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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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être coupables. Les indices
suggèrent des pistes différentes. Il m’en faut de plus probants. Je prie Dieu
de me les faire découvrir à Londres. Mais j’ai besoin d’un représentant ici. Je
veux que tu t’installes chez l’abbé. Surveille le courrier, suis les événements
de près.
    — Vous voulez m’éloigner d’Alice, répliqua-t-il en me
transperçant du regard.
    — Je veux que tu sois en sécurité, en dehors du
monastère proprement dit, comme le vieux Goodhaps. Tu peux t’installer dans sa
chambre. C’est une pièce bien meublée, fort luxueuse pour un jeune homme de ton
âge. Et, d’accord, je préférerais que tu t’éloignes d’Alice, ajoutai-je en
soupirant. Je l’ai avertie qu’une liaison avec elle risquait de compromettre ta
carrière.
    — Vous n’en aviez pas le droit, monsieur ! s’exclama-t-il
avec une certaine véhémence. J’ai le droit de décider de mon propre avenir.
    — Non, Mark, ce n’est pas vrai. Tu as des obligations
vis-à-vis de ta famille et de ton propre avenir. Je t’ordonne de t’installer
dans la maison abbatiale.
    Un reflet glacial apparut dans les grands yeux bleus qui
avaient captivé le pauvre Gabriel.
    « Je vous ai vu vous-même la lorgner avec concupiscence,
rétorqua-t-il avec mépris.
    — Mais moi, je me maîtrise. »
    Il me toisa de haut en bas.
    « Vous n’avez pas le choix. »
    Je serrai les dents.
    « Je devrais te botter les fesses et te congédier pour
ces propos. Je préférerais ne pas avoir besoin de toi ici pendant mon absence… Bon.
Es-tu disposé à m’obéir ?
    — Je ferai tout mon possible pour vous aider à attraper
l’homme qui a tué ces gens. Il doit être pendu. Mais après ça, je ne promets
rien, même si je dois être totalement rejeté par vous. » Il prit son
souffle. « J’ai l’intention de demander sa main à Alice Fewterer.
    — Alors je risque de devoir me séparer de toi, répondis-je
sereinement. Corbleu ! je n’en ai aucune envie, mais je ne puis demander à
lord Cromwell de réengager un homme marié à une servante. C’est hors de question. »
    Il ne répondit rien. Au fond de mon cœur, malgré mes menaces,
je savais qu’au pire je l’engagerais comme secrétaire et leur trouverais, à lui
et à Alice, un logis à Londres. Mais je ne lui faciliterais pas la tâche. Je
plantai sur lui un regard aussi acéré que le sien.
    « Prépare mon bagage, ordonnai-je sèchement. Et selle
Chancery. Je pense que la route de la ville est assez dégagée. Je me rends de
ce pas chez le prieur, puis je partirai pour Londres. » Je le quittai, regrettant
de ne pas l’avoir à mes côtés pour affronter le prieur Mortimus, mais après ce
qui s’était passé il valait mieux rester séparés.
    **
    Les obédienciers se trouvaient toujours dans le bureau de
Gabriel, affreusement abattus. Je fus frappé par leur manque de cohésion. L’arrogance
de l’abbé semblait de plus en plus fragile ; Guy était austère et
solitaire ; le prieur et l’économe faisaient tourner la maison, sans être
amis le moins du monde, me dis-je une fois de plus. Belle fraternité
spirituelle…
    « Il faut que vous sachiez, mes frères, que je pars pour
Londres. Je dois faire un compte rendu à lord Cromwell. Je serai de retour dans
cinq jours à peu près. Mark Poer me remplacera en attendant.
    — Comment pouvez-vous faire l’aller-retour en cinq jours ?
demanda le prieur Mortimus. On dit que cette neige atteint Bristol.
    — Je prends un bateau.
    — Mais de quoi devez-vous discuter avec lord Cromwell ?
s’enquit nerveusement l’abbé Fabian.
    — D’affaires privées. Bon. J’ai révélé la façon dont
frère Gabriel était mort. Et j’ai décidé que le corps d’Orpheline Stonegarden
serait remis à dame Stumpe pour l’enterrement. Prenez toute disposition à ce
sujet.
    — Mais, alors, toute la ville saura qu’elle est morte
ici… » L’abbé fronçait les sourcils comme s’il avait du mal à comprendre
ce qui se passait.
    « Oui. Les choses sont allées trop loin pour qu’on
continue à les dissimuler. »
    Il releva la tête et me fixa avec un reste de son ancienne
hauteur.
    « Force m’est de protester, messire Shardlake. Une telle
décision, qui affecte tout le monde ici, aurait d’abord dû être discutée avec
moi, l’abbé.
    — Cette époque est révolue, Votre Seigneurie ! répliquai-je
d’un ton brusque. À part le prieur Mortimus, vous pouvez tous

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