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De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

Titel: De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François Flohic
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comportement populaire à son égard durant le tout récent voyage dans le Centre. Je le trouve plus alerte depuis son opération de la prostate. Naturellement, il y a la question de l’âge, soixante-quinze ans.
    — De nombreux exemples, dont celui du doge Dandolo à la tête de la sérénissime république de Venise, démontrent, lui dis-je, qu’à votre âge l’homme est encore très capable de création et d’action. Dandolo est mort à quatre-vingts ans les armes à la main, sur les remparts de Korcüla, assiégé par les Turcs. Ce sera aussi la première fois que le président de la République sera élu au suffrage universel. Il serait anormal que celui qui a introduit ces dispositions dans la Constitution ne participe pas au scrutin.
    Mais, quoi que je puisse dire ce jour-là, le penchant du Général est au pessimisme :
    — Pendant les sept années qui viennent de s’écouler, la France, qui a toujours eu les mêmes moyens, les a appliqués de façon méthodique avec le succès que l’on sait ; il n’en ira peut-être pas de même à l’avenir, et pour quel but d’ailleurs ?
    Ainsi qu’il l’a déjà fait devant moi en de précédentes occasions, il s’interroge sur la façon dont l’Histoire appréciera son action. Face à une presse qui le poursuit de ses critiques et le dénigre presque toujours (« Vous comprenez, ce que ne me pardonne pas Beuve-Méry, c’est de lui avoir donné Le Monde à la Libération »), le réconfort lui vient d’avoir pour soi « Malraux et Mauriac, les deux plus grands écrivains de l’époque. Malraux, s’il n’était pas français, aurait eu le Nobel depuis longtemps ; ce qu’il n’aura jamais. »
    Durant tout l’été, les supputations vont bon train dans tous les milieux. Quant à moi, compte tenu des questions à échéance dans les trois prochaines années – explosion de la bombe thermonucléaire, révision du traité de l’Otan, élections législatives de 1967 –, je suis convaincu que le Général se représentera ; je le lui dis le dimanche 11 octobre alors que j’effectue en sa compagnie le tour du parc de La Boisserie, sans témoin.
    Si je m’avance ainsi, c’est que Mme de Gaulle, avant le déjeuner, s’est efforcée de dissuader son mari :
    — Charles, vous en avez assez fait. Il faut laisser cela à plus jeune que vous. Ils ne sont vraiment pas gentils ceux qui vous poussent à vous représenter.
    Jusqu’au dernier moment, il laissera les Français dans l’expectative, et ce n’est que le 4 novembre qu’il annoncera, par une déclaration télévisée, sa candidature au scrutin du 5 décembre.
    Je ne sais s’il a, au préalable, informé Georges Pompidou de sa décision. Si oui, ce ne peut être que très peu de temps avant son allocution. Pompidou ne manque pas de le relever et d’y voir un signe de défiance à son égard, d’autant plus qu’il était intimement convaincu que le Général ne se représenterait pas. Pourquoi s’est-il fait cette idée ? Il est probable qu’il connaissait l’opposition de Mme de Gaulle et de son fils, Philippe, à une candidature du Général, ce qui a pu égarer son jugement. Quant à la réélection de de Gaulle, elle eut certainement pour effet d’accroître sa frustration. Élu président de la République en 1969, il déclare à Philippe Alexandre :
    — Quand je me suis trouvé à Matignon, j’ai aussitôt pensé à l’Élysée.
    Il dévoilait ainsi l’ancienneté de son ambition.
    Il ne semble pas, néanmoins, qu’il y ait, à l’époque, des difficultés de communication entre le président et son Premier ministre, même si je perçois les réticences de ce dernier à s’engager dans la politique de « participation » que le Général appelle de ses voeux. Il est convaincu que la transformation de la société viendra de la « participation » des travailleurs aux bénéfices et même à la conduite des entreprises. De cette participation, Pompidou ne veut à aucun prix et il le fait entendre à ses interlocuteurs en portant son doigt à la tempe :
    — La participation, vous savez ce que c’est ?
    Dans les années 1965-1968, la situation économique, d’extrêmement favorable qu’elle était en 1964, avec un large excédent de la balance commerciale, commence à se dégrader. Au début de 1968, elle offre plusieurs sujets d’inquiétude : production moins élevée que prévu, hausse notable des prix, commerces intérieur et extérieur

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