Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Dans l'ombre des Lumières

Titel: Dans l'ombre des Lumières Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurent Dingli
Vom Netzwerk:
lourd à porter.
    Après l’avoir écouté attentivement, le paysan lui posa la main sur l’épaule.
    — Je t’approuve. Il faut qu’elle vive. Mais… crois-moi, tu devrais partir avec elle.
    — Partir et vous abandonner ? Comme Amélie, cette idée me dégoûte ; je me le reprocherais toute ma vie.
    — Nous sommes encore suffisamment nombreux, nous n’avons pas besoin de toi pour nous défendre.
    — Allons, Jean, je sais que tu mens par délicatesse, mais tu mens mal. Regarde-toi, mon ami, toi aussi, tu ressembles à une ombre. Nous puons la mort à plein nez. Et cette odeur me hante. Nous n’avons plus aucune chance… Je peux payer pour le passage de ta femme et de ta fille…
    — Bénédicte n’acceptera jamais, je la connais, même si je le lui ordonne. Elle préférera mourir avec moi.
    — Alors, je vous retrouverai après le départ d’Amélie.
    — Es-tu sûr de cet aubergiste ?
    — Non.
    — Qui est-ce ?
    — Perrochon, il tient l’enseigne du Vieux Terre-Neuvas dans la ville basse.
    — Je t’accompagnerai jusqu’au rivage avec une dizaine de cavaliers.
    — Non, nous risquerions de nous faire repérer. Il faut que je parte maintenant.
    Les deux hommes étaient très émus. Ils se donnèrent une chaleureuse accolade avant de se quitter.
     
    Amélie l’attendait depuis des heures. L’idée de fuir l’avait mise dans une agitation extrême.
    — Antoine, je ne parviens pas à m’y résoudre.
    — Il le faut pourtant, pense donc à nous.
    — Je ne fais que cela.
    — Nous partons cette nuit.
    Amélie sursauta.
    — Cette nuit ! Mais, je n’ai même pas embrassé Loubette ni les Laheu. Je ne les reverrai plus. J’aimerais leur dire adieu.
    — Nous n’avons pas le temps.
    — Je voudrais qu’ils me pardonnent de les abandonner. Laisse-moi au moins voir Jean.
    — Je lui ai déjà parlé.
    Elle l’observa attentivement comme si elle doutait de lui.
    — Crois-tu que je pourrais te mentir ?
    Il ne mentait pas, mais le mensonge qu’il faisait par omission était bien pire que tous ceux qu’il aurait pu inventer. Antoine craignait que les adieux rendissent le départ de sa femme plus difficile. Mais il céda tant le regard d’Amélie était bouleversant.
    — Eh bien, va embrasser Jean, mais ne dis rien aux autres.
    Elle se précipita. Ses yeux étaient noyés de larmes. Elle demanda à Cœur-de-Roi de lui pardonner, puis l’embrassa une dernière fois.
    — Jean, je te considère plus que mon propre frère.
    Elle ajouta d’une voix déchirante.
    — Prends soin de toi.
    Le paysan, pourtant sobre en émotion, eut pour la première fois les larmes aux yeux.
     
    La nuit était déjà avancée. Les Loisel se rendirent à l’enseigne du Vieux Terre-Neuvas . Perrochon les y attendaient. Il était accompagné d’un homme plus jeune, qui avait lui aussi la mine d’un bandit.
    — Tenez, dit l’aubergiste, voilà des vêtements de pêcheurs que vous mettrez une fois que nous serons sortis de la ville. Vous avez l’argent ?
    — Le voilà, fit Antoine, en lançant sa bourse sur la table.
    — Il reste un problème.
    — Quoi encore ?
    — Et si une patrouille royaliste nous arrêtait ?
    — Je leur dirai que nous allons aux vivres.
    — La nuit, et avec votre dame ?
    — Je m’arrangerai.
    — Bien, et maintenant, partons. Il faut profiter de la marée.
    Ils parvinrent facilement à sortir de la ville car les paysans vendéens n’aimaient pas monter la garde. Ils chevauchèrent le plus silencieusement possible vers le sud, en direction de Pontaubault. Là, ils quittèrent le chemin, s’approchèrent du rivage et descendirent de cheval.
    Perrochon commença à scruter l’horizon. Amélie et Antoine l’observaient avec angoisse, essayant de déceler les indices d’une trahison. Mais l’aubergiste avait l’air étrangement calme. Antoine gardait en permanence la main sur son pistolet. Il guettait le moindre bruit, le plus petit signe anormal. Amélie faisait beaucoup d’efforts pour endurer le froid et la fatigue. Antoine le voyait bien. Il était déchiré intérieurement. Comment pourrait-il infliger une telle violence à sa femme, même pour son bien ? L’abandonner ainsi, sans pouvoir la préparer… Il ignorait d’ailleurs si, le moment venu, il aurait la force d’aller jusqu’au bout. Dans quelle folie s’était-il jeté ? Il avait demandé à l’aubergiste d’immobiliser Amélie si elle essayait de quitter

Weitere Kostenlose Bücher