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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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gravent le plus souvent
comme marque l’Alcazar, la forteresse mauresque, sur l’épée qu’ils soumettent à
la guilde pour y être admis. C’est ce qu’a fait cet homme. Voici ses initiales.
    — JS.
    — Oui. » Il posa sur moi un regard appuyé. « John
Smeaton.
    — Corbleu ! Un parent de Mark Smeaton, l’amant de
la reine Anne ?
    — Son père. Je le connaissais vaguement. Cette épée est
sans doute celle qu’il a fabriquée pour être admis dans la guilde. « Mil
cinq cent sept »… Ça concorde assez bien.
    — Je ne savais pas que le père de Smeaton fabriquait des
épées.
    — Si, au début de sa carrière. Il était d’ailleurs fort
doué. Mais il a eu un accident, il y a quelques années, qui lui a coûté les
phalanges de deux doigts. Sa main n’a alors plus été assez forte pour fabriquer
des épées. C’est pourquoi il est devenu menuisier. Il avait un petit atelier
là-bas à Whitechapel.
    — Il est mort ?
    — Il a eu une attaque deux jours après l’exécution de
son fils. Je me souviens qu’on en a parlé. Personne n’a pu prendre sa suite et
il me semble qu’on a fermé l’atelier.
    — Mais il devait avoir des parents. Cette épée possède
de la valeur. Elle a dû faire partie de la succession.
    — Oui. Sans aucun doute. »
    Je respirai profondément.
    « Donc, la mort de Singleton a un lien avec Mark Smeaton.
À l’évidence, Jérôme connaissait plus ou moins ce rapport. Voilà pourquoi il m’a
raconté cette histoire.
    — Je ne vous suis pas, monsieur…
    — Je dois découvrir qui a hérité de cette épée après la
mort de John Smeaton.
    — Vous pourriez aller chez lui. Il vivait au-dessus de
son atelier, comme la plupart des artisans. Les nouveaux propriétaires ont sans
doute acheté sa maison aux héritiers.
    — Merci, maître Oldknoll, vous m’avez énormément aidé. »
Je receignis mon épée. « Je dois vous quitter. Je suis attendu chez lord
Cromwell.
    — Ravi d’avoir pu vous apporter mon aide. Et, messire
Shardlake, si vous devez voir lord Cromwell… »
    Je haussai le sourcil. C’était toujours la même chose : dès
que les gens savaient qu’on se rendait chez Cromwell, il fallait toujours
solliciter pour eux quelque faveur.
    « C’est seulement… Si l’occasion se présente, pourriez-vous
lui demander de m’envoyer moins de paperasse ? J’ai dû veiller chaque soir
de la semaine pour établir des statistiques sur les armes alors qu’ils ont déjà
tous ces renseignements, je le sais. »
    Je souris.
    « Je vais voir ce que je peux faire. C’est l’esprit du
temps. Il est difficile d’aller contre vents et marées.
    — Cette marée de papiers finira par nous engloutir ! »
répliqua-t-il, l’air chagrin.
    **
    La maison de lord Cromwell à Stepney était une imposante
demeure de brique qu’il avait fait construire quelques années auparavant. Elle
abritait non seulement son épouse et son fils, mais une dizaine de jeunes fils
de clients qu’il avait pris sous son aile pour faire leur éducation. Ce n’était
pas la première fois que je venais dans cette cour en miniature avec ses
domestiques et ses précepteurs, ses secrétaires et ses nombreux visiteurs. Comme
j’approchais, je vis une foule de gueux dépenaillés attendant à l’extérieur. Un
vieil aveugle, pieds nus dans la neige, tendait la main en criant :
« L’aumône, l’aumône, par pitié ! » J’avais ouï dire qu’afin de
se gagner l’amour des miséreux de Londres Cromwell faisait distribuer des
aumônes par ses valets devant la porte latérale. Cela me rappelait
désagréablement la cérémonie devant le monastère.
    Après avoir laissé ma monture aux écuries, je fus conduit à l’intérieur
de la maison par Blitheman, l’intendant, un charmant garçon. Lord Cromwell
serait un peu en retard, m’informa-t-il, et il me proposa un verre de vin.
    « Ce n’est pas de refus.
    — Dites-moi, monsieur, souhaiteriez-vous voir le léopard
de lord Cromwell ? Il aime qu’on le montre à ses visiteurs. Il se trouve
dans une cage derrière la maison.
    — J’ai en effet appris qu’il venait d’acquérir cet
animal. Oui, avec plaisir. »
    Il me fit traverser la maison très animée jusqu’à une cour de
derrière. Je n’avais jamais vu de léopards, bien que j’eusse entendu parler de
ces fabuleuses créatures tachetées qui pouvaient courir plus vite que le vent. L’intendant
menait la marche, un orgueilleux sourire de

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