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De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

Titel: De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François Flohic
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alors pour m’opposer fermement à ce qu’il tente de monter cette échelle – dont, de surcroît, les barreaux sont glissants de gas-oil. Il se rend facilement à mes raisons et nous convenons que c’est moi qui jetterai la gerbe à la mer et ordonnerai une minute de silence.

    Dans d’autres occasions mémorables, la réaction du Général envers son aide de camp n’est pas toujours aussi souple. Par exemple, lors de la messe à Leningrad durant son voyage officiel en URSS du 20 juin au 1 er  juillet 1966.
    Si la messe dite à Saint-Louis-des-Français par un prêtre lituanien témoigne de la formidable ferveur religieuse des femmes russes qui y assistent, elle s’illustre aussi par une scène des plus inattendues.
    Peu avant la communion, je vois, en effet, le responsable de l’organisation du voyage s’approcher de Mme de Gaulle et lui parler à voix basse. Par un signe de tête, Mme de Gaulle acquiesce à ce qu’il vient de lui dire. Elle entraîne alors son mari à la sainte table où tous deux reçoivent la communion. Cela me paraît proprement extraordinaire et provocant de sa part : étant chef d’un État laïque jamais, au grand jamais, je ne l’ai vu communier dans une cathédrale lors d’une célébration officielle.
    À peine sortis de l’église et montés en voiture, il m’interpelle :
    — Pourquoi m’a-t-on fait communier ?
    — Je n’en sais rien et n’y suis pour rien !
    À la résidence qui nous a été réservée, l’organisateur du voyage essuie une sévère réprimande. Mme de Gaulle, pour atténuer l’admonestation, recueillera le coupable au sortir du bureau de son mari…

    Il arrive parfois, rarement, que l’aide de camp puisse influer un tant soit peu sur le déroulement du programme établi.
    Le lendemain de l’épisode à Saint-Louis-des-Français, le Général est reçu à déjeuner par le Soviet de Leningrad. La visite de Petrodvorets, le château de Pierre le Grand, est prévue à l’issue du déjeuner.
    Comme cela pourrait se produire en France, le président du Soviet obtient du protocole soviétique que l’on gagne le château, par la mer, en aliscaphe. Personnellement j’en suis ravi, le parcours par mer sur la Neva et le golfe de Botnie nous donnant l’occasion de contempler l’Ermitage et la forteresse Saint-Pierre-et-Saint-Paul.
    Arrivé en vue de Petrodvorets, je dois déchanter ! Pour atteindre le château, il faut emprunter une estacade de cinq cents mètres de long et monter dans les jardins d’eaux.
    Depuis la veille, le Général souffre de la cheville et notre jeune médecin a dû lui faire une infiltration. Marchant derrière lui, j’ai remarqué que sa cheville a doublé de volume.
    — Les Russes se sont-ils rendu compte que je traîne la patte ? me demande-t-il soudain.
    — Je l’ai constaté, mais, semble-t-il, eux pas encore.
    — Je ne suis pas assuré de tenir le coup. Il me faudrait du repos et je ne peux pas le prendre ici.
    Je pense alors qu’il est de mon devoir d’alléger le programme sans que cela apparaisse comme une demande de sa part. Après Leningrad, une cérémonie étant prévue à Stalingrad, j’interroge Molotchov, chef du protocole soviétique. La remise de deux gerbes en deux endroits différents est-elle bien nécessaire ? À l’occasion de la halte, à Stalingrad, au monument du kourgane – la colline – Mamaïev dominant la Volga, la voiture pourra-t-elle déposer le Général au pied de l’édifice ?
    Le chef du protocole, alerté par mes questions insolites, et ayant peut-être remarqué la marche anormale du Général, décide de supprimer le dépôt des gerbes en ville. Seule est maintenue la visite de la centrale hydroélectrique de la Voljkaya.
    À notre premier matin à Stalingrad, le Général me fait appeler par son valet de chambre :
    — On me dit que j’ai une sonnerie avec vous, mais rien ne se produit.
    —  Ne rabotaet , mon général.
    — Ne quoi ?
    — Cela ne marche pas. Les Russes envoient des fusées dans l’espace mais ne se préoccupent pas du fonctionnement d’une vulgaire sonnerie.
    — Envoyez-moi mon médecin.
    Le Général est dans sa salle de bains, en pantalon de pyjama, le blaireau à barbe à la main. Moi-même, en robe de chambre légère. Je suis fasciné par sa ptôse abdominale et sa peau rose de bébé.
    — Pourquoi m’a-t-on réveillé si tard ?
    — Ce n’est que tard hier soir que nous avons été informés par le protocole

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