Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
Vom Netzwerk:
fille bien faite, dit Mark.
    — En effet. Étrange travail pour une femme… J’ai l’impression
que ta braguette l’a amusée, ce qui n’est guère étonnant.
    — Je n’aime pas les saignées, fit-il, changeant de sujet.
La seule fois où j’en ai subi une, je suis resté pendant des jours aussi faible
qu’un chaton. Mais il paraît que ça équilibre les humeurs.
    — Dieu m’a donné une humeur mélancolique et je ne pense
pas qu’une saignée pourrait changer ce fait. Bon, voyons ce que nous avons là… »
Je détachai de ma ceinture l’énorme trousseau de clefs, les examinant à la
lueur d’une lanterne accrochée au mur jusqu’à ce que j’en trouve une marquée « Inf. »
Je l’essayai et la porte pivota sur ses gonds.
    « Ne devrions-nous pas attendre, monsieur ? demanda
Mark.
    — Nous n’avons pas de temps à perdre en politesses. »
Je pris la lanterne du mur. « Ne laissons pas passer cette chance d’apprendre
quelque chose sur l’homme qui a découvert le corps. »
    Blanchie à la chaux et très bien tenue, la petite pièce
fleurait bon les plantes aromatiques. Une couche pour les malades était
recouverte d’un drap blanc immaculé. Des bouquets d’herbes médicinales étaient
suspendus à des crochets à côté de scalpels de chirurgien. Sur un mur se
trouvait une carte astrologique détaillée, tandis que sur le mur opposé était
fixée une grande croix en bois sombre, de style espagnol, le sang dégouttant
des cinq plaies d’un Christ couleur d’albâtre. Sur le bureau de l’infirmier, placé
sous une haute fenêtre, s’entassaient des feuillets, en petites piles
impeccables, de jolies pierres servant de presse-papiers. Y jetant un coup d’œil,
je vis qu’il s’agissait de notes concernant des prescriptions et des
diagnostics rédigés en anglais et en latin.
    Je longeai les étagères, regardant les pots et les flacons
aux étiquettes soigneusement libellées en latin. Soulevant le couvercle d’un
grand récipient, je découvris les sangsues, petites bêtes noires et gluantes
qui se tortillaient, éblouies par la soudaine lumière. Tout était comme prévu :
des soucis séchés contre la fièvre, du vinaigre pour les coupures profondes, des
souris réduites en poudre pour les maux d’oreilles.
    À l’extrémité de l’étagère du haut, il y avait trois ouvrages.
L’un était un livre imprimé de Galien, un deuxième de Paracelse, les deux en
français ; le troisième, à la couverture de cuir merveilleusement décorée,
était écrit à la main en caractères étranges aux courbes effilées.
    « Mark, regarde ceci. »
    Il contempla le livre par-dessus mon épaule.
    « Quelque code médical ?
    — Je n’en sais rien. »
    J’avais gardé l’oreille aux écoutes, mais, n’ayant encore
perçu aucun bruit de pas, je sursautai en entendant une toux discrète derrière
mon dos.
    « Je vous en prie, monsieur, gardez-vous de faire tomber
ce livre, dit une voix à l’étrange accent. Il a beaucoup de valeur pour moi, sinon
pour d’autres. Il s’agit d’un ouvrage de médecine arabe, et il ne se trouve pas
sur la liste royale des livres interdits. »
    Nous nous retournâmes brusquement. Un moine de haute taille, âgé
d’une cinquantaine d’années, doté d’un visage mince et austère aux yeux
enfoncés, nous regardait d’un air serein. À ma grande surprise, sa peau avait
la couleur d’une latte de chêne. J’avais de temps en temps vu à Londres, près
des quais, des hommes au teint bistré, mais aucun d’entre eux n’avait jamais
plongé son regard dans le mien.
    « Je vous serais très reconnaissant de me donner ce
livre, dit-il de sa voix douce et zézayante, au ton à la fois ferme et déférent.
C’est un présent du dernier émir de Grenade à mon père. »
    Je le lui rendis et il s’inclina avec grâce.
    « Vous êtes messire Shardlake et maître Poer ?
    — En effet. Et vous le frère Guy de Malton ?
    — C’est cela. Vous possédez la clef de mon bureau ?
Normalement, seule Alice, mon assistante, entre dans cette pièce en mon absence,
de crainte que quelqu’un ne touche à ces herbes et à ces potions. Une erreur
dans le dosage de certaines de ces poudres pourrait être mortelle, voyez-vous. »
Il parcourut du regard les étagères. Je sentis le rouge me monter au front.
    « J’ai pris soin de ne rien toucher, monsieur. »
    Il inclina le buste.
    « Fort bien. Et en quoi puis-je aider l’émissaire de

Weitere Kostenlose Bücher