Dans l'ombre des Lumières

simple clef ; c’était celle de l’appartement d’Antoine Loisel. Voisard l’avait utilisée pour rédiger la lettre du suicide. Il était tellement sûr de lui, qu’il n’avait même pas jugé utile de s’en débarrasser.
    — Pourquoi ne l’a-t-on pas condamné à mort ?
    — Je l’ignore. Avait-il encore des complices haut placés, ou plutôt des hommes sur lesquels il savait trop de choses ? Le mystère demeure.
    — Mais alors, tout s’achève ainsi, et c’est en quelque sorte le mal qui l’emporte.
    — Le mal l’emporte parfois, Monsieur, mais cela ne rend pas pour autant nos entreprises vaines.
    André de Saint-Gilles n’était pas satisfait. Ce dénouement ne lui convenait pas, car il contredisait sa vision du monde.
    — Je ne puis m’interdire de penser qu’Antoine Loisel aurait pu agir différemment, qu’il y avait de nombreuses occasions qu’il n’a pas su saisir et des erreurs dans lesquelles il s’est enferré.
    — Qui sait ce que nous aurions pu faire à sa place ? Nous n’avons pas eu le malheur de rencontrer sur notre route un homme comme Michel Voisard. Et puis, avons-nous connu un amour tel que nous serions prêts à mourir pour lui ? Il y a des passions hors du commun qui réclament des destinées extraordinaires. Celle d’Antoine Loisel, il est vrai, n’a rien d’enviable, mourir à quarante-trois ans, après de si grandes espérances et un si long calvaire… Pourtant, même si nous n’avons pas eu le bonheur de connaître un tel amour, sommes-nous vraiment maîtres de nos destinées, et si nous décorons notre faiblesse de quelques illusions consolatrices, faisons-nous autre chose, dans cette vie, que nous débattre ?

Mes plus chaleureux remerciements
    À ma femme, Hélène, pour son soutien en toutes choses et, en particulier, pour le titre de ce roman,
    À mon père Albert, qui m’a communiqué son goût de la littérature et de l’histoire,
    À mes enfants Diane et Boris, qui éclairent ma vie,
    À mon éditeur, Thierry Billard, pour ses conseils judicieux et sa lecture attentive.