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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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Et, provisoirement, il les considère comme sains d’esprit et même sensés. La nostalgie s’infiltra sournoisement dans notre petit cercle.
    — Si vous vous apprêtiez à quitter Pétra, finit par demander pensivement Helena, pourquoi Heliodorus était-il parti se balader ?
    — Pourquoi ? Mais parce qu’il était une épreuve permanente ! s’exclama Chremes avec véhémence. On pouvait lui faire confiance pour disparaître quand tout le monde était sur le départ.
    — Je persiste à penser que tu aurais dû l’identifier formellement, insistai-je.
    — Oh ! il ne peut s’agir que de lui ! affirma Chremes avec une certaine désinvolture. C’était tout à fait le genre à s’impliquer dans un accident au moment le plus mal choisi. Et d’opter en plus pour un lieu sacrilège, afin de faire enfermer toute la troupe dans un cul de basse-fosse. Je dois ajouter qu’imaginer des officiels somnolents en train de polémiquer sur sa mort l’aurait beaucoup amusé !
    — C’était un comique ?
    — C’est ce qu’il aimait à penser. (Chremes surprit le sourire d’Helena et ajouta pour notre gouverne :) Seulement, quelqu’un d’autre devait lui écrire ses plaisanteries.
    — Il manquait d’imagination ?
    — Si je vous disais sincèrement ce que je pensais d’Heliodorus, vous seriez choqués que je parle ainsi d’un mort. Je me contenterai donc de préciser qu’il était miteux, désordonné, débauché, sans aucun tact ni sens du langage.
    — Oui, je vois que tu es un critique mesuré, commenta Helena.
    — J’essaie d’être juste.
    — Alors il ne va manquer à personne ? questionnai-je d’une voix calme.
    — Oh si ! Il avait la charge d’un certain travail dont personne d’autre ne pourrait se charger.
    — Tu veux sans doute dire dont personne ne veut ?
    Je parlais d’expérience, en pensant à ma propre carrière.
    — Mais enfin, c’était quoi, ce travail ? demanda Helena, du ton de quelqu’un dont le compagnon a besoin de gagner sa croûte.
    — C’était notre dramaturge.
    En entendant cette réponse, ma princesse ne put cacher sa surprise.
    — Tu veux dire que l’homme qu’on a vu noyé a écrit des pièces ?
    — Non, pas du tout ! corrigea Chremes avec véhémence. Nous constituons une troupe excellente qui jouit d’une bonne réputation. Nous ne jouons que les pièces du répertoire ! Heliodorus adaptait les pièces.
    — Ça consiste en quoi ? insista Helena. (Elle posait toujours des questions directes.) Il les traduisait du grec en latin ?
    — Ça et bien d’autres choses. Souvent il se contentait d’arranger de mauvaises traductions, pour qu’on ose les jouer. Et il modifiait l’histoire si les personnages ne correspondaient pas tout à fait aux membres de notre troupe. Il était aussi supposé ajouter des boutades, mais comme je vous l’ai déjà dit, Heliodorus n’aurait pas reconnu un mot d’esprit s’il lui avait sauté au visage. Nous représentons surtout les Nouvelles Comédies, et elles ont deux défauts rédhibitoires : elles ne sont plus nouvelles depuis longtemps, et elles ne sont pas franchement comiques.
    Helena Justina, jeune femme bien éduquée et raisonnable, était particulièrement sensible à l’atmosphère. C’est certainement en tout état de cause qu’elle lui demanda : — Comment vas-tu faire pour remplacer Heliodorus ?
    Chremes m’adressa immédiatement un grand sourire carnassier.
    — Tu cherches un travail ?
    — Quelles sont les qualifications requises ?
    — Être capable de lire et d’écrire.
    J’arborai immédiatement un sourire embarrassé, comme un homme trop poli pour dire non à un ami. Mais les gens se donnent rarement la peine d’étudier vos réactions.
    — C’est un emploi idéal pour Marcus, déclara Helena, péremptoire, et il a besoin de travailler.
    Il existe pourtant des filles qui seraient heureuses de s’asseoir sous les étoiles, dans le désert, avec l’amour de leur vie, sans essayer de louer ses services au directeur d’un théâtre ambulant.
    — C’est quoi, ton métier ? demanda Chremes d’un ton las.
    — À Rome, je suis détective privé.
    Mieux valait être franc. Je me gardai cependant de mentionner mon impérial patron.
    — Oh ! et ça demande quelles qualifications ?
    — Savoir éviter les coups.
    — Qu’es-tu venu faire à Pétra ?
    — Je suis venu en Orient pour essayer de retrouver une personne disparue. Une simple musicienne. Le Frère en a conclu que je devais être un

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