Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
Vom Netzwerk:
apparences. Même si je dois avouer que la première fois où je l’ai
vu j’ai été interloqué. »
    Elle éclata de rire, découvrant des dents blanches régulières.
    « Moi aussi, monsieur. J’ai cru que c’était une tête
sculptée dans le bois devenue soudain vivante. J’ai mis des semaines à voir en
lui un homme comme les autres. Et il m’a beaucoup appris.
    — Vous aurez peut-être un jour l’occasion d’utiliser
vous-même ces connaissances. Je sais qu’à Londres il y a des femmes
apothicaires. Mais ce sont surtout des veuves, et vous vous marierez sans aucun
doute. »
    Elle haussa les épaules.
    « Un jour, peut-être.
    — Mark m’a dit que votre promis est mort. J’en suis
désolé.
    — Oui », fit-elle lentement. La lueur de vigilance
reparut dans ses yeux. « Maître Poer semble vous avoir raconté beaucoup de
choses sur moi.
    — Nous… Eh bien ! comme vous vous en doutez, nous
devons en apprendre le plus possible sur tous ceux qui vivent ici. » Je
lui fis un sourire que j’espérais rassurant.
    Elle se leva et s’approcha de la fenêtre. Quand elle se
retourna, ses épaules s’étaient raidies et elle semblait avoir pris une
décision.
    « Monsieur, si je vous fournissais certains
renseignements, resteraient-ils confidentiels ? J’ai besoin de garder mon
emploi ici.
    — Oui, Alice. Vous avez ma parole.
    — Les clercs du frère Edwig ont affirmé avoir, sur votre
demande, apporté tous les livres de comptes actuels.
    — En effet.
    — Mais ce n’est pas exact, monsieur. Il manque celui qu’avait
pris le commissaire Singleton le jour de sa mort.
    — Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
    — Parce que tous ceux qu’ils ont apportés sont marron. La
couverture de celui sur lequel travaillait le commissaire était bleue.
    — Vraiment ? Comment le savez-vous ? »
    Elle hésita.
    « Vous ne révélerez à personne que c’est moi qui vous l’ai
dit ?
    — Oui, je le promets. J’aimerais que vous me fassiez
confiance, Alice.
    — Eh bien !… Le jour de la mort du commissaire
Singleton, j’étais allée en ville l’après-midi pour effectuer quelques
emplettes. Sur le chemin du retour je suis passée devant le jeune assistant de
l’économe, le frère Athelstan, et le commissaire. Ils se trouvaient sur le
seuil de la porte de la comptabilité.
    — Le frère Athelstan ?
    — Oui. Le commissaire Singleton tenait dans ses mains un
grand registre bleu et était en train d’apostropher Athelstan. Il n’a pas jugé
bon de baisser le ton au moment où je passais. » Elle fit un petit sourire
narquois. « Après tout, je ne suis qu’une servante.
    — Et que disait-il ?
    — « Il croyait pouvoir me le cacher, dissimulé dans
son tiroir ? » Je me rappelle ses paroles. Le frère Athelstan a
bredouillé qu’il n’avait pas le droit de fouiller dans le bureau privé de l’économe
pendant son absence, mais le commissaire a rétorqué qu’il avait le droit d’aller
où bon lui semblait et que livre jetait un jour nouveau sur les comptes de l’année.
    — Qu’a alors répondu le frère Athelstan ?
    — Rien. Il était terrorisé et avait l’air d’un chien qu’on
a jeté par la fenêtre. Le commissaire Singleton a dit qu’il allait étudier le
registre, puis il s’est éloigné à grands pas. Je me rappelle son air de
triomphe. Le frère Athelstan n’a pas bougé pendant quelques instants. Puis il m’a
aperçue. Alors il m’a foudroyée du regard avant de rentrer dans le bâtiment en
claquant la porte.
    — Et vous n’avez plus entendu parler de l’incident ?
    — Non, monsieur. La nuit tombait tout juste… Plus tard j’ai
appris que le commissaire était mort.
    — Merci, Alice. Ces renseignements me seront sans doute
utiles. » Je me tus un instant, la fixant attentivement. « Au fait, maître
Poer m’apprend que vous avez eu des ennuis avec le prieur… »
    L’air hardi réapparut.
    « Au début, il a essayé de tirer parti de ma position
inférieure. Aujourd’hui, ce n’est plus un problème.
    — Fort bien. Vous parlez franchement, Alice. Je vous en
sais gré. Je vous en prie, si vous pensez à quelque chose qui puisse faire
avancer mon enquête, n’hésitez pas à venir me voir. Si vous avez besoin de ma
protection, comptez sur moi. Je vais me mettre en quête du livre manquant, en m’abstenant
soigneusement de signaler que c’est vous qui m’en avez parlé.
    — Merci, monsieur. Et maintenant,

Weitere Kostenlose Bücher