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Dissolution

Dissolution

Titel: Dissolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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abbatiale afin de m’entretenir
avec Goodhaps. Le vieux clerc était une fois de plus occupé à boire en
solitaire dans sa chambre. Je ne lui dis pas que le novice Whelplay avait été
empoisonné, seulement qu’il avait été très malade, mais cela ne sembla guère l’intéresser.
Je lui demandai s’il savait quelque chose sur le livre de comptes qu’avait
étudié Singleton juste avant sa mort. Singleton, me répondit-il, lui avait
uniquement annoncé avoir réussi à soutirer à la comptabilité un nouveau registre
qui lui serait utile, espérait-il. Le vieil homme marmonna d’un ton amer que
Robin Singleton n’était pas très bavard et ne se servait de lui que pour
piocher dans les livres. Je le laissai à son vin.
    Un vent froid et mugissant s’était levé, me traversant comme
une lame sur le chemin de l’infirmerie. Tandis que les cloches carillonnaient
de nouveau à toute volée pour annoncer les vêpres, je ne pus m’empêcher de
songer que quiconque savait quelque chose était en danger : le vieux
Goodhaps, Mark, ou moi. Le meurtre de Whelplay avait été perpétré de manière
froide et impitoyable et aurait bien pu ne jamais être découvert si, grâce à ma
description de la posture et des gestes bizarres de Simon, le frère Guy n’avait
pas pensé à la belladone. Il se pouvait qu’on eût affaire à un fanatique, mais
ce n’était pas quelqu’un agissant sous le coup d’une impulsion. Et s’il
projetait de mettre du poison dans mon assiette ou de me faire subir le sort de
Singleton en séparant ma tête de mes épaules ? Frissonnant, je serrai davantage
mon manteau autour du cou.
    **
    Les registres étaient empilés sur le sol de notre chambre. Mark
était assis, contemplant le feu. Il n’avait pas encore allumé les bougies, mais
les flammes jetaient une lumière chatoyante sur son visage inquiet. Je m’installai
en face de lui, ravi d’avoir l’occasion de reposer ma carcasse fatiguée devant
un bon feu.
    « Mark, dis-je, nous sommes confrontés à un nouveau
mystère. » Je lui fis part de ce que le frère Guy m’avait appris. « Toute
ma vie j’ai déchiffré des secrets, mais ici ils semblent se multiplier et
devenir de plus en plus terribles. » Je me passai la main sur le front.
« Et je me reproche la mort de ce garçon. Si seulement, hier soir, j’avais
insisté pour l’interroger plus avant. Et dans l’infirmerie, quand il a courbé
son malheureux corps en agitant les mains, la seule idée qui me soit venue à l’esprit
c’est qu’il se gaussait de moi. » Je regardai tristement dans le vide, soudain
saisi de remords.
    « Vous ne pouviez imaginer ce qui allait se passer, monsieur,
dit Mark d’une voix hésitante.
    — J’étais fatigué et j’ai accepté qu’on me pousse à le
quitter. Lord Cromwell a dit à Londres que le temps pressait. Or, quatre jours
après notre départ, nous n’avons aucune réponse et un autre meurtre s’est
produit. »
    Mark se leva et alluma au feu la mèche des bougies. Je me
sentis soudain furieux contre moi-même. J’aurais dû lui donner du courage au
lieu de céder au désespoir… Mais j’étais encore sous le coup de la mort du
novice. J’espérais que son âme avait trouvé le repos auprès de Dieu. J’aurais
prié pour lui si j’avais cru que les prières pour les morts faisaient la
moindre différence.
    « Ne renoncez pas ! dit Mark avec une certaine gêne
tout en posant les bougies sur la table. On doit enquêter sur cette nouvelle
affaire concernant l’économe. Il se peut que ça nous fasse progresser.
    — Il était absent lorsque le meurtre a été commis. Mais
non, fïs-je avec un sourire contraint, je ne vais pas renoncer ! De plus, je
n’oserais pas. Il s’agit d’une mission décidée par lord Cromwell.
    — J’ai profité de votre visite de l’église pour explorer
les dépendances. Vous avez raison, ce sont des lieux très animés. Les écuries, la
forge, la crémerie sont toujours en pleine activité. Je n’ai vu aucun endroit
où l’on pourrait dissimuler de gros objets.
    — Les chapelles latérales de l’église valent peut-être
la peine d’être examinées. Et j’ai aperçu quelque chose d’intéressant sur le
chemin des marais. » Je lui parlai du reflet jaune au fond de l’étang.
« On peut facilement y jeter un objet compromettant.
    — Eh bien ! allons vérifier, monsieur ! Vous
voyez, nous avons des indices. La vérité prévaudra. »
    Je me forçai à

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