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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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sont ceux qui viennent de l’affliction,
la grande ; et ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang
de l’Agneau.” Amen », conclut l’abbé d’une voix sonore. Puis il ferma le
Livre saint et sortit du réfectoire d’un pas solennel. Son rôti de bœuf devait
l’attendre dans sa salle à manger. Aussitôt les bavardages commencèrent tandis
que six serviteurs faisaient leur entrée et servaient la soupe. C’était un
épais et délicieux bouillon de légumes, bien épicé.
    N’ayant rien mangé depuis le petit déjeuner, je me concentrai
sur mon bol quelques instants avant de jeter un coup d’œil à Whelplay, immobile
comme une statue dans l’ombre. Par la fenêtre près de lui je vis que la neige
tombait toujours. Je me tournai vers le prieur assis en face de moi.
    « Le novice n’aura pas du tout droit à cette bonne soupe ?
    — Pas avant quatre jours. Cela fait partie de sa
pénitence de rester debout pendant toute la durée du repas. Il doit apprendre à
se bien conduire. Me trouvez-vous trop sévère, monsieur ?
    — Quel âge a-t-il ? Il paraît avoir moins de
dix-huit ans.
    — Il a presque vingt ans, même s’il ne les fait pas à
cause de son air malingre. On a dû prolonger son noviciat, car il avait du mal
à maîtriser le latin, bien qu’il possède des dons musicaux. Il aide le frère
Gabriel. Simon Whelplay a besoin d’apprendre l’obéissance. Il est puni, entre
autres, pour s’être abstenu d’assister aux offices célébrés en anglais. Quand j’inflige
une punition à quelqu’un, je lui donne une bonne leçon qu’il gardera à l’esprit
et qui servira d’exemple aux autres également.
    — V-Vous avez raison, frère Prieur ! » s’exclama
l’économe en hochant vigoureusement la tête. Il me décocha un froid sourire qui
fendit brièvement son visage poupin. « Je suis le frère Edwig, monsieur le
commissaire. L’économe. » Il posa la cuiller d’argent sur son assiette qu’il
avait vidée en cinq sec.
    « Par conséquent vous êtes chargé de répartir les fonds
du monastère ?
    — Et de les c-collecter… Et de m’assurer que les d-dépenses
ne d-dépassent pas les rentrées d’argent », ajouta-t-il. Son bégaiement ne
parvenait pas à cacher le ton suffisant de sa voix.
    « Il me semble que je vous ai croisé dans la cour tout à
l’heure. Vous étiez en train de discuter à propos de constructions, c’est bien
ça ?… Avec l’un de vos frères. » Je jetai un coup d’œil vers le grand
moine blond qui avait alors lorgné Mark avec concupiscence. Il était assis
presque en face de lui maintenant et le regardait à la dérobée, tout en évitant
ses yeux. Il accrocha mon regard, cependant, et se pencha vers moi pour se
présenter.
    « Gabriel d’Ashford, monsieur le commissaire. Je suis
sacristain et préchantre. Je m’occupe de l’église, de la bibliothèque, ainsi
que de la musique. Nous sommes obligés d’assumer plusieurs fonctions, car nous
ne sommes plus aussi nombreux que jadis.
    — En effet. Il y a cent ans vous auriez été deux fois
plus nombreux, n’est-ce pas ? Et l’église a besoin d’être restaurée ?
    — C’est bien cela, monsieur. » Gabriel se pencha
vers moi avec tant d’empressement qu’il faillit faire renverser sa soupe au
frère Guy. « Avez-vous visité notre église ?
    — Pas encore. J’ai l’intention de m’y rendre demain.
    — Nous avons la plus belle église romane de la côte sud.
Elle a plus de quatre cents ans. Elle soutient la comparaison avec les plus
belles maisons bénédictines de Normandie. Mais il y a une profonde lézarde qui
part du toit. On doit utiliser de la pierre de Caen pour que la réfection soit
en harmonie avec l’intérieur…
    — Frère Gabriel, coupa le prieur, messire Shardlake a
des choses plus sérieuses à faire que d’admirer l’architecture. Il se peut qu’elle
soit trop ornée à son goût, ajouta-t-il d’un ton plein de sous-entendus.
    — Mais la Réforme n’est pas contre la beauté
architecturale ?
    — Sauf quand les fidèles sont encouragés à adorer le
bâtiment plutôt que Dieu, dis-je. Car alors c’est de l’idolâtrie.
    — Ce n’est pas du tout ce que je veux dire, répliqua le
sacristain avec force. Seulement que dans un édifice grandiose l’œil doit être
attiré par l’équilibre des proportions, l’harmonie des lignes… »
    Le frère Edwig fît une grimace ironique.
    « Ce que veut d-dire mon

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