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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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des
verrues, sourit nerveusement et me fit un salut. Ayant travaillé dur ils
dégageaient tous deux une odeur fétide.
    « Bonjour, monsieur », dit Bugge d’un ton mielleux.
On lui avait sans doute ordonné de me traiter avec déférence.
    « Quel temps atroce !
    — Oui-da, monsieur. L’hiver est arrivé tôt une fois de
plus.
    — Puisque je tombe sur vous, j’aimerais vous poser
quelques questions à propos de vos rondes nocturnes. »
    Il acquiesça d’un signe de tête et s’appuya sur sa pelle.
    « On fait deux rondes par nuit dans toute l’enceinte, à
neuf heures et à trois heures et demie. Soit moi, soit David que voici, on fait
un tour complet, en vérifiant chaque porte.
    — Et le portail ? Est-il verrouillé la nuit ?
    — Chaque soir à neuf heures. Et rouvert à neuf heures du
matin, après prime. Quand le portail est fermé, pas un chien ne pourrait entrer
ici.
    — Ni un chat », précisa le jeune gars. Il avait un
regard perçant. Il avait beau être laid, il n’était pas idiot.
    « Les chats peuvent grimper, suggérai-je. Ainsi que les
hommes. »
    Une touche d’agressivité apparut sur le visage du portier.
    « Pas un mur de douze pieds, c’est impossible. Vous l’avez
vu, monsieur, il est à pic. Personne ne pourrait l’escalader.
    — Le mur est intact tout autour du monastère ?
    — Sauf à l’arrière. Il est éboulé par endroits mais
là-bas il donne directement sur les marécages. Personne ne peut les passer à
gué, surtout la nuit. Des gens ont fait un faux pas et se sont enfoncés
complètement dans la boue… Ploc !
    — Si personne ne peut entrer, pourquoi donc faites-vous
des rondes ? »
    Il se pencha tout près. Son haleine nauséabonde me fît
reculer, mais cela ne parut pas le gêner.
    « Il y a des pécheurs, monsieur. Même ici. » Il
prit le ton de la confidence. « La discipline s’était beaucoup relâchée du
temps de l’ancien prieur. Quand le prieur Mortimus est arrivé, il a donné l’ordre
de faire des rondes de nuit et qu’on lui indique immédiatement le nom de
quiconque n’était pas dans son lit. Et c’est ce que je fais. Sans peur et sans
lamoindre faveur. » Il eut un sourire satisfait.
    « Et la nuit où le commissaire Singleton a été assassiné ?
Avez-vous remarqué quelque chose suggérant que quelqu’un avait pu entrer par
effraction ?
    — Nenni, monsieur, répondit-il en secouant la tête. Je
jure que tout était normal entre trois heures et demie et quatre heures et
demie, puisque j’ai effectué cette ronde moi-même. J’ai vérifié comme d’habitude
que la porte extérieure qui donne accès à la cuisine était fermée. J’ai vu le
commissaire, cependant. » Il hocha la tête d’un air important.
    « Oui, c’est ce qu’on m’a dit. Où était-ce ?
    — Durant ma ronde, je traversais le cloître quand j’ai
vu quelque chose bouger. Alors j’ai appelé. C’était le commissaire, tout
habillé.
    — Que faisait-il dehors à cette heure-là ?
    — Il m’a dit qu’il avait rendez-vous avec quelqu’un, monsieur. »
Il sourit, ravi qu’on lui prête attention. « Il m’a dit que si je
rencontrais l’un des frères qui disait avoir rendez-vous avec lui, je devais le
laisser passer.
    — Par conséquent, il avait bien un rendez-vous en vue !
    — Je le crois. Et, de plus, il n’était pas très loin des
cuisines.
    — Quelle heure était-il ?
    — Quatre heures un quart, je dirais. C’était presque la
fin de ma ronde. »
    Je désignai du menton la grande masse derrière moi.
    « L’église est-elle fermée à clef la nuit ?
    — Non, monsieur. Jamais. Mais, comme d’habitude, j’en ai
fait le tour à l’extérieur avant ma ronde dans le cloître, et tout était normal.
Puis je suis rentré chez moi à quatre heures et demie. Le prieur Mortimus m’a
donné une petite pendule, dit-il avec fierté, et je vérifie toujours l’heure. J’ai
dormi un peu, tandis que David montait la garde. Et j’ai été réveillé à cinq
heures par un raffut de tous les diables.
    — Donc, le commissaire Singleton avait rendez-vous avec
un moine. Il semble par conséquent que l’atroce crime commis ici il y a une
semaine soit bien l’œuvre d’un moine. »
    Il hésita.
    « J’affirme que personne n’a pénétré dans le monastère
par effraction. C’est tout ce que je sais. C’est impossible.
    — Pas impossible, mais improbable, d’accord, acquiesçai-je.
Merci, maître

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