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Dieu et nous seuls pouvons

Dieu et nous seuls pouvons

Titel: Dieu et nous seuls pouvons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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père. Vous
le connaissez, il faut le prévenir tout de suite. Lui saura ce qu’il faut
faire.
    Déjà, il marchait vers la sortie, le
cœur au bord des lèvres. Par tous les saints du calendrier, pourquoi ces
brigands s’en étaient-ils pris aussi au gamin ?
    Sans repasser par la boulangerie,
Léon héla un voiturier qui grimaça en le reconnaissant mais accepta la course.
Une demi-heure plus tard, Léon arrivait à l’oustal. Sa mère mitonnait comme chaque
mardi de l’exonge dans sa vieille casserole de cuivre étamé, Casimir reprisait
ses chaussettes trouées par les ongles trop longs de ses orteils et Hippolyte
travaillait dans la bibliothèque à un projet de Traité de crucifiement.
    La nouvelle les surprit totalement.
Hippolyte vacilla sur ses jambes, Léon le soutint jusqu’à un siège. Casimir
pleura en grinçant des dents, Berthe oublia sur le feu son exonge qui bouillit
et se gâta.
    Hippolyte fut le premier à se
ressaisir et à donner le branle-bas.
    — Vous deux, allez atteler
Taillevent au landau, dit-il à Léon et Casimir. Toi, Berthe, prépare-nous des
provisions pour deux jours. Il faut savoir ce que sont devenus Adèle et
Saturnin.
    Tandis que chacun s’affairait en
silence, il décrocha le mannlicher offert par Otto Gutman, le Scharfrichter de Munich, qu’il avait rencontré l’année précédente chez les Deibler, et
commença à approvisionner les chargeurs. Griffu agita la queue en signe de
contentement : il adorait partir à la chasse.
    Quand tout fut prêt, Hippolyte
boucla le ceinturon de son lefaucheux à dix coups et monta à l’intérieur du
landau avec Griffu et le fusil de guerre. Armé de son darne à deux coups,
Casimir prit place aux côtés de Léon qui tenait les brides. Berthe ouvrit les
vantaux du portail, le landau quitta l’oustal. Léon prit la direction de
Bellerocaille.
    — Que fais-tu ? Prends la
route de Rodez ! lui ordonna Hippolyte, en passant la tête par la
portière.
    Sa queue de cheval noire flotta au
vent.
    — Vous ne voulez pas d’abord
aller les voir à la gendarmerie ?
    — A quoi bon ? Ils sont
morts. Occupons-nous d’abord de ceux qui sont peut-être encore en vie.
    Ils dépassèrent le meunier Halsdorf
qui n’eut que le temps de se ranger sur le bas-côté pour ne pas être renversé
par le landau rouge et noir roulant grand train.
    — C’était Léon qui conduisait à
grandes brides, et à côté j’ai vu Casimir armé jusqu’aux dents. Pibrac était à
l’intérieur et je peux vous dire qu’il faisait une drôle de tête, conta-t-il
plus tard à une assistance attentive.
     
    *
     
    Parvenu au lieu-dit La
Pierre-Creuse, grand rocher plat sous lequel s’étaient abritées des générations
de voyageurs et de pèlerins, Léon suivit les indications des scieurs en
engageant Taillevent sur le chemin forestier bordé de ronces et d’orties.
    Après un millier de mètres, ils
découvrirent une clairière où se dressait un four à charbon de bois en partie
démoli et envahi par la végétation. La cahute où les corps avaient été
retrouvés était en lisière des arbres ; des branches au feuillage encore
vert dans la toiture, de même que les litières fraîchement coupées sur le sol à
l’intérieur attestaient sa récente occupation par plusieurs personnes. Léon
frémit à la vue des pierres et des cendres du foyer sur lequel les brigands
avaient dû calciner les pieds d’Henri et d’Antoine.
    — Je comprends mal pourquoi ils
s’en sont pris au petit, s’interrogea-t-il à voix haute, revoyant les corps
mutilés sous la bâche.
    — Peut-être qu’Henri a eu le
temps de cacher son pécule et qu’ils voulaient lui faire dire où ? proposa
Casimir, qui fouillait le sol de terre battue à la recherche d’un indice.
    — Peut-être qu’ils les ont
torturés parce qu’ils savaient que c’étaient des Pibrac ? dit sombrement
Léon en se tournant vers son père. Peut-être que dans le temps vous avez
guillotiné un de leurs parents ou amis ?
    Hippolyte secoua la tête
négativement.
    — Non. C’est Adèle qui portait
la bourse. Distrait comme il est, Henri l’aurait égarée avant d’arriver à
Rodez. Je sais qu’elle l’a mise dans une poche cousue spécialement à
l’intérieur de sa robe. Or si Adèle était entre leurs mains, croyez-vous
qu’elle aurait laissé torturer Antoine sans parler ? Plus j’y pense et
plus je suis convaincu que si on ne les a pas retrouvés ici, c’est qu’ils

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