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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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Le prieur Mortimus serra ses lèvres minces.
    « Si je pouvais agir à ma guise, je mettrais Jérôme à la
porte dès demain pour qu’il puisse hurler ses folies dans la rue jusqu’à ce qu’on
l’enferme à la Tour, ou plus probablement à l’asile des fous de Bedlam, car c’est
là qu’il devrait se trouver. L’abbé ne le garde que parce qu’il a besoin de la
protection de son cousin, sir Edward. Vous connaissez le lien de parenté entre
Jérôme et la feue reine ? » J’opinai du chef. « Mais ça, ça
dépasse les bornes. Il doit partir. »
    Je levai la main, secouant la tête.
    « Je ne prends pas au sérieux les divagations d’un
dément. » Je perçus alors un net soulagement autour de la table. Je
baissai la voix afin que seuls les obédienciers puissent m’entendre. « Je
souhaite que le frère Jérôme reste ici, au cas où je voudrais l’interroger. Dites-moi,
a-t-il aussi gratifié messire Singleton de ce genre de propos ?
    — Oui, répondit sans ambages le prieur. Dès qu’il est
arrivé ici le frère Jérôme l’a accosté dans la cour et l’a qualifié de parjure
et de menteur. Le commissaire Singleton a répliqué sur le même ton en le
traitant de suppôt de Rome et de fils de putain.
    — Parjure et menteur. Voilà des insultes plus précises
que celles dont il m’a agoni. Que pouvait-il bien vouloir dire ?
    — Dieu seul sait ce que veulent dire les fous. »
    Le frère Guy se pencha en avant.
    « C’est peut-être un dément, monsieur le commissaire, mais
il n’aurait jamais été capable de tuer messire Singleton. Je l’ai soigné. Son
bras gauche a été déboîté pendant une séance de torture et les ligaments
déchirés. Sa jambe droite ne vaut guère mieux et il perd facilement l’équilibre,
comme vous avez pu le constater. S’il peut à peine se tenir debout, comment
pourrait-il manier une arme pour trancher la tête d’un homme ? J’ai déjà
traité les effets produits par la torture officielle, en France, ajouta-t-il un
ton plus bas, mais jamais en Angleterre. Il paraît que c’est nouveau.
    — La loi le permet lorsqu’une très grave menace pèse sur
l’État », rétorquai-je, piqué. Je vis le regard de Mark posé sur moi et j’y
lus de la déception et de la tristesse. « Bien que ce soit toujours regrettable,
soupirai-je. Mais pour revenir au malheureux Singleton, si le frère Jérôme est
peut-être trop infirme pour tuer, il a pu avoir un complice.
    — Non, monsieur, jamais, c’est impossible ! »
Les dénégations fusèrent en chœur. Je ne vis que de la peur sur le visage des
obédienciers, le refus d’être impliqué dans un meurtre et dans un acte de
trahison, et d’en encourir le terrible châtiment. Mais les hommes, me dis-je, savent
dissimuler leurs véritables pensées. Le frère Gabriel se pencha à nouveau vers
moi, son mince visage rongé d’inquiétude.
    « Monsieur, personne ici ne partage les croyances du
frère Jérôme. Il nous porte préjudice. Nous souhaitons seulement mener notre
vie de prière en paix, dans la fidélité au roi et en respectant les formes du
culte qu’il a prescrites.
    — En cela mon frère parle au nom de tous, ajouta l’économe
d’une voix forte. Je dis amen à cela. » Un chœur d’amen s’éleva autour de
la table.
    Je remerciai d’un signe de tête.
    « Mais il n’empêche que le commissaire Singleton est bel
et bien mort. Alors qui d’après vous l’a assassiné ? Frère économe ? Frère
prieur ?
    — Des gens v-venus du monde ext-térieur, répondit le
frère Edwig. Il allait à un rendez-vous et il les a dérangés. Des sorcières, des
adorateurs du diable. Ils sont entrés pour profaner notre église, dérober notre
relique, et ils sont tombés sur le pauvre Singleton et l’ont tué. La personne
qu’il devait rencontrer, quelle qu’elle soit, a été effrayée par le tumulte.
    — Messire Shardlake a suggéré que le meurtre a peut-être
été perpétré à l’aide d’une épée, ajouta le frère Guy. Mais il n’est guère
probable que de telles gens portent des armes, de peur qu’on les repère. »
    Je me tournai vers le frère Gabriel. Il poussa un profond
soupir et passa les mains dans les mèches éparses au-dessous de sa tonsure.
    « La disparition de la main du bon larron, cette relique
des plus saintes du calvaire de Notre-Seigneur, est une tragédie ! Je
tremble à la pensée de l’abominable usage que le voleur peut en

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