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De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

Titel: De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François Flohic
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en Iran et en Afghanistan. Le samedi 11 au soir, il rentre de Kaboul en homme neuf. Avisé des événements par Michel Jobert, son directeur de cabinet, il a pris ses résolutions dans l’avion. Vont-elles pouvoir dénouer la crise ?
    À Matignon, il expose à Louis Joxe, Christian Fouchet, Alain Peyrefitte, ministre de l’Éducation nationale, réunis pour la circonstance, les mesures qu’il a décidées : réouverture de la Sorbonne, libération des six étudiants arrêtés, retrait partiel des forces de l’ordre du Quartier latin.
    Comme Joxe lui objecte qu’elles sont contraires aux délibérations du Conseil des ministres, et qu’elles ne manqueront pas de déplaire au Général, Pompidou l’arrête, catégorique :
    — C’est moi qui commande maintenant.
    Le propos m’a été rapporté en 1978 par Louis Joxe, alors député du Rhône, assorti in fine d’une appréciation moins qu’élogieuse du caractère de Georges Pompidou.
    Puis Pompidou se rend à l’Élysée, arrachant au Général, après lui avoir une nouvelle fois « mis le marché en main », la proclamation des mesures qu’il a décidées et leur application, menaçant de démissionner si tel n’était pas le cas. Dans les turbulences où le pays se trouvait plongé, le Général ne pouvait prendre le risque de changer brutalement de Premier ministre. Peut-être cependant a-t-il eu tort de ne pas le faire…
    À partir de cet instant, Georges Pompidou est le vrai maître de l’État. Ces mesures, loin d’apaiser les étudiants, relancent l’agitation au Quartier latin, tandis que les syndicats – devant le recul du pouvoir –, se mettant de la partie, appellent à la grève générale le 13. La phase syndicale succède à la phase estudiantine.
    Or le Général doit s’envoler le 14 au matin pour la Roumanie. Le 13 au soir, devant l’ampleur des mouvements de grève et des manifestations de masse à Paris, il convoque impromptu, à l’Élysée, le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères, le ministre de l’Intérieur [2] .
    Le voyage du président de la République est maintenu. Non seulement il revêt de l’importance, mais l’annuler serait afficher l’inquiétude ; de toute façon la situation n’a pas encore suffisamment évolué pour envisager une quelconque action efficace.
    En l’absence du président de la République, une délégation de pouvoir est accordée au Premier ministre, ce qui devrait lui permettre de faire face aux situations imprévues et aussi de faire ses preuves. Du reste, cette mesure est attendue par l’opinion qui, depuis quelque temps déjà, considère Georges Pompidou comme le dauphin d’un vieux roi sur le point d’être dépassé par les événements. La majorité elle-même est divisée au sujet de « la succession ».
    J’accompagne le Général en Roumanie. Tout au long de ce voyage prévu du mardi 14 au dimanche 19, disposant d’un fil direct avec l’Élysée, je déplore chaque matin que les occupations d’usines se multiplient, que des pans entiers de l’activité nationale cessent de fonctionner, que les services publics s’arrêtent, sans que le gouvernement fasse rien pour s’y opposer ; il se tait et temporise, avouant par là son désarroi et son impuissance.
    J’apporte ces mauvaises nouvelles au Général qui reçoit le choc sans broncher. Une fois seulement, Mme de Gaulle, sortant de sa réserve habituelle, déclare, sibylline :
    — Il ne faudra pas tarder à référer.
    C’est-à-dire à organiser un référendum.
    Personnellement, je sais déjà, par cette remarque, que le Général envisage le recours au peuple.
    Le voyage touche à sa fin et décision est prise de l’écourter du programme du dimanche matin, ce qui assure le retour à Paris en fin de soirée [3] .
    Dès qu’il est au palais, le Général convoque une série de conseils restreints sur les événements et les mesures à prendre. J’imagine les réticences tacites ou organisées auxquelles il se heurte lorsqu’il veut prendre les mesures que lui dictent la situation, son tempérament, sa conception de l’autorité de l’État. Je sais qu’il estime nécessaire de réoccuper les bâtiments publics aux mains des insurgés, en commençant par ceux qui sont les symboles du désordre et de la résistance à l’autorité : l’Odéon et la Sorbonne. Par les brouillons de ses manuscrits, je sais qu’il projette « de faire évacuer l’Odéon le jour même, la

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