Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
Vom Netzwerk:
adresse par-dessus son épaule. Sa chute méritée ne tardera pas ! »
    « Disposez-vous d’un bureau où nous puissions aller ? »
demandai-je au prieur.
    Traversant le cloître intérieur, il me conduisit jusqu’à une
pièce où flambait un bon feu. Un pichet de vin se trouvait sur un bureau jonché
de papiers. Il nous en versa un gobelet à tous deux.
    « Est-ce la première fois que Jérôme disparaît après un
office ?
    — Oui. Il est toujours surveillé.
    — Est-il possible qu’il ait précédemment réussi à
envoyer une autre lettre ?
    — Pas depuis qu’il a été enfermé le jour de votre
arrivée. Mais avant ça…, oui. »
    Je hochai la tête tout en me rongeant un ongle.
    « Dorénavant il faut le garder à l’œil. Cette lettre est
une affaire grave. Il faut sans tarder signaler la chose à lord Cromwell. »
    Il fixa sur moi un regard calculateur.
    « Vous serait-il loisible de dire à lord Cromwell qu’un
moine loyal au roi a empêché que la lettre soit envoyée ?
    — Nous verrons. » Je le regardai froidement.
« Je voulais discuter avec vous d’un autre sujet. D’Orpheline Stonegarden.
    — Oui…, fit-il en opinant lentement du chef. J’ai
entendu dire qu’on posait des questions à ce sujet.
    — Eh bien ? On a cité votre nom.
    — Même les vieux célibataires ont parfois des désirs, répondit-il
en haussant les épaules. C’était une belle fille. J’ai tenté de la persuader de
folâtrer un brin avec moi, je ne le nie pas.
    — Vous qui êtes chargé de maintenir la discipline dans
la maison et qui, pas plus tard qu’hier, m’avez affirmé que la discipline
empêche le monde de sombrer dans le chaos ? »
    Il s’agita sur son siège.
    « Des ébats avec une fille bien chaude n’ont rien à voir
avec les passions perverses qui pourrissent les relations normales entre moines !
s’exclama-t-il. Je ne suis pas parfait, personne ne l’est, sauf les saints, et
encore pas tous !
    — Prieur Mortimus, d’aucuns diraient que votre attitude
est celle d’un hypocrite.
    — Allons donc ! monsieur le commissaire, tous les
hommes ne sont-ils pas des hypocrites ? Je ne voulais aucun mal à cette
fille. Elle m’a vite remis à ma place et ce vieux sodomite d’Alexandre m’a
dénoncé à l’abbé. Par la suite, ça m’a attristé, ajouta-t-il d’un ton plus
calme, de la voir errer ici comme une âme en peine. Mais je ne lui ai plus
adressé la parole.
    — Quelqu’un l’a-t-il prise de force, à votre avis ?
Dame Stumpe croit que c’est ce qui s’est passé.
    — Non. » Il se rembrunit. « Je ne l’aurais pas
toléré. » Il poussa un long soupir. « Ç’a été dur de la voir hier. Je
l’ai reconnue tout de suite.
    — Dame Stumpe également. » Je croisai les bras.
« Frère prieur, votre exquise sensibilité me surprend. J’ai du mal à
croire que j’ai affaire à l’homme qui, il y a moins d’une demi-heure, a donné, sous
mes yeux, un coup de pied à un infirme.
    — La vie est dure pour tout homme, elle l’est encore
plus pour un moine. Il a des obligations envers Dieu et de terribles tentations
à surmonter. Les femmes… pour elles, c’est différent. Elles méritent une vie
paisible si elles se conduisent bien. Orpheline était une brave fille, pas
comme cette insolente que Guy a engagée.
    — Vous l’avez importunée elle aussi, paraît-il. »
    Il ne répondit pas immédiatement.
    « Je ne l’ai pas harcelée, Orpheline, vous savez, reprit-il.
Quand elle m’a repoussé, je n’ai pas insisté.
    — Mais d’autres, si. Le frère Luke. » J’observai un
silence. « Et le frère Edwig.
    — Oui. Le frère Alexandre les a dénoncés eux aussi… Mais
ses propres péchés, bien plus graves, devaient le mettre sur la sellette, ajouta-t-il
d’un ton narquois. L’abbé s’est occupé du frère Luke et a enjoint au frère
Edwig de la laisser tranquille. Et à moi aussi. Il ne me donne pas souvent d’ordre
mais cette fois-là il ne s’est pas gêné.
    — On dit que vous et le frère Edwig dirigez en fait le
monastère.
    — Il faut bien que quelqu’un le fasse. L’abbé Fabian
passe le plus clair de son temps à chasser avec les nobliaux du coin. Nous nous
coltinons les mornes tâches pour assurer la bonne marche de la maison. »
    Je me demandai si je devais évoquer les finances du monastère
ou les ventes de terres en général pour voir sa réaction. Mais je m’abstins :
il ne fallait pas leur

Weitere Kostenlose Bücher