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Délivrez-nous du mal

Délivrez-nous du mal

Titel: Délivrez-nous du mal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Romain Sardou
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Bénédict. Au même moment, une dizaine d’hommes jaillirent de la foule et bousculèrent les soldats de Marco degli Miro. Fauvel de Bazan fut renversé à terre. Bénédict saisit la corde des mains et courut prendre pied contre la façade. Donnant à la corde un mouvement d’oscillation, il fut soulevé dans les airs, semblant courir sur la maison, comme eût fait un être surnaturel, avant de disparaître derrière la croisée !
    Le chef et ses gardes restèrent estomaqués par la rapidité de l’évasion. Un hourra formidable accompagna l’envolée de Gui. Partie de la via delli Giudei, l’acclamation retentit dans tout le quartier.
    — Rattrapez-le ! hurla Fauvel de Bazan, alors que les soldats s’en prenaient au peuple.
    La maison fut investie.
    Mais lorsque Fauvel arriva dans la pièce qui avait servi à l’évasion de Gui, il n’y trouva personne, ni aucun indice qui trahirait la direction prise par le fuyard et ses complices.
    Bénédict avait été emporté dans les airs grâce à un ingénieux mécanisme de poulies et de masses.
    — Comment est-ce seulement possible ? laissa échapper Marco degli Miro en découvrant le procédé.
    Un poids de cent vingt livres, une corde de chanvre, huit poulies doubles et quatre folles avaient été employés pour l’extraire de la rue.
    Fauvel de Bazan haussa les épaules.
    — Il était à craindre que le peuple lui viendrait en aide. Gui aura tout prévu. Si nous avions opté pour un chemin différent au sortir de sa boutique, je vous garantis que nous serions tombés sur d’autres dispositifs. Il savait qu’il serait arrêté un jour…
    Il s’approcha de la fenêtre et observa la foule en train de se disperser pour échapper aux représailles.
    — Dieu sait où et quand nous allons le voir reparaître…
    Arrivé en haut de la bâtisse, Bénédict avait basculé par les toits sur la maison voisine d’où il était redescendu à l’aide d’une échelle jusque dans une ruelle.
    Quatre hommes l’y attendaient ; ils avaient revêtu le même manteau noir que lui et s’étaient égaillés dans le quartier pour tromper ses poursuivants.
    Bénédict s’enfouit dans une charrette de paille puis, quatre rues plus loin, dans un convoi de vieilles pierres. En moins de temps qu’il n’en fallait à Fauvel de Bazan pour donner l’alerte et ordonner la fermeture des portes de la ville, Bénédict Gui avait quitté Rome.
    Il demanda alors à l’un de ses partisans de retourner en ville et d’envoyer le petit Matthieu s’assurer de la sécurité de Zapetta et de ses parents. S’il les trouvait, il devait les forcer à se réfugier chez son ami Salvestro Conti, sans prévenir personne autour d’eux !
    — Matthieu saura où me retrouver.
    Ensuite il disparut seul dans les bois qui longeaient la via Flaminia non loin des berges du Tibre…

C HAPITRE 11
    À Toulouse, le père Aba fut traîné par ses ravisseurs vers l’un des quartiers les plus mal famés de la ville, de l’autre côté de la Garonne. Pas un des passants n’esquissa le moindre geste en sa direction, les gens d’armes eux-mêmes détournèrent le regard comme si de rien n’était et des enfants en guenilles le suivirent en poussant des cris.
    Le prêtre était convaincu que Souletin, l’armurier, ne pouvant lui faire céder sa mystérieuse épée, s’en prenait à lui par d’autres moyens.
    Les colosses le portèrent jusqu’à une prison contiguë à un ancien château des capitouls, aujourd’hui en ruine.
    Par un revirement du sort, cette vaste prison était devenue le quartier général de la troupe de brigands la plus dangereuse du pays. Ces criminels résidaient dans les mêmes cellules qui, hier, devaient les priver de liberté.
    En y pénétrant, le père Aba découvrit le rebut de Toulouse. Anciens forçats, renégats, catins, vieux paladins, diseuses de bonne aventure, écorcheurs, évadés, proscrits… toute la lie du genre humain. Il aperçut même de petits enfants, le couteau à la ceinture, jouant avec des chiens faméliques.
    Ce pandémonium baignait dans la lumière blonde d’une multitude de cierges hauts de cinq pieds dérobés dans les cathédrales. Les murs étaient lépreux, il régnait un froid terrible et des odeurs infectes. Les parois des geôles avaient été en partie abattues afin d’élargir l’espace et de faciliter les passages.
    Le père Aba se retrouva jeté à terre dans la cellule la plus vaste. Embellie, elle n’avait rien à voir

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