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Dieu et nous seuls pouvons

Dieu et nous seuls pouvons

Titel: Dieu et nous seuls pouvons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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de
fête comme ça, nous ?
    Plus d’un songeait aux jolis minois
aperçus parmi les vieux bourrels. Prétextant une promenade le long du Dourdou,
ceux de la place du Trou descendirent vers la ville basse où se trouvaient déjà
la bande de la place de la République et celle de la place Saint-Laurent. Se
dirigeant vers la source musicale, ils passèrent le pont et marchèrent dans ce
qui avait été le bois Vergogne. Bientôt, ils atteignirent le mur d’enceinte de
l’oustal. Se fiant aux bruits, ils le longèrent jusqu’à ce que l’un d’eux se
fît faire la courte échelle pour regarder par-dessus.
    Quelqu’un vit sa tête surgir entre
les pertuisanes et prévint Hippolyte.
    Pensant à un mauvais coup en action,
il fit signe à Casimir de le suivre et sortit par la poterne de la tour est,
prenant les curieux à revers, les tétanisant d’effroi.
    — Alors, jeunes gens, qu’est-ce
à dire ?
    Comprenant alors sa méprise,
Hippolyte baissa le canon du mauser.
    — Bande de couillons !
Qu’attendez-vous pour entrer et faire danser nos jeunes filles ?
    Pas un ne bougea.
    — Vous êtes surpris ? Il
n’y a pas de quoi pourtant. Vous avez tous été invités, à ce que je sache. Vos
parents ont reçu des invitations qui incluaient leur progéniture… Je sais qu’on
nous dit un peu croquemitaines, mais vous êtes trop grands maintenant pour
croire à ces sornettes. Allez, entrez, je vous dis, et amusez-vous !
    A cet instant, le quatuor attaqua un
diabolique rigodon qui les précipita vers le portail qu’ils franchirent avec
des cris surexcités, oubliant où ils étaient et surtout chez qui.
    A l’obscur, inquiets de ne plus les
voir s’ennuyer sur la place comme chaque dimanche, les parents s’interpellèrent
de maison en maison.
    — Vous n’auriez pas vu mon
Jacquot et son frère ? Ah, tiens ! Vous cherchez vous-mêmes votre
Antoine !
    Quand ils finirent par comprendre et
que leurs regards convergèrent vers l’oustal vermillon d’où s’échappaient
depuis la matinée ces agaçants flonflons, un lourd malaise s’abattit.
    On prévint la maréchaussée qui
refusa d’intervenir.
    — Ces gens-là font la fête dans
une propriété privée. A quel titre irions-nous les importuner ? Vous
n’accusez tout de même pas M. Pibrac d’avoir contraint vos enfants à s’amuser
de force chez lui ?
    Décidés à récupérer leurs rejetons
coûte que coûte, quelques parents se regroupèrent en plusieurs voitures et se
rendirent jusqu’à l’oustal pour carillonner au portail.
    Essoufflé par le cake-walk qu’il
venait d’abandonner, Hippolyte en personne les accueillit les bras ouverts.
    — Enfin, vous vous
décidez ! Entrez, entrez, venez vous amuser, vous aussi.
    Comme personne ne se décidait, il
demanda :
    — Que voulez-vous ?
    Ils le lui dirent.
    — Ne comptez pas sur moi pour
gâcher le plaisir de ces gosses. Faites-le vous-mêmes.
    Pas un ne bougeant, il les planta là
et retourna danser, laissant le vantail grand ouvert pour ceux qui changeraient
d’avis.
     
    *
     
    On ne servit pas de dîner, mais ceux
qui avaient faim ou soif n’avaient qu’à se rendre dans la cuisine où un
roulement de volontaires aux joues rougies par l’âtre tenaient table ouverte.
    Une consigne avait discrètement
circulé et concernait les jeunes du bourg : « Ils ne doivent pas
s’enivrer, on nous le reprocherait trop. Donnez-leur de la limonade et, s’ils
insistent, appelez Casimir. »
    Quand la nuit vint et qu’apparurent
les premières étoiles, on alluma un grand bûcher au centre de la cour et on
dansa la gigue, la courante et la sarabande.
    Vers les 21 heures, la fatigue gagna
les plus anciens qui se rendirent en voiture à leur hôtel en chantonnant sur le
chemin :
     
    Je suis François, dont je me
poise
    Né de Paris, près de Pontoise
    Qui d’une corde d’une toise
    Scaura mon col que mon cul poise.
     
    Pour les autres, la fête se
poursuivit bien au-delà de minuit.
     
    *
     
    Comme chaque matin, Brise-Tout sauta
sur le lit de son jeune maître et fourra sa truffe humide et poilue dans son
oreille. Saturnin ne se réveillant pas assez vite à son goût, il aboya. Le
chien était nourri une seule fois par jour et c’était l’heure. Saturnin se
leva.
    Casimir n’apparaissant pas pour le
conduire à l’école, il déjeuna seul et partit à pied. Tout en marchant, il se
remémora les principaux événements de la veille. Les marques de respect prodiguées
à son

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