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De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

Titel: De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François Flohic
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marché » entre les mains du Général : ou bien celui-ci renonce à cette disposition, ou bien il démissionnera. De Gaulle finit par se ranger aux arguments de son Premier ministre [1] .
    Je n’ai toujours pas compris les raisons qui ont poussé Georges Pompidou à s’opposer aussi vivement à une réforme qui ne pouvait, à l’avenir, que lui être favorable. On ne manquera pas d’ailleurs de s’en rendre compte au moment de la campagne présidentielle de 1969 : si Alain Poher, président du Sénat, n’avait pas assuré l’intérim après la démission du général de Gaulle, le 28 avril, aurait-il été le challenger qu’il fut face à Pompidou ?
    Bien que le projet de référendum se limite à l’élection du président de la République au suffrage universel, il est censuré le 5 octobre 1962 par l’Assemblée nationale. Le 10, le Général prononce la dissolution de l’Assemblée et de nouvelles élections législatives ont lieu les 18 et 25 novembre. Le parti UNR-UDT, qui se réclame du Général, obtient deux cent vingt-neuf sièges sur quatre cent soixante-cinq. Il a donc besoin des Républicains indépendants – vingt élus – pour obtenir la majorité absolue.
    De Gaulle estime que la marge est trop faible pour gouverner efficacement. Il envisage même de s’effacer, me confiant :
    — Mon intention est de m’en aller dans les trois mois. Plus jeune j’aurais pu me battre contre les partis, les ministres, etc. Pompidou lui-même sera bientôt réticent. À soixante-douze ans, on ne peut se battre comme à cinquante ans.
    Durant l’année qui suit, 1963, je ne note rien de particulier, sinon que le talent d’arrangeur de Georges Pompidou a pour effet d’affaiblir la vigilance du Général : celui-ci le laisse se construire une personnalité qui excède largement ses fonctions de Premier ministre.
    En octobre 1963, je quitte l’Élysée pour mon commandement de l’escorteur d’escadre La Bourdonnais , à Toulon. Je pense ne plus y revenir. À ma grande surprise, mon commandement terminé, je suis rappelé par le Général et me retrouve auprès de lui, début février 1965, toujours comme aide de camp.
    Il ne m’échappe pas que Georges Pompidou a pris de l’assurance, qu’il est devenu le chef incontesté des ministres et non plus le premier parmi ses pairs, ce qu’il était jusqu’ici. Surtout, je comprends rapidement qu’il a une idée en tête : remplacer le général de Gaulle au sommet de l’État. Il avance masqué, sous couvert de fidélité. Un jour, alors que je l’accompagne au bureau du président de la République, il me dit :
    — J’ai lu dans la presse allemande que le Général a demandé qu’on lui rassemble des documents et qu’il s’est remis à écrire. Est-ce exact ?
    — Pour ce qui est des documents, c’est vrai. Quant à une quelconque rédaction, elle me paraît prématurée.
    — Pourquoi ? Cela pourrait se faire ici !
    En fait, en 1965, une question agite les esprits : de Gaulle va-t-il se présenter au scrutin présidentiel prévu au mois de décembre ? Et Pompidou lui-même essaye de se forger une opinion là-dessus. Dès mon retour, en février, de Gaulle m’a confié dans son bureau :
    — Je suis heureux de vous retrouver, mais sachez que je ne suis pas sûr de me représenter.
    Je l’ai assuré alors que je serais à sa disposition quelles que soient les circonstances.
    Toutefois, je note les moindres indices capables de me renseigner sur les intentions du Général. En week-end à Colombey, les 15 et 16 mai, il ne fait pas la promenade qu’il affectionne sur la route de la Malachère, en forêt des Dhuits ; il en va de même du 4 au 8 juin. Il est manifeste qu’il ne prend pas suffisamment d’exercice, qu’il ne le recherche plus : faut-il y voir le signe qu’il ne se représentera pas ?
    Durant ce week-end du 6 juin, la conversation roule sur les prochaines élections présidentielles ; le Général dit qu’il apparaît clairement à l’issue du congrès du parti socialiste, qui vient de se terminer, que l’opposition est incapable de s’entendre sur un candidat susceptible de l’emporter ; dans sa majorité, il estime qu’il y aurait deux candidats possibles : Pompidou et Couve de Murville.
    Pour répondre à ce qui constitue en fait une inconnue, je ne cache pas que je ne vois présentement que lui pour tenir les rênes du pouvoir : c’est la conclusion que j’ai tirée du

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