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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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le crâne…
    — Est fracturé. Mais Dieu accomplit parfois des miracles. Ne perdez pas confiance, dame Blanchard. Voudriez-vous descendre ou préférez-vous rester auprès de lui un moment ?
    — Je reste ici. Vous pouvez partir et faire vos comptes.
    Je passai le reste de la journée au chevet de John. Il ne s’éveilla pas, mais Annie m’expliqua qu’il pouvait avaler les liquides si on lui donnait de petites gorgées. Elle apporta du lait et un brouet clair, que je fis boire à John par intermittence. Elle vint aussi avec du linge propre garni de morceaux de laine, et nous le changeâmes comme un grand enfant. Je ne quittai la chambre qu’une seule fois, pour prendre un repas. Personne n’aurait pu manger au milieu d’une telle puanteur. Je n’en dus pas moins me forcer. Je réglai les frais occasionnés à ce jour, complétés par une généreuse gratification, puis demandai qu’on m’installe une paillasse près du lit afin que je puisse soigner John pendant la nuit.
    Brockley avait l’intention de coucher dans le grenier à foin, avec les palefreniers. Dans la soirée, j’allai le voir pour m’assurer qu’il ne manquait de rien, et il me demanda si ma chambre me donnait satisfaction. Quand je l’informai que je partageais celle de John, sur un matelas posé par terre, il leva les bras en signe d’horreur. Sur quoi je le fis monter à l’auberge et lui montrai le malade.
    — John Wilton me rendait un immense service lorsque c’est arrivé. J’en suis responsable, Brockley. Maintenant, plus un mot.
    Déjà, je ressentais un changement dans son attitude. Il souleva le bandage pour examiner la plaie à l’estomac.
    — On dirait un coup d’épée, qui l’a presque transpercé. Je suis navré, madame. Je n’avais pas compris que c’était aussi grave. Mais vous tombez de fatigue. Prenez une chambre, comme il convient, et moi je dormirai sur cette paillasse. Je vous appellerai en cas de nécessité. Vous auriez dû m’envoyer chercher avant. Un homme a besoin d’un autre homme pour prendre soin de lui, c’est tout naturel.
    — Vous devez déjà vous occuper des chevaux.
    — Il y a en bas un palefrenier et quatre garçons d’écurie. Ils ont intérêt à s’arranger, sans quoi je leur chaufferai les oreilles.
    — Brockley… Merci.
    Annie me procura une chambre à l’étage inférieur. J’étais exténuée et je m’endormis plus vite que je ne m’y attendais. Comme il faisait encore très chaud, je laissai les volets ouverts.
    À mon réveil, l’aube s’insinuait dans la chambre et l’on toquait des coups légers mais insistants à ma porte. Je m’enveloppai dans une robe de chambre et repoussai le verrou. Brockley était dans le couloir, une chandelle à la main.
    — Voulez-vous venir, madame ? Il est réveillé.
    — Réveillé !
    — Je ne crois pas que cela durera. J’ai vu un phénomène un peu semblable auparavant. Je servais un gentilhomme qui participait à des tournois et a péri à la suite d’un accident. Son cas ne différait guère de celui-ci, et mon maître a repris connaissance quelques instants, mais… Enfin, ces choses sont entre les mains de Dieu. Venez, s’il vous plaît.
    Je montai derrière lui jusqu’au grenier, où la lumière de la chandelle se mêlait aux lueurs de l’aurore. John avait les yeux ouverts, mais l’une de ses pupilles était énorme et noire, l’autre aussi minuscule qu’une tête d’épingle. Je ne savais s’il y voyait.
    — John ? C’est Ursula Blanchard.
    Il s’agita, murmura quelque chose et s’efforça de concentrer son regard sur mon visage.
    — Il vous reconnaît, dit Brockley. Parlez-lui.
    — John ? répétai-je. Vous avez été victime de bandits. Vous êtes à l’auberge du Coq en pâte et maintenant c’est moi qui m’occupe de vous. Oh, je regrette tellement ! Dire que cela vous est arrivé alors que vous portiez un message pour moi !
    Il s’efforça de parler. Je me penchai davantage.
    — Qu’y a-t-il, John ? Je n’entends rien.
    Il essaya encore. Sous l’effort, son front se couvrait de sueur. Ses paroles sortaient en un murmure obscur, entrecoupé par sa respiration laborieuse. Je ne distinguais que des syllabes dénuées de sens. Une fois, je crus saisir son propre nom. Son regard instable se concentra péniblement sur moi, pitoyable d’intensité, tant était grand son désir de se faire comprendre. Alors, dans ce marmonnement confus se détachèrent deux mots

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