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Dieu et nous seuls pouvons

Dieu et nous seuls pouvons

Titel: Dieu et nous seuls pouvons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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Galine n’en
finissait plus de mourir. Comme des femmes avaient tenté de le saigner, on
avait placé des sentinelles afin d’éviter tout débordement. Parfois Galine se
taisait. On le pensait mort, on dressait l’échelle pour vérifier, alors il
gémissait à nouveau.
    — Laissez-nous lui tirer
quelques gouttes seulement, imploraient ces femmes qui malgré l’heure tardive
continuaient à rôder autour des gardes, un couteau dans une main, un récipient
dans l’autre.
    Le sang de supplicié était
particulièrement efficace contre les fièvres, contre le haut mal, les coups de
pleine lune et, évidemment, toutes les sortes imaginables de fractures.
    Le prévôt dormait. On se garda de le
réveiller. Justinien fut conduit dans une salle où des soldats jouaient aux dés
sur un tonneau. Un sergent pertuisanier lui désigna une paillasse et l’invita à
s’y tenir en paix. On ne l’enchaîna pas et il conserva son couteau, ce qui était
bon signe, mais on ne le quitta pas du regard, ce qui était mauvais signe.
    Il tenta de les questionner mais
personne ne lui répondit. Prenant son mal en patience, il s’efforça de dormir.
    Par les croisées ouvertes sur la
place, il entendait parfois les gémissements de Galine sur sa roue qui se
retenait à la vie comme à une branche au-dessus d’un précipice.
     

Chapitre VI
     
    Bellerocaille, le lendemain du
supplice.
     
    Justinien rêvait qu’il chevauchait
Mouchette sur un cheval au galop semblable à celui sur lequel il était monté en
croupe la veille quand une main rudoya son épaule.
    — Debout ! Le prévôt
t’attend.
    Hirsute, les yeux gonflés de
sommeil, il suivit le garde en réajustant son nez déplacé pendant la nuit.
    L’appariteur qui campait devant
l’office lança un regard désobligeant sur ses guenilles et sur les brins de
paille dans sa chevelure en désordre. Beaulouis lui avait tout repris, même son
catogan, et il n’avait protesté que lorsqu’il avait été question du couteau de
Pibrac. « JAMAIS ! » lui avait-il répliqué d’une voix si
déterminée que ce dernier n’avait pas insisté.
    Justinien entra chez le prévôt qu’il
trouva en train de se harpailler bruyamment avec le maître charpentier Calzins.
    — Vous déraisonnez ! Le
baron pourrait s’acheter une forêt entière pour une pareille somme ! Je
vous avertis, Maître Calzins, vous ne nous purgerez point la bourse aussi
aisément.
    Ce disant, Foulques agitait sous le
nez du charpentier impavide un mémoire de frais de plusieurs feuillets.
    — N’ayant reçu aucune directive
particulière (Maître Calzins eut un geste vers Justinien), j’ai cru bien faire
en ne songeant qu’au prestige de Monseigneur le Baron Raoul. Vous n’auriez tout
de même pas voulu du sapin ?
    — J’entends bien, Maître
Calzins, mais cinq cent cinquante livres ! Tout de même !
    — Sauf votre respect, Monsieur
le Prévôt, c’est un très bel échafaud qui pourra resservir autant de fois qu’il
sera nécessaire, si on l’entretient convenablement, il va sans dire.
    Le charpentier eut à nouveau un
petit geste vers le jeune homme.
    — C’est un beau meuble, j’en
conviens, mais cinq cent cinquante livres, nenni ! Il vous faut en
rabattre sinon nous confierons à un autre la construction des fourches et celle
de son logement.
    Foulques désigna à son tour
Justinien qui haussa les sourcils en signe d’incompréhension. Son
logement ? Quel logement ? Il fit un pas en avant.
    — Monsieur le Prévôt, je
proteste. J’étais en vue de Boussac quand vos archers m’ont ramené ici de
force.
    — Je sais. Ordre du baron.
Écoute-moi attentivement. Ta prestation d’hier a été appréciée en haut lieu.
Monseigneur le Baron Raoul a donc décidé de t’offrir l’office d’exécuteur à
titre permanent. Tu vois, c’est une chance inespérée pour un bricon comme toi
de prendre une place active au sein de notre belle cité.
    Foulques saisit un parchemin sur son
bureau couvert de paperasse et le lui tendit. Sans y toucher, Justinien se
pencha pour le lire. Il vit qu’il s’agissait d’une lettre de provision le
commissionnant à l’office d’exécuteur des hautes œuvres de Bellerocaille.
    — Je ne veux pas devenir
bourreau, d’aucune façon. Et vous ne pouvez pas m’y contraindre. J’ai accompli
ce que vous m’aviez ordonné de faire, le baron m’a gracié, je suis donc libre.
Je doute qu’il soit seigneur à renier son sceau.
    — Je te dis

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