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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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colique. »
    J’entrai dans l’une des cabines, poussai la targette et m’installai
avec soulagement. Quand j’eus terminé je restai assis, écoutant l’eau de la
rigole bruisser beaucoup plus bas. Je repensai à Alice. Si le monastère fermait,
elle perdrait son emploi. Je me demandai ce que je pourrais faire pour elle. Peut-être
l’aider à trouver quelque chose en ville. Cela m’attristait qu’une telle femme
ait échoué dans un endroit de ce genre, mais elle devait être issue d’une
famille pauvre. Comme la mort d’une volaille l’avait rendue malheureuse ! »
J’avais été tenté de lui prendre le bras pour la consoler. Je secouai la tête
en constatant ma faiblesse. Après ce que j’avais dit à Mark…
    Un bruit me tira brusquement de ma rêverie. Je redressai
vivement la tête et retins mon souffle. Quelqu’un se déplaçait à pas feutrés
devant la cabine, mais j’avais perçu le son mat du cuir effleurant la pierre. Mon
cœur cognait dans ma poitrine. Je me réjouis que le sens du danger m’ait fait
éviter les embrasures des portes. Rattachant mes chausses, je me relevai en
silence tout en saisissant mon poignard. Je me penchai en avant et appuyai l’oreille
contre la porte. Quelqu’un respirait de l’autre côté. Quelqu’un se tenait tout
contre la porte.
    Je me mordis la lèvre. Le jeune moine avait dû déjà repartir.
Il se pouvait que je sois seul dans la salle d’eau avec l’homme posté de l’autre
côté de la porte. J’avoue que j’étais terrifié à l’idée que l’assassin de
Singleton puisse m’attendre comme il avait guetté mon prédécesseur.
    La porte de la cabine s’ouvrait vers la salle. Je tirai la
targette avec d’infinies précautions avant de me reculer et de flanquer un coup
de pied dans la porte de toutes mes forces. Un cri d’effroi se fit entendre au
moment où la porte s’ouvrit d’un seul coup, révélant le frère Athelstan. Il
avait effectué un bond en arrière et battait des bras pour garder l’équilibre. Une
vague de soulagement m’envahit lorsque je constatai qu’il ne tenait rien à la
main. Les yeux exorbités, il me regardait avancer sur lui, mon poignard à la
main.
    « Que faisiez-vous là ? m’écriai-je. Je vous ai
entendu ! »
    Il hoqueta, sa pomme d’Adam saillante montant et descendant.
    « Je ne vous voulais aucun mal, monsieur ! J’allais
frapper, je le jure ! »
    Il était blanc comme un linge. J’abaissai mon arme.
    « Pourquoi ? Que voulez-vous ? »
    Il jeta un regard anxieux à la porte du dortoir.
    « Il fallait que je vous parle en secret, monsieur. Quand
je vous ai vu entrer j’ai attendu qu’on soit seuls.
    — De quoi s’agit-il ?
    — Pas ici, je vous en prie, dit-il d’un ton pressant. Quelqu’un
pourrait nous déranger. S’il vous plaît, monsieur, pouvez-vous m’attendre à la
brasserie le plus tôt possible ? Elle se trouve à côté des écuries. Personne
n’y travaille ce matin. » Je scrutai son visage. Il semblait sur le point
de s’évanouir. « Très bien. Mais je serai accompagné de mon assistant.
    — Bien sûr, monsieur, bien sûr… » Le frère
Athelstan se tut au moment où la haute silhouette svelte du frère Jude apparut,
venant du dortoir. Il s’éclipsa. Le pitancier, qui s’accordait sans doute une
pause au milieu de l’élaboration des délicieux menus des moines, me lança un
drôle de regard. Il me fit un salut et pénétra dans une cabine dont il poussa
violemment la targette. Je me rendis alors compte que je tremblais comme une
feuille des pieds à la tête.

11
    J e me
rassérénai en prenant plusieurs profondes inspirations avant de retourner à l’infirmerie
en toute hâte. Mark était assis à une table de la cuisine. Alice était revenue
et lavait la vaisselle tout en lui parlant. Elle paraissait gaie et détendue, sans
la réserve qu’elle avait gardée avec moi. Je ressentis une pointe de jalousie.
    « Vous accorde-t-on des moments de loisir ? lui
demandait-il.
    — Une demi-journée par semaine. Si nous n’avons pas trop
de travail, le frère Guy me permet parfois de prendre toute une journée. »
    Ils se retournèrent en m’entendant entrer précipitamment.
    « Mark, il faut que je te parle. »
    Il me suivit dans notre chambre et je lui fis part de la
façon dont le frère Athelstan m’avait abordé.
    « Accompagne-moi tout de suite. Prends ton épée. Il n’a
pas l’air dangereux, c’est une sorte de petite fouine,

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