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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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de voir l’église… et le frère Gabriel. »
Je partis sous le regard anxieux de l’abbé, tandis que l’économe examinait sa
comptabilité en partie double.
    **
    Comme je traversais la cour du cloître, je ressentis une
envie pressante. La veille, le frère Guy m’avait désigné les lieux d’aisances. Il
existait un raccourci pour gagner le cabinet situé dans la salle d’eau derrière
le dortoir, en sortant par l’arrière de l’infirmerie puis en passant par une
cour.
    Je traversai la salle de l’infirmerie puis ressortis dans la
cour. Celle-ci était fermée sur trois côtés. Une rigole couverte coulait sous
une petite maison de bains contiguë à l’infirmerie, continuant jusque sous la
salle d’eau afin d’évacuer les eaux usées des deux. Je ne pus qu’admirer l’ingéniosité
des bâtisseurs des monastères. Rares étaient les maisons particulières, même à
Londres, jouissant d’un tel système, et je pensais parfois avec inquiétude à ce
qui arriverait lorsque la fosse de vingt pieds de profondeur située dans mon
jardin finirait par être pleine.
    Des volailles couraient en gloussant dans la cour où la plus
grande partie de la neige avait déjà été balayée. Deux cochons regardaient
par-dessus la clôture d’une porcherie de fortune. Alice était en train de les
nourrir, déversant un seau de soupe dans leur auge par-dessus la barrière. Je
me dirigeai vers elle. Mes besoins naturels pourraient attendre un peu.
    « Vous avez beaucoup de travail, à ce que je vois. Les
porcs en plus des malades… »
    Elle sourit poliment.
    « Oui, monsieur. Une servante n’est jamais au bout de
ses peines. »
    Je jetai un œil dans la porcherie, me demandant si on pouvait
cacher quelque objet dans la paille et la boue, mais à l’évidence ces animaux
poilus à la peau brune l’auraient déterré avec leur groin. Ils pouvaient manger
une soutane ensanglantée mais pas une épée ni une relique. Je jetai un regard à
l’entour.
    « Je ne vois que des poules. Vous n’avez donc pas de coq ? »
    Elle secoua la tête.
    « Non, monsieur. Le pauvre Jonas est mort. C’est lui qui
a été tué devant l’autel. C’était un bel oiseau. Ça me faisait rire de le voir
se pavaner de façon grotesque.
    — Oui, ce sont de vrais pitres. On dirait des roitelets
qui paradent et font les fiers devant leurs sujets. »
    Elle sourit.
    « C’est exactement comme ça qu’il était. Ses petits yeux
méchants me défiaient quand j’approchais. Il battait des ailes avec colère en
poussant des cris aigus, mais c’était de l’esbroufe. Un pas de trop de ma part,
et il faisait demi-tour et s’enfuyait » À ma grande surprise ses grands
yeux bleus s’emplirent de larmes et elle baissa la tête. À coup sûr, elle était
dotée d’un cœur à la fois tendre et solide.
    « Cette profanation est un acte absolument atroce, dis-je.
    — Le pauvre Jonas. » Elle se secoua et prit une
profonde inspiration.
    « Dites-moi, Alice. Quand avez-vous remarqué sa
disparition ?
    — Le matin où l’on a découvert le meurtre. »
    Je parcourus la cour des yeux.
    « Il n’y a pas moyen d’entrer ici sauf par l’infirmerie
ou la salle d’eau derrière le dortoir ?
    — En effet, monsieur. »
    Je hochai la tête. C’était là une autre preuve que le
meurtrier était venu de l’intérieur du monastère et connaissait la disposition
des lieux. Un brusque mouvement de mon intestin m’avertit que je ne devais pas
traîner. À contrecœur, je pris congé d’Alice et me précipitai vers la salle d’eau.
    **
    Je n’avais jamais vu de cabinets d’aisances de moines. À l’école
de Lichfield, on plaisantait beaucoup sur ce que les moines y faisaient, mais
ceux de Scarnsea étaient on ne peut plus banals. Les murs de pierre de la
longue salle étaient nus et il faisait sombre à l’intérieur, les rares fenêtres
étant placées très haut. Un banc percé d’ouvertures circulaires courait tout le
long d’un mur et à l’extrémité du local se trouvaient trois cabines privées réservées
aux obédienciers. Je me dirigeai vers elles, passant devant deux moines assis
sur le banc commun. Le jeune moine que j’avais rencontré à la comptabilité
était là. Le moine assis à côté de lui se leva et me fit un salut gauche, réajustant
sa soutane tout en se tournant vers son voisin.
    « Vas-tu passer ici toute la matinée, Athelstan ?
    — Laisse-moi tranquille, j’ai la

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