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Dieu et nous seuls pouvons

Dieu et nous seuls pouvons

Titel: Dieu et nous seuls pouvons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Folco
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C’est vrai ?
    — Qu’est-ce qui te fait dire
ça ? demanda l’homme au gamin.
    — La lune éclaire la nuit, le
soleil n’éclaire que le jour, c’est moins dur.
    « C’est pas bête », se dit
Thomas tandis que l’homme hochait la tête en s’adressant à la femme :
    — Je me demande où il va
chercher tout ça !
    — C’est Casimir qui me l’a dit.
    Thomas se dressa et s’avança vers le
foyer. Ses hommes l’imitèrent, faisant claquer la culasse de leurs armes.
    — Ducasse, Zek, les
chevaux ! lança-t-il en braquant le canon de son lebel vers l’homme qui
s’était dressé, l’air mauvais, son assiette de soupe encore dans les mains.
    L’ancien palefrenier et le gitan
s’approchèrent des chevaux pour les désentraver.
    — Arrêtez, laissez ces
chevaux ! protesta Henri, sans toutefois bouger, les yeux fixés sur le
fusil dont il reconnaissait le modèle.
    Calmejane en avait vendu un à son
père l’année précédente.
    — Que veux-tu ?
demanda-t-il à Thomas.
    — Tout.
    Les chauffeurs venaient de
désentraver Zéphir et Pompon et s’apprêtaient à les atteler aux prolonges quand
Henri leur lança le contenu brûlant de son assiette. Pompon hennit de douleur
en ruant dans les brancards, affolant Zéphir qui piqua un galop droit devant
lui, renversant le gitan qui jura dans son charabia « Hijo de
puta ! »
    — Rattrapez-les ! hurla
Thomas après avoir violemment frappé Henri d’un coup de crosse dans le plexus
solaire.
    L’un des gosses, Antoine, bondit
alors sur Thomas qui l’assomma d’un autre coup de crosse, atteignant l’enfant
au front, le sonnant pour le compte. Adèle se précipita mais Raflette la saisit
par les cheveux qu’il tira brutalement, lui arrachant un cri de douleur. Un
coup de genou dans les reins la fit taire.
    Marius et Guez le Nîmois revinrent
bredouilles. Les chevaux allaient trop vite, ils n’avaient pu les rattraper.
    Fort déçu car les bêtes étaient
belles, Thomas botta rageusement Henri tombé à terre, le souffle coupé. Puis,
pris d’une meilleure idée, il s’empara de la marmite qui mijotait sur les
braises et la lui vida sur la tête, le brûlant cruellement.
    — Henri ! s’écria Adèle.
    Immobile jusque-là, Saturnin se
blottit contre elle, terrorisé à la vue d’Antoine qui ne bougeait plus.
    — Dommage, elle était bonne,
dit Raflette en trempant un morceau de pain dans l’une des assiettes à demi
pleines posées sur les malles.
    — Maintenant que les chevaux
ont filé, il va falloir pousser le fourgon jusqu’à la clairière. Mais ce bougre
va nous le payer. Attelez-le aux brancards et qu’il tire pendant que vous
pousserez derrière ! On ne peut pas s’éterniser sur le grand chemin.
    Tous regardaient avec amusement
Ducasse et Zek attacher Henri aux bras du fourgon quand Adèle, serrant Saturnin
contre sa poitrine, tenta son va-tout en bondissant hors du cercle de lumière
tracé par la lampe tempête pour s’enfoncer dans le sous-bois obscur.
    Thomas tira, imité par ses hommes.
Les balles hachèrent les feuillages, fracassèrent des branches et s’enfoncèrent
dans des troncs, projetant dans les airs des éclats de bois meurtriers comme
des fragments d’obus.
    — La garce ! Celui qui la
retrouve la garde pour lui tout seul toute la nuit ! promit-il en lançant
ses hommes à sa poursuite.
    Déchirée par les ronces, une balle
enfoncée dans le haut de sa cuisse, à bout de souffle (elle n’avait pas
l’habitude de courir), Adèle rampa sous une épaisse ronceraie où elle se
blottit, murmurant à l’oreille de son fils :
    — Ne fais pas de bruit, mon
chéri, ne fais pas de bruit.
    Elle sentait le sang couler de sa
cuisse et se demanda si sa blessure était grave. Seigneur, qu’allaient-ils
faire d’Henri et d’Antoine ? Comment pareille chose avait pu arriver au
moment où ils étaient si heureux ? Elle crut défaillir au souvenir du
visage d’Henri boursouflé par les cloques.
    N’imaginant pas qu’elle pût s’être
cachée si près de La Pierre-Creuse, ses poursuivants contournèrent la masse
sombre de la ronceraie.
    Adèle les entendit revenir après un
long moment. L’un d’eux passa à quelques pouces seulement, maugréant avec un
fort accent provençal :
    — C’est le capitaine qui ne va
pas être heureux !
    En effet, quelques instants plus
tard, elle entendit les éclats de voix de l’homme qui avait défiguré son époux.
    — Bande de saragous ! Ça
nous

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