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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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de
contrition.
    — Mieux vaut gagner le ciel en morceaux qu’aller intact
en enfer ? murmura Mark.
    — Plaît-il ?
    — C’est une formule qu’un magistrat réformateur nous a
sortie ce matin, à moi et à maître Poer. Au fait, il paraît que vous avez rendu
visite à Simon tôt hier matin ?
    — J’étais allé prier auprès de lui, répondit-il en rougissant.
Je ne souhaitais pas sa mort. Je voulais seulement l’exorciser.
    — Même au prix de sa vie ? »
    Il s’arrêta et me fit face, l’air traqué. Le temps empirait. Des
flocons de neige tourbillonnaient autour de nous, tandis que le vent faisait
gonfler nos manteaux et le froc du prieur.
    « Je ne souhaitais pas sa mort ! Je n’en suis pas
coupable ! Il était possédé. Possédé… Je ne suis pas responsable de sa
mort et je refuse d’en être accusé ! »
    J’étudiai son visage. Était-il allé prier la veille auprès du
novice parce qu’il éprouvait des remords ? Non, me dis-je, le prieur
Mortimus n’était pas homme à remettre en question le bien-fondé de ses actions,
quelles qu’elles fussent. Étrange… Sa détermination impitoyable me rappelait
certains luthériens radicaux que j’avais rencontrés. Il avait sans nul doute
conçu quelque sophisme intellectuel lui permettant d’importuner les jeunes
femmes sans scrupules de conscience.
    « Il fait froid, dis-je. Allons-y ! »
    Il nous conduisit sans reprendre la conversation jusqu’à la
résidence des moines, un long bâtiment de deux étages faisant face au cloître. La
fumée s’élevait d’un bon nombre de cheminées. Je n’avais jamais vu l’intérieur
d’un dortoir de moines. Je savais grâce au Comperta que les vastes
dortoirs communs des premiers bénédictins avaient été dès longtemps divisés en
chambres individuelles, et c’était bien le cas ici. Nous empruntâmes un long
corridor percé de nombreuses portes. Certaines étant ouvertes, j’aperçus des
feux qui pétillaient et des lits confortables. J’appréciai la chaleur. Le
prieur Mortimus s’arrêta devant une porte close.
    « Elle est normalement fermée à clef pour empêcher
Jérôme d’aller vagabonder. » Il poussa la porte. « Jérôme, le
commissaire souhaite vous parler. »
    La cellule du frère Jérôme était aussi austère que celles que
je venais d’apercevoir étaient accueillantes. Aucun feu ne flambait dans l’âtre
vide et, à part un crucifix au-dessus du lit, les murs blanchis à la chaux
étaient nus. Le vieux chartreux était assis sur le lit, vêtu seulement de son
caleçon. Son torse maigre était tordu, voûté au niveau des épaules, aussi
noueux et déformé que le mien, mais visiblement à cause de blessures et non pas
d’une malformation congénitale. Penché au-dessus de lui, le frère Guy était en
train de laver à l’aide d’un linge une dizaine de petites lésions disgracieuses.
Certaines étaient violacées, d’autres jaunes de pus. Un broc rempli d’eau
dégageait une forte odeur de lavande.
    « Frère Guy, dis-je, je suis désolé d’interrompre vos
soins.
    — J’ai presque fini. Voilà, mon frère, cela devrait
soulager vos plaies infectées. »
    Le chartreux me lança un regard noir avant de s’adresser à l’infirmier.
    « Ma chemise propre, s’il vous plaît.
    — Vous vous affaiblissez avec ça, soupira le frère Guy. Vous
pourriez au moins faire tremper les crins auparavant pour les assouplir. »
Il lui passa un cilice de couleur grise, hérissé de crins d’animal raides et
noirs, cousus sur l’envers du tissu. Le frère Jérôme l’enfila puis revêtit avec
difficulté sa soutane blanche. Le frère Guy reprit son broc, s’inclina devant
nous et sortit de la pièce. Le frère Jérôme et le prieur échangèrent un regard
de dégoût.
    « Vous vous mortifiez à nouveau, Jérôme ?
    — Pour expier mes péchés. Mais je ne prends aucun
plaisir à la mortification des autres, frère prieur, contrairement à certains. »
    Le prieur Mortimus le foudroya du regard, puis me donna sa
clef.
    « Quand vous aurez fini, remettez la clef à Bugge »,
dit-il avant de tourner brusquement les talons, claquant la porte derrière lui.
Je me rendis soudain compte que nous étions désormais confinés dans un espace
restreint en compagnie d’un homme dont les yeux, dans un visage pâle et ridé, étincelaient
de haine à notre égard. Je cherchai du regard un endroit où m’asseoir, mais, comme
il n’y avait que le lit, je

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