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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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rires.
    « Sangbleu, Whelplay, vous êtes un crétin ! hurla
le prieur. Voudriez-vous que les chevaux du commissaire du roi s’échappent et
galopent partout dans la cour ?
    — Non, monsieur le prieur, répondit le novice d’une voix
tremblante. Je vous prie de m’excuser. »
    Je m’approchai, saisis les rênes de Chancery d’une main et
offris mon bras au gamin pour l’aider à se relever, en prenant soin de ne pas
me salir avec la crotte de chien maculant sa soutane.
    « Toute cette agitation va terroriser les chevaux, dis-je
avec douceur. Ne vous en faites pas, mon garçon. Ce genre d’accident arrive à
tout le monde. » Je lui rendis les rênes et, après avoir jeté un coup d’œil
au prieur qui était rouge de colère, il emmena les bêtes. « Maintenant, monsieur,
nous sommes prêts à vous suivre. »
    L’Écossais me lança un regard noir. Son visage était devenu
violacé.
    « Sauf votre respect, monsieur, je suis responsable de
la discipline de ce monastère. Le roi a prescrit bien des changements dans
notre vie ici, et nos jeunes frères en particulier doivent apprendre l’obéissance.
    — Avez-vous du mal à faire que les frères obéissent aux
injonctions de lord Cromwell ?
    — Non, monsieur, pas du tout. Du moment que j’ai le
droit d’imposer une stricte discipline.
    — Pour avoir glissé dans des excréments de chien ? demandai-je
sans hausser le ton. Ne vaudrait-il pas mieux discipliner ces animaux et les
empêcher d’entrer dans la cour ? »
    Il parut sur le point de me répondre, puis soudain il rugit
de rire.
    « Vous avez raison, monsieur, mais l’abbé refuse qu’on
les enferme. Il veut qu’ils soient en forme quand il va à la chasse. »
Pendant qu’il parlait je regardais la couleur de sa face perdre sa teinte
violacée pour revenir à son rouge initial. Je me dis que ce devait être un
homme exceptionnellement colérique.
    « La chasse… Je me demande ce que saint Benoît aurait
pensé de ça.
    — L’abbé a ses propres règles », répliqua le prieur
d’un ton plein de sous-entendus.
    Il nous fit passer devant les dépendances. Je découvris alors
au milieu d’un jardin de roses une belle maison de maître de deux étages qui n’eût
pas déparé Chancery Lane. Nous longeâmes les écuries où, par les portes
ouvertes, je vis le jeune novice conduire Chancery dans une stalle. Il se
retourna et me gratifia d’un étrange regard appuyé. Nous dépassâmes la
brasserie et la forge dont le rougeoiement semblait accueillant par ce froid. Dans
une grande dépendance contiguë, on apercevait des blocs de pierre sculptés et
décorés. Sur des tréteaux dressés dehors des plans étaient étalés, et un homme
à barbe grise portant un tablier de maçon se tenait les bras croisés à côté de
deux moines en pleine discussion.
    « C’est imp-possible, mon frère ! » s’exclama
le plus âgé des deux. C’était un petit homme grassouillet d’environ quarante
ans, doté d’une couronne de cheveux bouclés noirs autour de la tonsure et d’un
visage rond et pâle percé de deux petits yeux sombres au regard dur. Des doigts
courts et boudinés s’agitèrent au-dessus du plan. « Si on utilise de la
p-pierre de C-Caen ça ép-puisera tout votre b-budget des trois années à venir.
    — On ne peut pas s’en tirer à meilleur compte, répliqua
le maçon. Pas si on veut faire les choses comme il faut.
    — Il faut que ce soit fait comme il faut, insista l’autre
moine d’une belle voix profonde et ferme. Autrement, toute la symétrie de l’église
sera rompue et le revêtement différent attirera immédiatement l’œil. Si vous n’êtes
pas d’accord, frère économe, je serai contraint de présenter l’affaire à l’abbé.
    — Eh bien ! à votre guise… Mais ça ne changera rien. »
Il se tut en nous apercevant, nous dévisageant de ses petits yeux noirs en
boutons de bottine, puis se pencha à nouveau sur ses plans. Le deuxième moine
nous examina. Jeune encore, grand et fortement charpenté, il possédait un beau
visage marqué de rides profondes et une tignasse blonde qui se dressait autour
de sa tonsure comme des épis de blé. Il avait de grands yeux clairs, bleu pâle.
Son regard s’attarda sur Mark qui le fixa d’un œil froid, puis il s’inclina
pour saluer le prieur au moment où nous passâmes devant le groupe, mais ne
reçut qu’un bref signe de tête en échange.
    « Intéressant, chuchotai-je à Mark. On n’a

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