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Des Jours sans Fin

Des Jours sans Fin

Titel: Des Jours sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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camarades restants seront rapatriés ultérieurement par divers moyens.
    — Comme cette semaine d’attente a paru longue à ceux dont la santé était si ébranlée qu’ils craignaient de ne pouvoir embrasser les leurs avant de mourir. Je songe à Jean Parinaud, vingt ans, si pur, si courageux, obstiné à espérer et à vivre et qui est mort à quelques kilomètres de Limoges où les siens l’attendaient. Combien d’autres auxquels un peu d’huile a manqué pour faire durer la flamme de vie et qui se sont éteints près de l’avion qui allait les enlever . lxxi

V
STEYR
    — Au lxxii printemps de 1941 fut constitué un kommando afin de mettre en état les bâtiments d’une usine appelée Steyr-Werke qui fabriquait du matériel de guerre. Elle se situait à 30 kilomètres de Mauthausen. Ce premier kommando fut composé de quarante-neuf Espagnols et un Roumain, Miron, des Brigades internationales. Avec quelques spécialistes maçons, il y avait des terrassiers. Le premier jour, au moment de traverser le Danube sur un bac, Bachmayer nous menaça des pires châtiments si nous nous évadions. Nous étions le premier kommando à sortir travailler à l’extérieur de Mauthausen. À cette époque, nous allions et venions chaque jour par cars.
    — En décembre 1941, le kommando fut considérablement augmenté et quatre cents Espagnols furent envoyés sous le commandement de l’Arbeitsdienstführer Müller et de neuf kapos allemands de droit commun pour y construire le camp. Les premiers mois furent terribles car, en plus de la journée de travail de dix heures, nous étions obligés de faire plusieurs voyages à porter des pierres pour construire un chemin autour du camp. Les malades étaient expédiés à Mauthausen. C’est alors que nous avons commencé à organiser le Parti communiste espagnol à Steyr avec Castello, Sébastian, Lara, Arroyo, Cauete, Cruz, Chicote et moi. Plus tard, en 1944, Trujeda. Plus tard, un groupe C.N.T. s’organisa, dirigé par Pey et Eduardo. Notre camarade Lara gardait le contact avec eux. Benito lui, fit de même avec un camarade autrichien qui travaillait au camp.
    — Malgré la quasi-impossibilité d’aider les malades à cette période, quelques-uns de nos compatriotes furent tout de même sauvés. Parmi eux, Bargueno, Castillo, Balaguer, Aureliano, Sanchez et quelques autres. Bargueno raconte : « Je suis parti pour Mauthausen en juin 1943. Étant incapable de suivre les autres, on m’avait affecté au magasin du charbon. Un jour, un infirmier allemand vint nous faire des piqûres. Nous restâmes deux à vivre sur douze. Madriles et moi. Nous sommes restés parmi les morts, sans dire un mot, épouvantés. Vers 3 heures de l’après-midi, on nous mit dans une camionnette fermée, environ quarante prisonniers. Nous arrivâmes dix vivants. Les morts furent déchargés au crématoire et les vivants aux douches. Par mon ami Martin, je pus avertir les camarades que j’allais au « camp russe ». Le lendemain, je fus mis en contact avec l’organisation que dirigeait Bonaque. J’ai pu m’en tirer, mais je suis le seul survivant des dix. »
    — À mesure que le camp prenait de l’importance, les S.S. se virent obligés d’établir un service sanitaire. Grâce au camarade infirmier espagnol Juan Termens, d’importantes quantités de médicaments furent prises aux S.S. qui permirent de soigner les prisonniers. Termens put même pratiquer une transfusion sanguine sur José Balaguer qui fut ainsi sauvé. La solidarité fut développée et les camarades qui travaillaient à la cuisine des S.S. s’arrangèrent pour « organiser » un bouteillon de soupe tous les jours, lequel était distribué par Santisteden ; Gonzales, Carreten, Arroyo et d’autres prirent une part active à cette aide. Chozas aussi, grâce à son poste d’ordonnance du Rapportführer. Signalons que le dernier Rapportführer était moins criminel que les autres. Un jour, en effet, il surprit Chozas écoutant une radio « clandestine » et il se borna à le réprimander et à le menacer. Chozas pouvait même lui demander certains services.
    — Le groupe espagnol de Steyr sut conserver son homogénéité, non seulement organiser la solidarité et l’information politique, mais encore le sabotage de la production à l’usine. Diaz raconte comment on put éviter que neuf Espagnols soient punis pour non-production et même faire retomber les charges sur le kapo de droit commun tortionnaire des

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