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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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Voilà pourquoi certains frères craignent un acte de
sorcellerie.
    — Mais quelle arme pourrait véritablement couper la tête
d’un homme qui se tient debout ? demandai-je. Pas une hache, à mon avis, la
lame est trop épaisse. Il faudrait un fil très aiguisé, comme celui d’une épée.
En fait, je ne vois qu’une épée pour faire ce genre de travail. Qu’en penses-tu,
Mark ? Ici, c’est toi le spadassin.
    — Je pense que vous avez raison. » Il eut un petit
rire nerveux. « Seuls les membres de la famille royale et les nobles ont
le droit d’être exécutés par l’épée.
    — Justement parce qu’une lame d’épée bien aiguisée
garantit une fin rapide.
    — Comme Anne Boleyn », dit Mark.
    Le frère Guy se signa.
    « La reine sorcière, souffla-t-il.
    — C’est ce à quoi je pensais, murmurai-je. La seule
décapitation à laquelle j’ai assisté. Tout comme Anne Boleyn. »

8
    N ous
attendîmes dehors pendant que le frère Guy refermait la crypte. La neige
tombait désormais à gros flocons tourbillonnant dans les airs. Le sol était
déjà tout blanc.
    « On a eu de la chance de ne pas subir ça sur la route, dit
Mark.
    — Le retour sera pénible si cela continue de la sorte. On
devra peut-être rentrer par la mer. »
    Le frère Guy nous rejoignit. Il me fixa d’un air grave.
    « Monsieur, nous aimerions l’enterrer dès demain. Cela
soulagerait la communauté et permettrait à l’âme du pauvre commissaire
Singleton de trouver le repos.
    — Où allez-vous l’enterrer ? Ici ? Il n’avait
pas de famille.
    — Dans le cimetière laïque. Avec votre permission.
    — Très bien, opinai-je. J’en ai assez vu. Ce n’est que
trop nettement gravé dans mon esprit.
    — Vous avez tiré beaucoup de conclusions ? monsieur.
    — Des déductions d’honnête homme, rien de plus. »
    Me trouvant près du frère Guy je perçus un léger parfum
rappelant celui du santal. En tout cas, il dégageait une meilleure odeur que
ses frères.
    « Je vais prévenir l’abbé que l’on peut organiser l’enterrement »,
dit-il avec soulagement.
    Les cloches de l’église se mirent soudain à carillonner à
toute volée. Je sursautai.
    « Je n’ai jamais entendu des cloches sonner aussi fort. Cela
m’a frappé tout à l’heure.
    — Elles sont beaucoup trop grosses pour le clocher. Mais
elles possèdent une histoire intéressante. À l’origine elles se trouvaient dans
l’ancienne cathédrale de Toulouse.
    — Pourquoi les avoir transportées ici ?
    — Elles sont venues ici par le chemin des écoliers. La
cathédrale a été détruite au cours d’une razzia arabe il y a huit cents ans. Les
cloches ont été alors prises en trophée. On les a retrouvées à Salamanque, lorsque
cette ville espagnole a été reconquise pour le Christ, et offertes à Scarnsea à
la fondation du monastère.
    — Je pense quand même que des cloches plus petites vous
conviendraient mieux.
    — Nous nous y sommes habitués.
    — Je doute que ce soit jamais mon cas. »
    Il ébaucha un bref sourire mélancolique.
    « Il faut en faire grief à mes ancêtres arabes. »
    Nous parvînmes au cloître juste au moment où les moines
sortaient de l’église en procession. Le spectacle produisit sur moi une
impression qui me revient clairement à l’esprit toutes ces années plus tard. Presque
trente bénédictins en soutane noire traversaient en double file le vieux
cloître de pierre, les capuchons relevés et les bras croisés dans leurs larges
manches pour se protéger de la neige qui tombait en silence, tel un rideau, les
enveloppant peu à peu, toute la scène baignée de la lumière filtrant par les
vitraux. C’était un beau spectacle et je fus ému malgré moi.
    **
    Le frère Guy nous ramena à notre chambre, nous promettant de
venir nous chercher bientôt pour nous conduire au réfectoire. Nous secouâmes la
neige de nos manteaux, puis Mark tira son petit lit à roulettes et s’affala
dessus.
    « Comment pensez-vous qu’on a pu tuer Singleton d’un
coup d’épée, monsieur ? En se tenant en embuscade, puis en le frappant
par-derrière ? »
    Je commençai à vider ma sacoche, triant les papiers et les
livres.
    « C’est possible. Mais que faisait Singleton dans la
cuisine à quatre heures du matin ?
    — Peut-être y avait-il donné rendez-vous au moine, celui
dont il avait parlé au portier ?
    — Oui. C’est l’explication la plus plausible. Quelqu’un
a donné

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