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Des souris et des hommes

Des souris et des hommes

Titel: Des souris et des hommes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: John Steinbeck
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Crooks.
    George dit :
    — Enfin,
foutez le camp de là, tous les deux. Bon Dieu, c'est à croire que j’peux pas
m'éloigner une minute.
    Candy et
Lennie se levèrent et se dirigèrent vers la porte. Crooks appela :
    — Candy !
    — Hein ?
    — Tu
t' rappelles ce que j'ai dit, au sujet de piocher et des petits ouvrages ?
    — Oui,
dit Candy, j’me rappelle.
    — Ben,
oublie-le, dit Crooks. J'en pensais pas un mot. C'était de la blague.
J'aimerais pas habiter un endroit comme ça.
    — Bon,
entendu, si c'est ton sentiment. Bonne nuit.
    Les trois
hommes sortirent. Quand ils traversèrent l'écurie, les chevaux s'ébrouèrent et
les licous tintèrent.
    Assis sur
son lit, Crooks resta quelques minutes à regarder la porte, puis il leva la
main pour atteindre son flacon de liniment. Il releva sa chemise par-derrière,
versa un peu de liniment dans sa paume rose et, la passant derrière lui, il
commença à se frotter l'épine dorsale.
     
     
     
     
     
     
     
    V
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    A l'un des
bouts de la vaste écurie il y avait un gros tas de foin nouveau, et le tas
était surmonté du grappin à quatre dents suspendu à sa poulie. Le foin
s'abaissait vers l'autre bout de l'écurie comme le versant d'une montagne, et
il y avait un espace vide en vue de la prochaine fenaison. De chaque côté, on
pouvait voir les râteliers, et, entre les barreaux, les têtes des chevaux
apparaissaient.
    C'était
dimanche après-midi. Les chevaux au repos mordillaient les quelques brindilles
de foin qui restaient, et ils piaffaient, mordaient le bois des mangeoires et
faisaient cliqueter leurs licous. Le soleil de l'après-midi filtrait à travers
les fentes des murs et traçait des raies lumineuses sur le foin. L'air bourdonnait
du vol des mouches, le bourdonnement paresseux de l'après-midi.
    Au-dehors
on entendait le tintement des fers à cheval sur la fiche d'acier, et les cris
des hommes qui jouaient, s'encourageaient, se moquaient. Mais, dans l'écurie,
tout était calme, bourdonnant, paresseux et chaud.
    Il n'y
avait que Lennie dans l'écurie, et Lennie était assis dans le foin, près d'une
caisse d'emballage qui se trouvait sous une mangeoire, dans la partie de
l'écurie qui n'était pas encore remplie de foin. Lennie était assis dans le
foin et regardait un petit chien mort qui gisait devant lui. Lennie le regarda
longtemps, puis il avança sa grosse main et le caressa, le caressa du museau
jusqu'au bout de la queue.
    Et Lennie
dit doucement au petit chien :
    — Pourquoi
c'est-il que tu t'es laissé tuer ? T’es pas aussi petit que les souris. J’t'avais
pas fait sauter bien fort.
    Il releva
la tête du chiot et lui regarda la figure en lui disant :
    — Maintenant,
George ne me laissera peut-être pas soigner les lapins quand il saura que tu es
mort.
    Il fit un
petit creux et y déposa le chien qu'il recouvrit de foin pour le dissimuler.
Mais il ne pouvait détacher ses yeux du petit tas qu'il avait fait. Il dit :
    — C'est
pas assez mal pour que j'aille me cacher dans les broussailles. Oh ! non,
sûrement pas. J’dirai à George que je l'ai trouvé mort.
    Il
découvrit le petit chien et l'examina, et il le caressa des oreilles à la
queue. Il continua tristement :
    — Mais
il le saura. George sait toujours tout. Il dira : « C'est toi qui as
fait ça. Faut pas essayer de me tromper. » Et il dira : « Maintenant,
rien que pour ça, tu n' soigneras pas les lapins. »
    Brusquement,
il s'écria avec colère :
    — Pourquoi
t'es-tu laissé tuer, nom de Dieu ? T’es pas aussi petit que les souris.
    Il ramassa
le chiot et le lança loin de lui. Il lui tourna le dos. Assis, les genoux
relevés, il murmura :
    — Maintenant,
je n' soignerai pas les lapins. Maintenant, il n' me laissera plus le
faire.
    Et, dans
son désespoir, il oscillait d'avant en arrière.
    Dehors,
les fers à cheval tintèrent sur la fiche d'acier, et une légère clameur
s'éleva. Lennie se mit debout, alla chercher le petit chien, le posa sur le
foin et se rassit. Il se remit à le caresser :
    — T’étais
pas assez grand, dit-il. Ils me l'ont dit et redit que t’étais pas assez grand.
J’savais pas que tu mourrais si facilement.
    Il passa
son doigt sur l'oreille flasque du chien.
    — Peut-être
que George s'en foutra, dit-il. Il n' lui était rien à George, ce sacré
petit fils de garce.
    La femme
de Curley apparut au coin de la dernière stalle.

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