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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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Bretagne ou en Germanie, on sait d’avance ce qu’on va trouver de l’autre côté de la frontière : des Bretons et des Germains, dont la nature est juste un peu trop féroce pour être conquise, et dont les terres sont difficiles à cerner. Au-delà de la Syrie, qui devient une étendue sauvage dès qu’on s’est enfoncé de cinquante milles à l’intérieur des terres, il y avait les invincibles Parthes. Et encore plus loin, les pistes légendaires de territoires inexplorés, de royaumes mystérieux d’où provenaient des marchandises exotiques transportées par des hommes secrets chevauchant d’étranges animaux. Palmyre marquait à la fois la limite de notre Empire et le début de la longue route qui leur permettait de venir jusqu’à nous. Nos vies et les leurs se rencontraient dans un marché qui devait sans conteste être le plus cosmopolite du monde. Ils apportaient du gingembre et des épices, de l’acier et de l’encre, des pierres précieuses, mais surtout de la soie. En retour, nous leur vendions du verre, de l’ambre, des camées, du henné, de l’asbeste et des animaux de ménageries. Pour un Romain, mais aussi pour un Indien ou un Chinois, Palmyre marque la limite des territoires au-delà desquels on ne s’aventure pas.
    Je savais tout cela en théorie. J’avais fait toutes les études permises à un enfant pauvre, mais un enfant pauvre qui avait accès aux bibliothèques des morts – quand on demandait à mon commissaire-priseur de père de les vendre aux enchères. Et, surtout, j’étais accompagné d’une fille incroyablement cultivée. Il n’y avait jamais eu de limites à ce que le père d’Helena Justina pouvait lui procurer. Decimus Camillus lui avait permis de lire toutes les œuvres littéraires – en espérant que quand elle en aurait dévoré tout un coffre en une soirée, il aurait lui-même l’occasion de parcourir un manuscrit ou deux. J’avais également appris certaines choses sur l’Orient par mon père qui s’intéressait au commerce de luxe. En mettant nos connaissances en commun, Helena et moi n’étions pas surpris par les nouveautés rencontrées sur notre chemin. Mais avant même d’entreprendre ce voyage, nous étions persuadés qu’une simple préparation théorique serait loin d’être suffisante pour affronter la réalité de Palmyre.
     
    J’avais réussi à convaincre la compagnie de nous accompagner. En apprenant que retrouver Sophrona n’était plus vraiment un mythe, certains avaient envie de voir à quoi elle ressemblait. Par ailleurs, les machinistes et les musiciens détestaient l’idée de me voir partir alors que l’assassin était toujours en liberté. Peut-être l’interminable trajet dans le désert nous donnerait-il l’occasion de le forcer à se découvrir ? Conclusion, le projet de Chremes – continuer sur Emesa – avait été refusé à une très large majorité. Même les moulins à eau géants, sur l’Oronte, et la fameuse décadence d’Antioche n’avaient pas fait le poids face à l’attrait du désert, des marchés exotiques où la soie était commune, et à la promesse de solutions apportées à nos mystères.
    Car je ne doutais plus de trouver des solutions. J’avais obtenu l’adresse à Palmyre de l’homme d’affaires dont le fils s’était enfui avec l’organiste. Si je la retrouvais, j’étais persuadé de découvrir un moyen de la ramener à Thalia. D’après ce que j’avais compris, Habib devait déjà avoir commencé le travail pour moi. S’il parvenait à la séparer de son fils, j’arriverais sans doute à point nommé pour lui proposer de reprendre son ancien travail à Rome.
    Quant au tueur, ce ne serait plus long. Au fond de moi, je lui avais donné un nom, même si je gardais encore deux suspects sur ma liste. J’étais certain que l’un des deux avait pu monter à la Haute Place avec Heliodorus sans se faire remarquer, mais je refusais encore de croire qu’il ait pu tuer Ione. Donc, il ne restait plus que l’autre – sauf si je découvrais un mensonge quelque part.
    Quelquefois, quand nous venions d’établir notre camp au milieu des collines brunâtres, avec le vent qui soufflait en gémissant le long des pentes sablonneuses, je m’asseyais dans un coin solitaire pour réfléchir à l’assassin. Je n’étais cependant pas encore prêt à le nommer – même pas à Helena. Mais au cours de ce voyage, son visage m’apparaissait de plus en plus distinctement.
     
    On nous avait

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