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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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remplit à
nouveau. Je ne pouvais en vouloir à cette vieille nouille désemparée et toute
seule ici de chercher le réconfort dans la bouteille.
    « Il est malin, l’abbé Fabian. Il savait qu’il n’y
aurait plus de fermeture forcée, pas après la rébellion du Nord. Le commissaire
m’a dit de dénicher quelque article dans mes livres de droit pour le menacer. Je
l’ai prévenu qu’il perdait son temps, mais Robin Singleton n’a jamais été un bon
étudiant. Il réussissait grâce à sa faconde. Dieu ait son âme ! ajouta-t-il,
sans se signer, en bon réformateur.
    — Ce que vous dites est assez vrai, acquiesçai-je. À
moins de découvrir d’autres manquements à la loi. On a parlé, paraît-il, de
sodomie et de vol. Deux infractions majeures.
    — Cette fois, lord Cromwell se trompe, soupira-t-il. Le
juge de paix du coin est un bon réformateur, mais ses rapports concernant les
ventes de terres à un prix sous-évalué ne résistent pas à l’analyse. Il n’y a
aucune preuve d’une quelconque irrégularité dans les comptes.
    — Et la rumeur sur la dépravation ?
    — Rien. L’abbé affirme que tous se sont amendés depuis l’inspection.
L’ancien prieur encourageait ces pratiques abominables, mais il a été évincé
depuis, ainsi que deux des coupables les plus invétérés du lot, et on l’a
remplacé par ce rustre d’Écossais. »
    Je finis mon vin, mais me retins d’en redemander. J’étais
épuisé, et le vin, conjugué à la chaleur du feu, me donnait envie de m’allonger
et de dormir. Et il me fallait garder les idées claires durant quelques heures
encore.
    « Comment trouvez-vous les frères ? »
    Il haussa les épaules.
    « Comme tous les autres. Paresseux et contents de leur
sort. Ils jouent aux cartes, s’adonnent à la chasse – vous aurez remarqué qu’il
y a des chiens partout – et bâclent les offices. Mais ils respectent les
injonctions, font leurs sermons en anglais et aucune catin ne hante les lieux. Ce
rougeaud de prieur est à cheval sur la discipline. Il se présente comme un
partisan des directives de lord Cromwell, mais je ne fais confiance à aucun d’entre
eux. Les obédienciers sont malins et patelins, mais au fond d’eux-mêmes ils n’ont
pas le moins du monde renoncé aux vieilles hérésies. Ils se gardent bien de le
montrer, cependant. Hormis ce chartreux infirme, bien sûr, mais il ne fait pas
partie de la communauté.
    — Ah oui ! le frère Jérôme. Nous l’avons rencontré.
    — Savez-vous qui c’est ?
    — Non.
    — C’est un parent de la reine Jeanne, Dieu ait son âme !
Il a refusé de prêter serment, mais l’exécuter comme les autres chartreux
aurait fait mauvais effet. Ils l’ont torturé jusqu’à ce qu’il prête serment, puis
ils l’ont relégué ici comme pensionnaire. Un autre de ses parents est un grand
propriétaire terrien de la région. J’aurais pensé que les services de lord
Cromwell étaient au courant de sa présence ici.
    — Les documents se perdent, je suppose, même dans ses
services, dis-je en baissant la tête.
    — Les autres moines ne l’aiment pas parce qu’il les
insulte, les traite de mollassons et de fainéants. Il n’a pas le droit de
quitter le monastère.
    — Sans doute le commissaire Singleton s’est-il entretenu
avec de nombreux moines pour voir ce qu’il pourrait découvrir. Certains de ceux
impliqués dans le scandale de la sodomie devraient toujours se trouver ici, non ?
    — Le grand moine à la tignasse blonde, peut-être ? »
lança Mark.
    Goodhaps haussa les épaules.
    « Oh ! lui… C’est le frère Gabriel, le sacristain. Oui,
il était impliqué. Il paraît tout à fait normal, n’est-ce pas ? Grand et
fort. Il a parfois l’air hagard, cependant. Le commissaire Singleton les a
poussés dans leurs retranchements, mais ils prétendent tous être purs comme des
anges désormais. Il m’avait chargé de mener plusieurs interrogatoires, d’en
questionner certains sur leur vie quotidienne, quoique je sois un érudit et ne
possède aucune formation en ce domaine.
    — J’imagine que le commissaire Singleton n’était pas
très aimé ? Je le connaissais d’ailleurs. Il avait des manières brutales.
    — Oui. Sa brusquerie ne lui a jamais gagné les cœurs, mais
peu lui chalait.
    — Racontez-moi comment il est mort. »
    Il rentra les épaules, semblant se recroqueviller sur lui-même.
    « Il avait cessé de les harceler de questions. Il m’a
enjoint

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