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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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entretien avec vous. À
propos de Maître Mark. »
    Elle fixa sur moi un regard sombre.
    « Je sais qu’il a des sentiments pour vous et je crois
qu’ils sont honnêtes. »
    Elle s’anima sur-le-champ.
    « Alors, monsieur, pourquoi lui interdisez-vous de me
voir ?
    — Le père de Mark est l’intendant des fermes de mon père.
Non pas que mon père soit riche, mais j’ai eu la chance de faire carrière grâce
au droit et d’être engagé dans les services de lord Cromwell lui-même. »
Je voulais l’impressionner mais son expression ne changea pas. « Mon père
a promis à celui de Mark que j’essaierais de promouvoir la carrière de son fils
à Londres. C’est ce que j’ai fait. Mais pas tout seul : l’intelligence et
les bonnes manières de Mark ont joué leur rôle. » Je toussotai. « Malheureusement,
il y a eu de petites difficultés. Il a dû quitter son poste…
    — Je suis au courant de la demoiselle d’honneur, monsieur.
Il m’a tout raconté.
    — Ah bon ? Alors ne voyez-vous pas, Alice, que
grâce à cette mission il lui reste une dernière chance de rentrer en grâce ?
S’il la saisit, il pourra faire son chemin, s’assurer un avenir de grande
prospérité, mais il lui faudra se marier à une personne de qualité. Alice, vous
êtes une fille de valeur, et si votre père était un marchand de Londres, ce
serait une autre affaire. Tenez, si c’était le cas vous pourriez me compter
moi-même au nombre de vos soupirants. » Je n’avais pas eu l’intention de
prononcer ces mots, mais ce fut plus fort que moi. Elle fronça les sourcils, cherchant
à comprendre. N’avait-elle pas été consciente de la situation ? Je pris
une profonde inspiration. « Quoi qu’il en soit, si Mark veut faire
carrière il ne peut courtiser une servante. C’est cruel, mais la société
fonctionne ainsi.
    — Alors la société est injuste, rétorqua-t-elle avec une
soudaine colère froide. Je le pense depuis longtemps. »
    Je me relevai.
    « C’est le monde qu’a créé Dieu pour nous, et nous
devons y vivre pour le meilleur et pour le pire. Voudriez-vous représenter une
entrave pour sa carrière ? Si vous l’encouragez c’est ce qui se passera.
    — Je ne ferai rien qui puisse nuire à son avenir ! s’écria-t-elle
d’un ton vif. Je ne ferai rien contre son gré.
    — Mais il se peut qu’il veuille quelque chose qui nuise
à son avenir.
    — C’est à lui de le dire. Mais puisque nous n’avons pas
le droit de nous parler il ne peut rien dire, de toute façon.
    — Accepteriez-vous de gâcher ses chances ? Réellement ? »
    Elle darda sur moi un regard perçant. Aucun regard de femme
ne m’avait à ce point désarçonné. Elle finit par pousser un profond soupir.
    « Parfois, j’ai l’impression que tous ceux que j’aime me
sont tôt ou tard enlevés… Mais peut-être est-ce là le sort des servantes, ajouta-t-elle
d’un ton amer.
    — Mark m’a dit que vous aviez un promis, un bûcheron
mort dans un accident.
    — S’il n’était pas mort, je serais tranquillement à
Scarnsea, car en ce moment les propriétaires ne font qu’abattre des arbres. Au
lieu de ça, je suis là… » Des larmes se formèrent au coin de ses yeux, qu’elle
essuya d’un geste rageur. Je l’aurais volontiers prise dans mes bras pour la
consoler, mais je savais que ce n’étaient pas mes bras qu’elle voulait.
    « Je suis désolé. C’est dans la nature des choses qu’on
perde souvent les êtres chers. Alice, l’avenir du monastère risque d’être bien
compromis. Et si j’essayais de vous trouver un emploi en ville par l’intermédiaire
du juge Copynger ? Il se peut que je le voie demain. Vous ne devriez pas
demeurer ici, vu les horribles choses qui s’y passent. »
    Elle s’essuya à nouveau les yeux et me lança un étrange
regard, très ému.
    « Oui, j’ai découvert Ici les abîmes de violence que
recèle l’être humain. C’est atroce. » Au moment où j’écris ces lignes je
revois ce regard et frissonne au souvenir de ce qui nous attendait.
    « Laissez-moi vous éloigner d’ici.
    — Peut-être, monsieur, mais il me sera difficile de
respecter cet homme.
    — Je comprends. Mais ainsi va le monde, force m’est de
le répéter.
    — J’ai peur ici désormais. Même Mark a peur.
    — Oui. Et moi aussi.
    — Monsieur, le frère Guy dit qu’en plus du corps de la
jeune fille on a trouvé d’autres objets au fond de l’étang. Puis-je demander

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