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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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de tête au serviteur, qui nous précéda
dans un large escalier. Le prieur s’arrêta devant une porte close et cogna très
fort. On entendit un couinement à l’intérieur, puis un bruit de clef, et la
porte fut à peine entrebâillée. Un visage mince et angoissé surmonté de cheveux
blancs en désordre regarda par la fente.
    « Prieur Mortimus ! s’exclama le vieil homme d’une
voix fluette, pourquoi cognez-vous aussi violemment ? Vous m’avez fait
peur. »
    Un sourire sardonique passa brièvement sur le visage de
Mortimus.
    « Vraiment ? Pardonnez-moi… Vous voilà en sécurité
désormais, mon bon monsieur. Lord Cromwell a envoyé un émissaire, un nouveau
commissaire.
    — Messire Goodhaps ? demandai-je. Je suis le
commissaire Matthew Shardlake. Je suis venu suite à votre missive. C’est lord
Cromwell qui m’envoie. »
    Il continua à nous dévisager quelques instants, puis nous fit
entrer dans la chambre bien meublée. Elle contenait un lit à baldaquin et à
rideaux, de gros coussins moelleux sur le parquet, et la fenêtre donnait sur la
cour animée. Par terre se trouvait une pile de livres sur laquelle était posé
en équilibre un plateau supportant un pichet de vin et des gobelets d’étain. Un
feu de bûches flambait dans l’âtre. Mark et moi nous précipitâmes vers la
cheminée, car nous étions tous les deux glacés jusqu’aux os. Je me retournai
vers le prieur qui restait sur le seuil sans nous quitter des yeux.
    « Merci, mon frère, lui dis-je. Peut-être pourrez-vous
me prévenir dès que l’abbé sera rentré. » Il s’inclina et sortit en
refermant la porte.
    « Au nom du Christ, fermez la porte à clef », couina
le vieil homme en se tordant les doigts. Il faisait pitié à voir avec ses
cheveux blancs en bataille et sa robe noire de clerc chiffonnée et tachée. L’odeur
de son haleine indiquait qu’il avait déjà goûté le vin.
    « La lettre est arrivée ? Dieu soit loué ! Je
craignais qu’elle n’ait été interceptée. Vous êtes combien ?
    — Nous ne sommes que deux. Puis-je m’asseoir ? »
demandai-je en me baissant avec précaution pour réinstaller sur les coussins, ressentant
un merveilleux soulagement dès que j’y calai mon dos. Messire Goodhaps remarqua
mon infirmité pour la première fois. Puis il regarda Mark qui était en train de
détacher sa lourde épée.
    « Ce jeune homme est-il un spadassin ? Peut-il nous
protéger ?
    — Si nécessaire. Risquons-nous d’avoir besoin de l’être ?
    — Nous sommes ici entourés d’ennemis. Après ce qui s’est
passé…, messire Shardlake… »
    Voyant qu’il était terrorisé, je souris pour le rassurer. Il
faut calmer un témoin apeuré comme on caresse le flanc d’un cheval effrayé.
    « Tranquillisez-vous, monsieur. Nous sommes fatigués et
nous apprécierions bien une goutte de ce vin pendant que vous nous raconterez
ce qui s’est passé ici exactement.
    — Oh ! monsieur, par la Sainte Vierge, le sang… »
    Je levai la main.
    « Commencez au tout début, depuis votre arrivée en ces
lieux. »
    Il nous servit du vin et s’assit sur le lit, passant les
mains dans ses cheveux blancs emmêlés.
    « Je ne voulais pas venir là, soupira-t-il. À Cambridge,
j’ai travaillé dur à la vigne du Seigneur, œuvrant pour la Réforme dès le début,
et je suis trop vieux pour ce genre de mission. Mais Robin Singleton ayant été
naguère l’un de mes étudiants, il m’a demandé de l’aider à persuader ce maudit
monastère de se soumettre. Il avait besoin d’un avocat expert en droit canon, voyez-vous…
Et je ne pouvais pas décliner une requête émanant du vicaire général, ajouta-t-il
d’un ton chagrin.
    — C’eût été difficile, en effet. Donc vous êtes arrivé
ici, il y a combien de temps ? Une semaine ?
    — Oui. Après une pénible chevauchée.
    — Comment les négociations se sont-elles déroulées ?
    — Mal, monsieur, comme je m’en étais douté. Singleton a
joué les fanfarons, déclarant qu’il s’agissait d’un établissement de pécheurs
et de dépravés et que les moines auraient intérêt à accepter les pensions qu’il
offrait et à se soumettre. Mais l’abbé Fabian n’a pas accepté le marché, car il
adore la vie qu’il mène ici. Il se conduit en seigneur du village et traite de
haut les intendants et les baillis. Il n’est que le fils de l’approvisionneur
de navires du coin, vous savez. » Il vida son gobelet et le

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