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De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

Titel: De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François Flohic
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délégation américaine m’interroge sur la valeur de cet interprète, un diplomate du département d’État que je retrouverai ambassadeur à Moscou, je ne peux lui cacher ma mauvaise impression.
    — Je ne comprends pas, dis-je, que vous n’ayez pas fait appel à Walters, qui s’est adressé aux Parisiens comme un Français de souche.
    — Cela nous le savons. Mais avec Walters, on avait l’impression que c’était lui et non pas Eisenhower qui parlait.
    — Quel meilleur compliment peut-on faire à un interprète !
    Le choix des interprètes est toujours délicat. Moi-même, durant le voyage en URSS, j’ai voulu connaître l’opinion des Russes sur la performance du prince Andronikov, interprète officiel du Quai d’Orsay.
    — Il a beaucoup d’expérience, m’a répondu, sans autre commentaire, un membre du protocole soviétique.
    Ce qui résume parfaitement la difficulté du métier et les qualités nécessaires pour bien l’exercer.

« Vive le Québec libre ! »
    Le voyage du Général au Québec du 23 au 26 juillet 1967 restera un des grands moments de ma vie. Il était invité par Jean Drapeau, maire de Montréal, et par Daniel Johnson, Premier ministre du Québec, à l’occasion de l’Exposition internationale de Montréal où la France avait érigé son pavillon. Mais comment aller au Québec sans d’abord rendre visite au gouvernement fédéral d’Ottawa ? Une équation difficile à résoudre.
    Le Général décide de s’y rendre par mer en empruntant au départ de Brest, le 15 juillet, le croiseur amiral de la flotte de l’Atlantique, le Colbert .
    Avant le départ, dans le calme agreste de La Boisserie, j’ai l’occasion de faire part de mes expériences de la guerre, non pas, bien sûr, pour dépeindre au Général la situation du Québec qu’il connaît bien, mais pour l’assurer de mon attention tout au long du voyage où je dois l’accompagner. En revanche, la force de son sentiment sur ce qu’il convient de faire pour pallier la situation d’infériorité des Canadiens français m’impressionne beaucoup.
    Durant la traversée, le temps plutôt maussade, la mer quelque peu agitée jointe à la vitesse relativement élevée du vaisseau rendent les promenades du Général et de Mme de Gaulle sur la plage arrière malaisées et sans agrément, si bien qu’ils ne quittent pratiquement pas leurs appartements où le Général met la dernière main à ses allocutions.
    Le 20 juillet, le Colbert mouille en rade de Saint-Pierre-et-Miquelon ; c’est la première fois que le chef de l’État se rend dans ces îles touchant aux rivages du continent nord-américain. Elles se sont ralliées à la France Libre durant la guerre et ont payé un lourd tribut en hommes avec la perte des corvettes Mimosa et Alysse . L’accueil de la population est chaleureux et grave à la fois.
    Le départ a lieu dans la soirée. Le lendemain matin, les frégates Skeena et Terra Nova de la Marine canadienne se présentent pour escorter le Colbert. Après avoir salué la marque du président de la République, elles transbordent par va-et-vient l’officier de liaison, ce qui est toujours un spectacle fort prisé par la partie de l’équipage non engagée directement dans les manoeuvres.
    Surprise, déception, colère, le commander Plant qui nous est dépêché est anglophone et ne parle pour ainsi dire pas notre langue. Je le convie néanmoins à la table du Général où Gilbert Pérol et moi-même lui servons de truchement pour les quelques mots qu’il échange avec son hôte.
    En toute autre circonstance, la confusion du visiteur m’aurait apitoyé : présentement, ce que je considère comme un affront délibéré fait à la France et une faute lourde du Canada à l’encontre de lui-même m’en empêche.
    Le 23 juillet au matin, le Colbert s’amarre au pied de la citadelle de Québec, à l’anse au Foulon, à l’endroit précis où, deux siècles auparavant, Wolfe et ses soldats, surprenant les sentinelles françaises, ont abordé et, de là, escaladé le sentier menant aux plaines d’Abraham.
    Le lendemain, on fait le voyage de Québec à Montréal en automobile, quelque deux cent quarante kilomètres par le chemin du Roy qui longe la rive gauche du Saint-Laurent. À mi-parcours de Montréal, à Trois-Rivières, où nous devons déjeuner, nous nous trouvons dans une grande ville, la capitale mondiale du papier journal : l’ampleur et le caractère de son accueil

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