser tout cela de côté. Amy ne me concernait plus. J’avais assisté aux obsèques célébrées en grande pompe à Oxford et j’avais versé des larmes sincères, mais j’étais désormais libre, délivrée de Cumnor. Dudley, exilé dans sa demeure de Kew jusqu’à la fin de l’enquête, était venu pour les funérailles, solennel et en grand deuil. Il m’avait remis une somme impressionnante, et aussi une lettre par laquelle il me faisait présent d’Étoile, confirmant ce qu’il m’avait déjà dit de vive voix : « Je tiens de Bowes et de mon cousin Blount que vous vous êtes entièrement dévouée à mon épouse, accomplissant votre devoir de

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