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Des rêves plein la tête

Des rêves plein la tête

Titel: Des rêves plein la tête Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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T'es
juste d'une bonne grosseur, répondit Gérard sur un ton qui la rassura un peu.
     
    Chapitre 22
     
    Les soucis d'une
mère
     
    — Même s'il neige
un peu, on gèle pas trop à matin, annonça Gérard en rentrant du hangar.
     
    Il portait la
nourrice d'huile à chauffage qu'il était allé remplir au baril. La radio jouait
Ça va venir, découragez-vous pas de la Bolduc.
     
    — Ça, c'était de
la vraie musique, dit Laurette, comme si elle n'avait pas entendu la remarque
de son mari. Chaque fois que je l'entends chanter, elle, je pense que c'est
plate qu'elle soit morte cette année. Nous autres, chez nous, on l'aimait ben
gros. Mon père trouvait que c'était ben de valeur qu'on n'ait pas les moyens
d'avoir un gramophone pour écouter ses records.
     
    — Moi non plus,
j'haïssais pas ses chansons, admit Gérard, mais ma mère aurait jamais voulu
qu'un de ses records entre dans la maison. Elle a toujours trouvé que c'était
pas de la vraie musique.
     
    — Là, je
reconnais ben ta mère, laissa tomber sa femme en déposant sur le comptoir la
tasse qu'elle avait utilisée pour boire son thé.
     
    — Bon, qu'est-ce
que tu fais aujourd'hui ? lui demanda Gérard. Vas-tu faire du magasinage
pareil, même s'il neige ?
     
    — J'ai pensé à
mon affaire depuis que je suis levée. Je pense que je vais faire plaisir aux
enfants. Je vais te laisser
     
    Richard et Carole
et amener les trois autres à la parade du père Noël. Ils ont jamais vu ça.
     
    — Tu vas pas les
traîner jusque chez Eaton ?
     
    — Non. On n'ira
pas si loin que ça, le rassura sa femme. On va s'arrêter dans le coin de
Saint-Hubert.
     
    — Remarque qu'on
aurait ben pu embarquer Richard et la petite dans le traîneau.
     
    — Ben non.
Richard va vouloir descendre et on va passer notre temps à courir après. Il a
pas encore trois ans et il est pas endurable, le petit maudit. Mais si t'aimes
mieux, je peux rester et garder les plus jeunes et te laisser emmener les
autres à la parade.
     
    — Non, non,
vas-y, dit Gérard. Ça va te faire du bien de prendre l'air.
     
    — On va attendre
après le déjeuner pour le dire aux enfants sinon ils vont être trop excités et
ils voudront pas manger.
     
    Laurette servit
le repas assez tôt. Quand elle apprit à ses enfants qu'elle les emmenait voir
la parade du père Noël, il y eut des « oh ! » et des « ah ! » d'excitation.
Jean-Louis, Denise et Gilles s'habillèrent en un tournemain.
     
    — Mettez-vous
deux paires de bas dans vos bottes et, surtout, oubliez pas votre tuque et vos
mitaines, leur recommanda leur mère.
     
    Les enfants se
bousculèrent pour aller dans leur chambre chercher ce qui leur manquait.
     
    — Calmez-vous,
leur ordonna-t-elle, sévère, avant d'ouvrir la porte d'entrée de l'appartement
pour les laisser sortir. Je vous avertis tout de suite que si vous vous excitez
trop, on vire de bord et on revient.
     
    Laurette et les
petits attendirent le tramway au coin des rues Fullum et Sainte-Catherine sous
une petite neige qui n'avait pas cessé de tomber. La température était assez
douce. Le tramway était bondé et les Morin durent se
     
    tenir tant bien
que mal aux dossiers en osier des sièges déjà occupés pendant le court trajet.
La mère de famille tenait Gilles contre elle de peur que celui-ci se fasse
bousculer par les autres passagers. Elle regardait défiler les magasins de la
rue Sainte-Catherine en songeant qu'ils avaient bien meilleure mine le jour que
le soir, particulièrement à l'est de la rue De Lorimier. Même durant la période
des fêtes, bien peu de commerçants du quartier se donnaient la peine de
décorer, surtout depuis que la crise avait frappé, plus de dix ans auparavant.
Le soir, les vitrines chichement éclairées étaient peu attirantes et souvent
malpropres. Il fallait attendre d'être à l'ouest de la rue Amherst pour pouvoir
admirer de belles vitrines attrayantes décorées de guirlandes lumineuses, de
lutins, d'anges et de pères Noël.
     
    Laurette et sa
famille descendirent finalement du tramway rue Saint-Hubert, le service
s'interrompant à cet endroit pour la durée de la parade.
     
    Déjà, les
trottoirs, des deux côtés de la rue, étaient si surpeuplés de parents et
d'enfants qu'elle décida d'entraîner les siens un peu plus loin vers l'ouest
pour trouver une trouée dans la foule. Elle finit par en trouver une deux rues
plus loin et s'y installa.
     
    La neige
continuait à tomber doucement. Le fait de

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